Ancien vice-ministre russe des AE: Moscou ne veut pas compliquer davantage ses relations avec Bakou et Ankara

  12 Septembre 2023    Lu: 973
 Ancien vice-ministre russe des AE: Moscou ne veut pas compliquer davantage ses relations avec Bakou et Ankara

Entretien avec l'ancien vice-ministre des Affaires étrangères de Russie et ancien ambassadeur russe en République de Corée, Georgy Kunadze.

- L'Arménie amène des quantités importantes d'armes et d'équipements militaires à la frontière avec l'Azerbaïdjan. Pensez-vous que l’Arménie se prépare à une guerre à grande échelle avec l’Azerbaïdjan ?

- J'espère que nous parlons davantage d'une démonstration militaire à grande échelle.

- Les Arméniens de la région du Karabagh refusent d'accepter les produits alimentaires en provenance d'Azerbaïdjan qui leur sont fournies par l'intermédiaire du Croissant-Rouge d'Azerbaïdjan. Comment commenteriez-vous cela ?

- Je ne connais pas les conditions de fourniture de l'aide humanitaire azerbaïdjanaise à la population arménienne du Karabagh. Peut-être faudrait-il chercher ici la raison du refus de recevoir cette aide. Même si, à mon avis, le refuser semble de toute façon étrange.

- Pourquoi Erevan fait-il chanter Moscou en se tournant vers l'Occident ? D’ailleurs, les exercices militaires entre les États-Unis et l’Arménie ont déjà commencé…

- Je n'appellerai pas ça du chantage. En fin de compte, l’Arménie se trouve dans une situation désespérée : coincée dans sa « fameuse » « opération militaire spéciale » en Ukraine, la Russie est objectivement limitée dans sa capacité à fournir une assistance à l’Arménie. Et d’ailleurs, il ne veut pas compliquer davantage ses relations avec l’Azerbaïdjan et la Turkiye. Compte tenu de ces circonstances contraignantes, les tentatives de l’Arménie d’indiquer un certain « tournant vers l’Occident », comme vous le dites, sont bien entendu compréhensibles.

- Le ministère russe des Affaires étrangères a accusé l'Arménie de mesures inamicales. Nous parlons de la ratification par l'Arménie du Statut de Rome de la Cour pénale internationale, du voyage à Kiev de l'épouse du Premier ministre arménien Anna Hakobyan avec le transfert de l'aide humanitaire à l'Ukraine et de la tenue d'exercices militaires avec les États-Unis sur le territoire de l'Arménie. Quel message la Russie tente-t-elle de transmettre à son allié stratégique ?

- La Russie réagit de manière extrêmement nerveuse et douloureuse à toute mesure prise par d'autres pays à l'égard de l'Ukraine. Il est clair que M. Poutine ne se rendra en aucun cas à Erevan, mais le fait même que la possibilité d'y aller lui soit effectivement fermée ne plaît naturellement à personne à Moscou. En plus d'envoyer de l'aide humanitaire arménienne à l'Ukraine.

- Comment, à votre avis, la Russie réagira-t-elle aux actions anti-russes de l'Arménie ?

- Dans l'ensemble, je ne pense pas qu'elle réagira du tout : la Russie n'a pas le temps pour cela en ce moment. Elle serait tactiquement correcte de prétendre que rien de spécial ne s’est produit. Même si, j’en ai bien peur, nous ne pouvons pas nous passer de l’hystérie routinière des propagandistes russes.

- Quelle sera la réaction de la Russie si l'Azerbaïdjan lance une opération antiterroriste au Karabagh dans le but de détruire les restes des groupes armés illégaux arméniens ?

- Il faut encore trier les définitions. Avec qui l’Azerbaïdjan a-t-il l’intention de combattre, avec l’armée arménienne qui, comme vous le dites, est concentrée à la frontière de l’Azerbaïdjan, ou avec les forces armées arméniennes du Karabagh lui-même. Si je ne me trompe pas, l’aggravation actuelle de la situation est due à l’intention de l’Azerbaïdjan de couper ce qu’on appelle le corridor de Latchine reliant le Karabagh à l’Arménie.

Azvision.az


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