"Depuis cette date et bien que longtemps disputé avec l’Arménie, le Haut-Karabakh fait partie intégrante de l’Azerbaïdjan" (Jean-Pierre Allali)

  04 Septembre 2023    Lu: 704
 "Depuis cette date et bien que longtemps disputé avec l’Arménie, le Haut-Karabakh fait partie intégrante de l’Azerbaïdjan" (Jean-Pierre Allali)

Le magazine Tribune Juive a publié un article de Jean-Pierre Allali, vice-président de l’Association des Amis de l’Azerbaïdjan.

L'AzVision présente l'article dans son intégralité :

Le conflit endémique entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie autour de la région du Haut-Karabakh a conduit récemment certains commentateurs, notamment au sein de la communauté juive de France, à vouer aux gémonies l’Azerbaïdjan, manifestant par là-même une méconnaissance des faits historiques. Je voudrais, par le biais de cette étude, rappeler des faits avérés et des chiffres puisés aux meilleures sources.

État du Caucase, l’Azerbaïdjan, bien que sa population soit, dans une très grande majorité, musulmane (96,9% dont 75% de Chiites) est une République laïque où la religion est du domaine privé.

C’est au lendemain de la Première Guerre mondiale, le 28 mai 1918, qu’a été proclamée l’indépendance de la République Démocratique d’Azerbaïdjan qui devient ainsi le premier État démocratique et laïque du monde musulman. Le suffrage universel est instauré et le droit de vote des femmes accordé (En France, il ne le sera en 1944 !). Mais cette indépendance sera de courte durée : 23 mois. En effet, le 27 avril 1920, l’Armée Rouge annexe le territoire qui passe alors sous le joug soviétique. En 1936, naît la République Socialiste Soviétique d’Azerbaïdjan. Il faudra attendre la déroute et la désintégration de l’URSS pour que, le 30 août 1991, l’Azerbaïdjan recouvre son indépendance. Le 2 mars 1992, l’Azerbaïdjan devient membre des Nations unies.

Depuis cette date et bien que longtemps disputé avec l’Arménie, le Haut-Karabakh fait partie intégrante de l’Azerbaïdjan.

Si, de nos jours, la population du Haut-Karabakh est très majoritairement d’origine arménienne, cela n’a pas toujours été le cas. C’est à la politique tsariste russe, en application de la vieille devise romaine « Devide et impera », « Diviser pour régner », que l’on doit un changement démographique notable de la région. Alors qu’en 1823, on y recensait 15729 familles azerbaïdjanaises (79%) contre 4366 familles arméniennes (21%), l’envoi massif par les Russes d’Arméniens venus de l’Empire persan et de l’Empire ottoman, change peu à peu la donne. En 1832, les familles arméniennes représentent déjà 31% de la population. Pour la ville de Choucha, que l’Azerbaïdjan considère comme un berceau culturel du pays, le pourcentage de familles arméniennes passe, de 27,5% en 1823 à 44,9% en 1832. Et cette tendance s’accentuera jusqu’à la situation actuelle. D’autant plus que l’installation forcée des Arméniens s’est accompagnée d’un exil d’Azerbaïdjanais de cette province. On estime que de 1882 à 1920, plus de 500 000 Arméniens venus d’ailleurs se sont installés dans le Haut-Karabakh. Le recensement de 1969 donnait 121268 Arméniens (80,5%) contre 27179 Azéris (18, 1%). En 1989, on en était à 150 000 Arméniens et 30 000 Azéris. Un monument rappelant l’arrivée des Arméniens au Haut Karabakh avait été érigé à Agdere en 1978. Probablement, pour faire oublier cette présence relativement récente, il a été détruit en 1988 par les Arméniens.

En 1993, forte de sa supériorité militaire, l’Arménie a lancé une grande offensive militaire contre l’Azerbaïdjan. Le Haut-Karabakh est conquis ainsi que sept autres provinces azerbaïdjanaises. Selon la revue « Diplomatie » (2013), « L’Arménie a mené une politique de nettoyage ethnique dans les territoires azerbaïdjanais occupés, ce qui a abouti à plus d’un million de réfugiés et de déplacés. Dans ces territoires, les anciens monuments culturels, les écoles, les musées et mosquées ont été détruits, des tombes ont été profanées et des exemples du patrimoine mondial ont été rayés de la carte ».  Au moment du cessez-le-feu, au printemps 1994, l’Arménie occupe 20% du territoire azerbaïdjanais. Le Conseil de Sécurité de l’ONU condamna cette agression, exigeant, par les résolutions 822 (30 avril 1993) et 853 (29 juillet 1993) le retrait des Arméniens des territoires occupés. Sans succès. Un gouvernement du Haut-Karabakh fut alors proclamé, reconnu de facto par l’Arménie et de jure par trois États non-membres de l’ONU : L’Abkhazie, l’Ossétie du Sud-Alanie et la Transnistrie.

En septembre 2020, fort du soutien en armement sophistiqué, notamment en drones, de l’État d’Israël, devenu, au fil des ans un allié fidèle (Israël reçoit 40% de ses besoins en pétrole de Bakou), l’Azerbaïdjan reconquiert ses territoires perdus. Ce conflit, qui aura duré 44 jours se terminera en novembre 2020.

C’est en Azerbaïdjan, notamment dans la ville de Quba, que vivent la plupart des Juifs des Montagnes. Ils étaient 80 000 avant la création de l’État d’Israël où nombre d’entre eux ont choisi d’émigrer. Ils ne sont plus aujourd’hui que 20 000 mais la communauté est très dynamique, grâce essentiellement à l’action du mouvement Habad Loubavitch.

En mai 2012, s’est tenu à Paris, au Centre Culturel d’Azerbaïdjan, le Congrès Rabbinique National Français. Y participaient, notamment, le Grand rabbin de Bakou Shlomo Sigal, mais aussi Haïm Korsia, Grand rabbin de France, Michel Gugenheim, Grand rabbin de Paris, Élie Korchia, président du Consistoire Central et le rabbin Moshé Lewin, vice-président de la Conférence des Rabbins Européens (Photo). Un office de min’ha a été célébré au Centre après les travaux. Tout un symbole ! On annonce, pour novembre 2023 la tenue en Azerbaïdjan de la prochaine Conférence des Rabbins Européens.

C’est une excellente nouvelle.

Jean-Pierre Allali


Tags: Azerbaïdjan   Arménie  


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