Évoquant les «conséquences d’une gravité exceptionnelle» que pourrait avoir cette extradition en raison de «l’état de santé et de l’âge» de Abdesselam Bouchouareb, 72 ans, la chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Aix-en-Provence a estimé que cela porterait atteinte à l’article 3 de la convention européenne des droits de l’Homme et à l’article 5 de la convention d’extradition franco-algérienne de 2019. L’Algérie réclamait depuis près de 18 mois l’extradition d’Abdesselam Bouchouareb, désormais installé dans les Alpes-Maritimes, afin qu’il exécute cinq peines d’emprisonnement de vingt ans chacune et afin de le poursuivre dans un sixième dossier d’infractions économiques et financières.
La chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Aix-en-Provence a donc suivi le réquisitoire du parquet, qui s’était opposé à cette demande d’extradition à l’audience du 5 mars dernier: «L’éloignement d’Abdesselam Bouchouareb, gravement malade, ferait courir à celui-ci, si ce n’est un risque de vie, (un risque) de déclin rapide et irréversible de son état de santé», avait estimé l’avocat général, Raphaël Sanesi de Gentile.
Conseil de l’Algérie, Me Anne-Sophie Partaix avait-elle estimé que les autorités judiciaires avaient, le 13 février, «donné les garanties nécessaires» à la justice française: «Abdesselam Bouchouareb a volé de l’argent aux Algériens, il a été condamné et doit répondre de ses actes», avait-elle insisté, sans succès donc.
«L’aspect politique (de cette demande d’extradition) crève les yeux, si on envoie Abdesselam Bouchouareb en Algérie, c’est pour y mourir», avait plaidé son avocat, Me Benjamin Bohbot, évoquant deux anciens premiers ministres et plusieurs membres du gouvernement condamnés en 2020 à de lourdes peines de prison. Me Bohbot a toujours présenté son client comme une victime des «purges» de l’après-Bouteflika, contraint à la démission par le mouvement populaire de contestation du Hirak, en avril 2019.
afp