Depuis le début de son second mandat, le 20 janvier, le président américain annonce régulièrement de nouvelles taxes sur les produits entrant aux Etats-Unis, parfois déjà entrées en vigueur (avec la Chine), parfois repoussées à une date ultérieure pour les Canadiens, les Mexicains ou encore des produits spécifiques comme l'acier, l'aluminium, plus tard les médicaments, l'automobile... Il accuse notamment les pays de l'Union européenne - qui exporte plus vers les Etats-Unis que l'inverse - de se comporter de manière «injuste» avec son pays. Donald Trump critique notamment le niveau de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), payée par les consommateurs dans les pays européens, qu'il a assimilée à un droit de douane supplémentaire sur les produits américains.
En visite lundi à la Maison-Blanche, Emmanuel Macron a tenté d'adoucir l'humeur de son homologue vis-à-vis du bloc européen. «Notre volonté c'est qu'il y ait une concurrence juste», «équitable», entre «nos industries», «des échanges plus fluides et encore davantage d'investissements» de part et d'autre de l'Atlantique, a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse commune à la Maison Blanche. Les discussions se poursuivront «entre nos ministres, nos équipes, pour clarifier les sujets qui doivent l'être» sur le plan commercial, a-t-il ajouté. «J'espère l'avoir convaincu», a affirmé ensuite le président français, dans une interview avec la chaîne américaine Fox News. «La TVA [de 20% en France, NDLR] n'est pas un droit de douane», a-t-il notamment souligné.
«Ce n'est vraiment pas le moment d'augmenter les droits de douane, a-t-il enchaîné. Pourquoi? Parce que l'urgence c'est d'augmenter nos dépenses en matière de défense et de sécurité. Comment voulez-vous qu'on le fasse si on est en guerre commerciale?» Une grande part de la rencontre entre Donald Trump et Emmanuel Macron a en effet porté sur la guerre en Ukraine, trois ans jour pour jour après le début de l'invasion russe. Emmanuel Macron a aussi affirmé sur Fox News avoir dit à son homologue que ce dernier ne pouvait «pas mener une guerre commerciale contre la Chine et l'Europe en même temps». Lundi, un entretien bilatéral a aussi eu lieu à Washington au niveau des ministres des Finances, l'américain Scott Bessent et le français Eric Lombard. Scoot Bessent a, à cette occasion, «souligné l'importance de poursuivre la longue relation transatlantique entre la France et les Etats-Unis», selon un communiqué de l'administration américaine.
La menace de droits de douane est encore plus tangible pour les voisins directs des Etats-Unis: le Canada et le Mexique. Au cours d'une conférence de presse avec Emmanuel Macron, le président Donald Trump a affirmé que les droits de douane qu'il souhaite leur imposer seraient appliqués «selon le calendrier prévu». La présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a espéré pour sa part, en conférence de presse à Mexico, parvenir à un accord avant la fin de la semaine pour éviter de voir les produits mexicains surtaxés à compter du 4 mars.
Donald Trump avait annoncé la mise en place de droits de douane de 25% sur tous les produits canadiens et mexicains avant de faire volte-face début février, quelques heures avant leur entrée en vigueur, en accordant un sursis de 30 jours aux deux pays. «Nous devons être capables de faire face à l'imprévisibilité du président Trump», a déclaré de son côté la ministre canadienne des Affaires étrangères, Melanie Joly. «Nous devons être conscients que la menace de droits de douane est réelle, et pourrait durer un moment», a-t-elle ajouté, affirmant avoir eu des «retours positifs de nombreux responsables américains sur ce que nous avons fait» pour répondre à l'exigence américaine de mieux sécuriser leur frontière commune. (AFP)