« L’IA redéfinit le paysage des conflits et de la sécurité mondiale à l’instant même où nous parlons, et ce, d’une manière que nous commençons à peine à comprendre », a déclaré Geiss en ouverture de la conférence de deux jours au siège de l’ONU à Genève.
Il a mis en garde contre le fait que le développement rapide de l’IA dépasse les efforts de régulation et souligné que la question n’est plus de savoir si elle sera utilisée dans des contextes militaires, mais comment. « Elle est déjà en cours d’utilisation », a-t-il insisté.
Les enjeux sont « extraordinairement élevés », a-t-il ajouté, précisant que l’IA dans les domaines militaire et de la défense pourrait aussi bien renforcer la sécurité qu’accroître l’instabilité, améliorer la prise de décision ou affaiblir la responsabilité, consolider le droit international ou remettre en cause ses fondements.
Soulignant que la sécurité « n’est pas un jeu à somme nulle », il a pointé le risque croissant que les technologies militaires basées sur l’IA abaissent le seuil des conflits et accroissent leur imprévisibilité.
La conférence a également marqué l’expansion de l’initiative RAISE (Table ronde sur l’IA, la sécurité et l’éthique), une plateforme multipartite soutenue par Microsoft, visant à aborder le rôle de l’IA dans la sécurité à travers un dialogue collaboratif et innovant.
S’exprimant au nom du secrétaire général de l’ONU, António Guterres, la haute représentante pour les affaires de désarmement, Izumi Nakamitsu, a rappelé que « l’intelligence artificielle transforme profondément nos modes de vie, de travail et de communication… mais une IA non régulée représente aussi des risques sans précédent ».
Elle a insisté sur le fait que « les décisions de vie ou de mort ne doivent jamais être laissées au hasard, à un algorithme ou à des intérêts privés », appelant à un contrôle humain conforme au droit international et aux principes éthiques.
Cet événement intervient après l’adoption en décembre d’une résolution historique de l’Assemblée générale des Nations unies sur l’IA dans le domaine militaire. Il réunit des experts mondiaux pour élaborer des recommandations concrètes sur la gouvernance responsable de l’IA.
« Gouverner ne signifie pas seulement restreindre… Il s’agit surtout d’établir les conditions préalables à la sécurité, à la prévisibilité, à la confiance, à la paix et à la prospérité », a conclu Geiss. (Agence ANadolu)