Haut-Karabagh: l`urgence d`un règlement de conflit

  10 Avril 2016    Lu: 1968
Haut-Karabagh: l`urgence d`un règlement de conflit
Par Patricia Lalonde:

Si l`éclatement d`un conflit est toujours une très mauvaise nouvelle, celui du Haut Karabagh arrive au plus mauvais moment et risque d`enflammer toute la région du Caucase Sud.

Ce conflit "gelé" risque de servir de "proxi war" ou guerre par procuration entre la Turquie soutien de l`Azerbaidjan, la Russie qui cherche à affaiblir une ancienne république soviétique devenue trop rebelle et indépendante, grâce à son pétrole et l`Iran qui ne veut pas de conflit avec son voisin.

Rappelons quelques faits: le Haut Karabagh s`est déclaré "République indépendante" à la suite d`un référendum contesté en septembre 1991, ni reconnu par les autorités azerbaidjanaises et par les azéris ni par la communauté internationale après des années d`un conflit meurtrier qui a jeté sur les routes des millions de réfugiés, des déplacés que les autorités de Bakou doivent gérer au quotidien; souvenons-nous du massacre de la ville de Khojali ou plus d`un millier de résidents ont été fait prisonniers: 613 personnes ont été tuées dont 106 femmes et 63 enfants.

Les Nations Unies n`ont pas reconnu cette auto-proclamation et plusieurs résolutions des Nations Unies, du Parlement Européen et de l`OSCE ont au contraire reconnu l`intégrité territoriale de l`Azerbaïdjan demandant à l`Arménie de rendre non seulement les territoires occupés du Haut Karabagh mais également ceux au-delà des frontières du HK illégalement occupés.

Les nombreux réfugiées/déplacés a Bakou, dans les camps de la ville de Saatli n`ont tous qu`une idée en tête: retourner vivre dans le Haut Karabagh, retrouver leurs cultures, leurs terres fertiles, la beauté des paysages, et évidemment retrouver leurs proches: le nombre de disparus du conflit reste impressionnant.

La souffrance des familles a duré prés de 20 ans. La femme réfugiée est une illustration de cette partie de la population azérie, dont la population a été bouleversée par la guerre Arménie/Azerbaïdjan: des gens blessés dans leurs corps et dans leurs cœurs mais qui ont réussi, malgré toutes les difficultés, à rebâtir leur vie loin de chez eux.

Il est important de rappeler que les Azéris sont à 80% musulmans, que l`Azerbaïdjan est un pays laïc, certes pas tout a fait démocratique, mais dont la contrepartie est une politique volontaire en matière de défense du droit des femmes et des minorités, ce qui est essentiel dans le contexte actuel de recrudescence d`un islamisme radical dans la région du Caucase Sud.

C`est pour cela que la réunion du groupe de Minsk (France, Etats-Unis, Russie) a été programmée en urgence afin d`essayer de mettre fin à cette escalade et d`obtenir dans l`immédiat un cessez-le-feu.

Il faut espérer que l`intérêt général l`emportera sur les spéculations géopolitiques de chacun, mettant au second plan le rôle des puissants lobbies: que les russes reconnaîtront le rôle important que joue Bakou dans sa guerre contre l`islam radical dans la région... Que les Etats-Unis et la France réussiront à persuader les Arméniens qu`une négociation est nécessaire dans le cadre des Nations Unies.

Et pourquoi pas, rêvons un peu, que la société civile et particulièrement les associations de femmes du côté azéri et arménien continuent le travail de réconciliation déjà entamé depuis quelques années et qui prouve que les Arméniens et les Azéris peuvent s`entendre.

Patricia Lalonde, Secrétaire Générale de l`ONG MEWA, chercheuse à l`IPSE

www.huffingtonpost.fr/patricia-lalonde/haut-karabagh-reglement-du-conflit_b_9622044.html

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