Viol collectif en Inde : la Cour suprême annule la libération de 11 personnes

  08 Janvier 2024    Lu: 459
Viol collectif en Inde : la Cour suprême annule la libération de 11 personnes

La plus haute juridiction indienne a annulé lundi la libération de onze condamnés dans une affaire de viol collectif, ordonnant leur retour en détention d'ici deux semaines.

Les hommes, qui avaient bénéficié en août 2022 d'une libération sur recommandation d'un groupe d'experts, avaient été reconnus coupables d'avoir violé collectivement Bilkis Bano, une femme enceinte, et d'avoir tué sept membres de sa famille, dans l'État occidental du Gujarat en 2002, au cours de l'une des pires émeutes religieuses depuis l'indépendance du pays. «Leur demande de protection de leur liberté est rejetée», a déclaré lundi la Cour suprême. «Les garder en liberté ne serait pas conforme à l'État de droit», a ajouté cette instance, ajoutant que «les arguments qui font appel à l'émotion deviennent creux devant les faits».

L'actuel premier ministre indien Narendra Modi était à la tête de l'État du Gujarat au moment de ces émeutes en 2002. Narendra Modi a été accusé d'avoir fermé les yeux sur les émeutes, mais il a été blanchi en 2012, deux ans avant que son parti, le Bharatiya Janata Party (BJP), ne prenne le pouvoir au niveau national. Les hommes avaient été accueillis en héros lors de leur libération et une vidéo largement partagée en ligne montrait des proches et sympathisants les accueillant avec des friandises et des guirlandes.

Leur mise en liberté a suscité des réactions de colère dans tout le pays, d'autant plus qu'elle a coïncidé avec les célébrations du jour de l'indépendance de l'Inde, au cours desquelles Narendra Modi a parlé de la sécurité des femmes. «La libération de ces condamnés m'a privé de ma paix et a ébranlé ma foi en la justice», avait à l'époque déclaré Bilkis Bano dans un communiqué. «Mon chagrin et ma foi vacillante ne sont pas pour moi seule, mais pour toutes les femmes qui luttent pour la justice dans les tribunaux».

Le parti d'opposition au Congrès, a salué la décision de lundi, affirmant qu'elle mettait en évidence un «mépris cruel des femmes» de la part du BJP. «L'Inde ne permettra pas que l'administration de la justice dépende de la religion ou de la caste de la victime ou de l'auteur d'un crime», a déclaré son porte-parole Pawan Khera sur le réseau social X (ex-Twitter).

Par AFP


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