Le message a été lu par Hikmet Hadjiyev, assistant du président de la République et chef du Département de la politique étrangère à l’Administration présidentielle.
Le message se lit comme suit : « Chers participants à la conférence,
Mesdames et messieurs,
Je vous souhaite la bienvenue à l’occasion de l’ouverture de la conférence internationale sur le thème « Néocolonialisme : la Violation des Droits de l’Homme et l’Injustice ». Il est encourageant que 14 pays représentant différents continents, ainsi que des représentants de territoires luttant pour la justice, réunis à Bakou, aient condamné la politique coloniale qui, malheureusement, continue encore d’exister au XXIe siècle, et aient organisé un travail systématique et cohérent en vue de son élimination.
Comme vous le savez, quatre ans avant, le 25 octobre 2019, la République d’Azerbaïdjan a assumé la présidence du Mouvement des non-alignés avec le soutien unanime des pays membres du Mouvement. Le Mouvement des non-alignés, qui sert à promouvoir les valeurs humaines, regroupant 120 pays, est la plus grande organisation politique après l’Assemblée générale des Nations Unies.
Quand l’Azerbaïdjan a pris la présidence du Mouvement des non-alignés, j’ai déclaré que j'établirais mes priorités et mes activités sur les principes historiques de Bandung. L’une des questions abordées lors de la Conférence de Bandung a été la lutte contre le colonialisme. Les participants à cette conférence ont indiqué que « la soumission des peuples à l'assujettissement, à la domination et à l’exploitation étrangères constitue une négation des droits humains fondamentaux, est en contradiction avec la Charte des Nations Unies et est un obstacle à la promotion de la paix et de la coopération internationales. Le colonialisme, dans toutes ses manifestations, constitue un mal auquel il doit être mis fin rapidement ».
L’Azerbaïdjan est extrêmement préoccupé par la persistance du colonialisme au XXIe siècle et par les tendances croissantes à de nouvelles manifestations du colonialisme. Bien que près de 70 ans se soient écoulés depuis la Conférence de Bandung, il existe des pays qui poursuivent toujours le colonialisme. L’un d’entre eux et le premier est la France.
En général, la plupart des crimes sanglants de l’histoire du colonialisme de l’humanité ont été commis par la France. La France, ayant occupé des dizaines de pays en Afrique, en Asie du Sud-Est, dans le Pacifique et en Amérique latine, ayant pillé leurs richesses et soumis à l’esclavage leur peuple pendant de nombreuses années, a commis de nombreux crimes de guerre et contre l’humanité dans ces régions. L’armée française a soumis des centaines de milliers de civils au génocide en raison de leur appartenance ethnique et religieuse.
Au XXe siècle, environ 200 essais nucléaires ont été effectués par la France en Polynésie française en 30 ans, et 17 en Algérie en 6 ans. Les peuples de la Polynésie et de l’Algérie souffrent encore aujourd’hui de leurs graves conséquences. Selon les appels lancés par de nombreuses organisations, les dommages causés par les essais nucléaires devraient être évalués et des compensations appropriées devraient être versées par la France.
Plus de 1 million et demi de personnes ont été tuées par l’État français au cours des 132 années d’occupation de l’Algérie, aussi le pays est-il baptisé « le pays du 1 million et demi de martyrs ». L’ampleur et la géographie des massacres commis par l’armée française sont si grandes qu’il est difficile de les énumérer. Le Maroc, la Tunisie, le Mali, Djibouti, le Nigeria, le Tchad, le Sénégal, le Vietnam, les îles Comores, Haïti et d’autres pays ressentent même aujourd’hui les lourdes conséquences de cette occupation.
Le rapport intitulé « La France, le Rwanda et le génocide des Tutsi (1990-1994) », remis par la Commission de recherche sur les archives françaises relatives au Rwanda et au génocide des Tutsi, constituée des historiens, au Président de la République française le 26 mars 2021, souligne que la France porte des responsabilités accablantes dans le massacre de plus de 800 000 membres de la tribu Tutsi au Rwanda en 1994.
La France est également l’un des pays qui ont le plus recouru à des mines au monde. Plus de 5 millions de mines terrestres ont été enfouies seulement dans le territoire de l’Algérie. En conséquence, l’Algérie, comme l’Azerbaïdjan, occupe l’une des premières places parmi les pays les plus touchés par les explosions de mines. Dans cette liste, la France est suivie par sa proche alliée, l’Arménie. À cause des mines posées par l’Arménie dans les territoires azerbaïdjanais qu’elle avait occupés, près de 340 Azerbaïdjanais ont été victimes de mines terrestres au cours des trois dernières années seulement. Parmi eux figurent des civils. L’une des raisons qui unissent si étroitement ces deux pays, c’est leur expérience commune en matière de terrorisme des mines.
18 000 crânes appartenant aux combattants tués lors des guerres coloniales au XIXe siècle sont conservés et exposés au Musée de l’Homme à Paris. Parmi ces crânes se trouvent ceux des combattants algériens. La demande de l’Algérie de restituer ces ossements n’est toujours pas pleinement accomplie par la France. Ce genre de pensée existe dans très peu d’États au XXIe siècle.
Bien que les siècles se soient écoulés, les nouvelles méthodes honteuses du colonialisme de la France continuent aujourd’hui parce que les mentalités n’ont pas changé. Les peuples des territoires d’outre-mer réunis lors de cette conférence luttent depuis de longues années pour leur indépendance. Incapable d’abandonner l’histoire du colonialisme, la France ne respecte pas les rêves de liberté et les droits des peuples vivant hors d’Europe, dans les collectivités et territoires d’outre-mer, dans les océans Pacifique et Atlantique, et cherche à tout prix à empêcher la réalisation de ces rêves.
La situation sociale en Guyane française se dégrade, près de la moitié de la population est au seuil de la pauvreté, le chômage augmente chaque année. Les ressources naturelles y sont pillées et 90 % du territoire appartient à l’État français.
La Martinique et la Guadeloupe sont confrontées à deux grandes catastrophes. La population locale est assimilée par le biais d’installations clandestines et illégales. Dans le passé, l’utilisation du pesticide chlordécone a abouti à l’empoisonnement des écosystèmes naturels et de la population, et les autochtones en subissent encore les conséquences oncologiques.
La France refuse de reconnaître la souveraineté de l’Union des Comores sur l'île de Mayotte. Dans ses documents, le Mouvement des non-alignés soutient toujours la souveraineté incontestée de l’Union des Comores sur l’île de Mayotte.
Un référendum est organisé en Nouvelle-Calédonie sans la participation de la moitié de la population, privant ainsi le peuple calédonien du droit à l’indépendance.
La France, qui n’accepte pas la notion de minorités ethniques, interdit la langue corse. L’ONU l’a qualifié de discrimination et de violation du droit international. La France, qui mène une politique hypocrite et à double standard, tente également de se présenter comme un défenseur des minorités nationales dans notre région.
Nous observons que le racisme et l’islamophobie, parallèlement aux tendances du néocolonialisme, gagnent du terrain en France. Aujourd’hui, certaines des personnes représentées ici sont soumises à diverses formes d’oppression et de discrimination, ainsi qu’à des attaques racistes. L’autorité française, qui doit lutter contre des tendances aussi préoccupantes et dangereuses dans son pays, tentent de donner une leçon aux autres Etats et de s’immiscer dans les affaires intérieures des autres pays. Le récent retrait des troupes françaises du Mali, du Niger et du Burkina Faso a montré une fois de plus que sa politique néocolonialiste impitoyable en Afrique est condamnée à l’échec. La France, qui devrait avoir honte de son histoire de colonialisme riche en crimes sanglants, parle des prétendus nettoyages ethniques dans d’autres pays au lieu de s’excuser pour les atrocités qu’elle a commises. Ce pays abuse du statut de membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies pour mener sa propre politique partiale et non objective et se livre à des intrigues géopolitiques dans diverses régions.
L’Azerbaïdjan, en tant que président du Mouvement des non-alignés, soutient les peuples qui luttent contre le colonialisme et tentent de se libérer. Votre présence à la réunion ministérielle tenue à Bakou le 6 juillet 2023 dans le cadre de la présidence azerbaïdjanaise du Mouvement des non-alignés, puis le 22 septembre au siège de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York et aujourd’hui encore à Bakou à un événement consacré à la lutte contre le colonialisme, ses conséquences et le néocolonialisme, qui est d’une importance particulière pour l’humanité constitue un indicateur évident du soutien de l’Azerbaïdjan à cette question en tant que président du Mouvement des non-alignés.
Il est très important de porter la question de la lutte contre le néocolonialisme à l’attention de la communauté internationale sur toutes les plateformes possibles. À cet égard, l’activité de la 4e Commission de l’Assemblée Générale des Nations Unies (questions politiques et de décolonisation) devraient être ranimées encore plus.
La conférence d’aujourd’hui constitue une bonne occasion pour discuter des défis et des opportunités figurant à l’agenda mondial dans la lutte contre le colonialisme, ses conséquences et le néocolonialisme. Je crois que les discussions à mener dans le cadre de la conférence contribueront à mobiliser les efforts communs dans la lutte contre le colonialisme, à la promotion de nouvelles idées et initiatives pour le bien-être de l’humanité et à laisser « un monde libéré du colonialisme » en héritage aux générations futures.
Je vous présente mes meilleurs vœux et souhaite du succès à la conférence.
Azertac
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