Le président de la République d'Azerbaïdjan, Ilham Aliyev, a prononcé un discours lors de la réunion.
Discours du Président Ilham Aliyev
- Distingués Ministres,
Mesdames et Messieurs,
Chers invités,
Je vous salue à Bakou à la réunion ministérielle du Bureau de coordination du Mouvement des non-alignés.
Avec une décision unanime des pays du MNA, l'Azerbaïdjan a assumé la présidence pour 2019-2022 et, à nouveau, par décision unanime, notre présidence a été prolongée d’un an.
Durant sa présidence du Mouvement des non-alignés, l’Azerbaïdjan a ferment défendu la justice et le droit international ainsi que les intérêts légitimes des États membres conformément aux « principes de Bandung.
Lorsque la communauté internationale était confuse quant à la manière de faire face à la pandémie de COVID-19, c’est le Mouvement des non-alignés qui a uni les efforts globaux pour contrer ce défi.
Le sommet en ligne du MNA initié par l’Azerbaïdjan au niveau des dirigeants en mai 2020 a conduit à la session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies en décembre 2020. En outre, la forte opposition du MNA au « nationalisme vaccinal » poursuivi par certains pays riches, les résolutions ultérieures des Nations Unies pour l’accès équitable et universel aux vaccins pour tous les pays témoigne du leadership de MNA dans la lutte contre le coronavirus.
Le développement institutionnel du Mouvement des non-alignés, notamment la création du Réseau parlementaire du MNA et de l'Organisation de la jeunesse du MNA respectivement en 2021 et 2022 est une autre réussite de la présidence azerbaïdjanaise. Actuellement, nous travaillons également à la mise en place de la plateforme des femmes du MNA. Avec ces actions vers la durabilité institutionnelle, nous laisserons certainement un héritage réussi aux prochains présidents.
En tant que membre responsable et actif de la communauté internationale, nous avons également dû penser à la période post-pandémique. Ainsi, l'Azerbaïdjan a organisé avec succès un autre sommet du MNA en mars sur la reprise post-pandémique à Bakou, où nous avons discuté de questions d'importance mondiale et partagé des points de vue sur une meilleure reprise post-pandémique.
Le soutien aux pays dans le besoin était une autre priorité de la présidence azerbaïdjanaise. L’Azerbaïdjan a fourni un soutien financier et humanitaire lié au COVID-19 à plus de 80 pays, dont la plupart sont les membres du MNA, soit de manière bilatérale, soit par l'intermédiaire de l'Organisation mondiale de la santé. L'Azerbaïdjan a versé une contribution volontaire d’un montant de 10 millions de dollars à l'Organisation mondiale de la santé. Nous avons également fourni des vaccins à 5 pays.
J’ai également fait part, lors du sommet de mars que je viens de mentionner, de deux appels gllobaux pour soutenir la reprise post-pandémique de l'Afrique et des petits États insulaires en développement. L’Azerbaïdjan, en tant que premier donateur, a alloué 1 million de dollars américains pour les deux appels.
Mesdames et Messieurs,
En tant que véritable défenseur du multilatéralisme et deuxième plus grande institution internationale après l'ONU, le MNA doit trouver sa propre place dans l’ordre mondial en pleine refonte. Nous devons rester fermes autour des principes de la Conférence de Bandung, faire entendre notre voix contre les cas de violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale et l'ingérence dans les affaires intérieures des États. La présence plus visible de ce mouvement dans les affaires mondiales revêt une grande importance.
Actuellement, les organisations internationales, notamment l’ONU, ne répondent pas aux attentes de l’humanité. Inévitablement, l’ONU doit passer par de sérieuses réformes. Le Conseil de sécurité de l’ONU rappelle le passé et ne reflète pas la réalité actuelle. Nous prônons l’élargissement de la composition du Conseil de sécurité pour le rendre plus représentatif et plus équitable sur le plan géographique. Je suis heureux qu’il existe aujourd’hui un consensus croissant sur cette idée dans le monde entier.
Un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU devrait être accordé au Mouvement des non-alignés. Nous sommes d’avis que les pays occupant le poste de président du MNA, de l’Organisation de la coopération islamique et de l’Union africaine devraient avoir leur siège au Conseil de sécurité de l’ONU à tour de rôle avec un droit de veto.
L’Azerbaïdjan est très préoccupé par la tendance croissante au néo-colonialisme. Le chef de l’Etat a souligné que le MNA, créé à la suite du processus de décolonisation, devrait combattre avec fermeté cet héritage honteux du passé et contribuer à son élimination complète.
Parmi les pays qui poursuivent toujours le néo-colonialisme figure la France. Les territoires administrés par la France en dehors de l’Europe sont les restes dégoûtants de l’empire colonial français. La France devrait respecter la souveraineté des Comores sur l’île de Mayotte ainsi que les droits du peuple de Nouvelle-Calédonie et des autres peuples des collectivités et territoires français d’outre-mer. Je salue les distingués représentants des collectivités et territoires français d'outre-mer qui tiendront un événement parallèle en marge de la réunion ministérielle de Bakou pour faire entendre leur juste cause et leurs aspirations à la liberté auprès de la communauté internationale.
Près de 1,5 million d'Algériens ont été tués sous le régime génocidaire français. Des crânes des combattants de la liberté algériens sont toujours conservés au musée de Paris comme trophées de guerre. C’est un acte avilissant et dégoûtant. Nous exigeons du président français Emmanuel Macron qu’il remette à l'Algérie la dépouille de ses héros.
La France, qui se présente faussement comme un défenseur des droits de l’homme et du droit international, s’ingère encore dans les affaires intérieures des autres pays. Le récent retrait des troupes françaises du Mali et du Burkina Faso a démontré une fois de plus que la politique scandaleuse de néo-colonialisme de la France en Afrique est vouée à l’échec. Malheureusement, la France tente d’imposer la même mauvaise pratique dans la région du Caucase du Sud en soutenant le séparatisme arménien dans la région du Karabagh en Azerbaïdjan et au moyen de la rivalité géopolitique, de la présence militaire étrangère et de la politique coloniale « d’orientalisme ».
La France a effectué plusieurs essais d’armes nucléaires en Algérie et dans ses territoires d'outre-mer - Polynésie française, dans le Pacifique, tout au long de la seconde moitié du XXe siècle, causant ainsi une dégradation globale de l’environnement et de graves problèmes de santé pour les communautés locales.
La France devrait s'excuser pour son passé colonial, ses crimes coloniaux sanglants et ses actes de génocide contre les pays membres du MNA en Afrique, en Asie du Sud-Est et ailleurs.
Il y a quelques jours, le roi des Pays-Bas a officiellement présenté ses excuses pour le passé colonial et l’implication de son pays dans la traite des esclaves. Nous appelons son collègue français à faire de même. Mieux vaut tard que jamais. Les excuses devant des millions de personnes que ses prédécesseurs ont colonisées, utilisées comme esclaves, tuées, torturées et humiliées ne seront pas seulement une reconnaissance de la culpabilité historique de la France mais aideront également la France à surmonter les conséquences de la profonde crise politique, sociale et humanitaire qu'elle est confrontée après le meurtre brutal d’un adolescent d’origine algérienne.
Les discours racistes et discriminatoires persistants et répandus, notamment dans les médias et sur Internet à l'encontre de certaines minorités ethniques, les discours de haine raciste des fonctionnaires et des membres des deux chambres du parlement se multiplient en France. Le meurtre d’un adolescent de 17 ans d'origine algérienne par la police française récemment est un autre signe de racisme et d'islamophobie dans ce pays. A cet égard, nous soutenons la déclaration de l’ONU dénonçant les tirs de policiers et appelant la France à s’attaquer sérieusement aux profonds problèmes de racisme et de discrimination parmi les forces de l’ordre.
La France interdit même la langue corse et n'accepte pas le concept de minorités ethniques et en même temps essaie de se présenter comme un défenseur de la minorité arménienne d’Azerbaïdjan. Ce n'est rien d'autre que de l'hypocrisie et des doubles standards.
Au lieu d'essayer de sermonner les autres, les autorités françaises devraient combattre ces tendances alarmantes dans leur propre pays.
Chers amis,
Le changement climatique, la rareté de l’eau, l’insécurité alimentaire, la migration forcée nécessitent notre attention constante. Les petits États insulaires en développement sont plus vulnérables à l’impact du changement climatique et font face à une menace existentielle. Les images horribles des catastrophes de bateaux de migrants en mer Méditerranée sont profondément alarmantes.
A mon avis, la promotion du dialogue interculturel et interreligieux doit figurer parmi nos priorités. Nous sommes préoccupés par la montée de l'islamophobie et de la xénophobie ainsi que par les tentatives d'assimiler l'islam à la violence et au terrorisme. Brûler et profaner le Saint Coran au Danemark, aux Pays-Bas, en Suède et le justifier sous le couvert de la liberté d'expression est totalement irresponsable et inadmissible et doit être condamné.
Mesdames et Messieurs, durant la présidence azerbaïdjanaise du Mouvement des non-alignés (MNA), le moment le plus significatif et le plus mémorable pour le peuple azerbaïdjanais a été la victoire historique de la Guerre patriotique. En 2020, l'Azerbaïdjan a vaincu l'Arménie sur le champ de bataille et mis fin à 30 ans d'occupation arménienne. L'Arménie, en tant que pays occupant, a été obligée de signer l'acte de capitulation. Donc, l'Azerbaïdjan a rétabli son intégrité territoriale et la justice historique et a lui-même appliqué quatre résolutions adoptées en 1993 par le Conseil de sécurité de l'ONU. Cette victoire de l'Azerbaïdjan est le triomphe du droit international et de la justice.
Il y a 30 ans, l'Arménie occupait près de 20% des territoires internationalement reconnus de l'Azerbaïdjan et a perpétré un nettoyage ethnique à la fois en Arménie et dans les territoires occupés de l'Azerbaïdjan. En conséquence, plus d'un million d'Azerbaïdjanais sont devenus des réfugiés et des personnes déplacées à l'intérieur du pays. En 1992, l'Arménie a brutalement assassiné 613 Azerbaïdjanais, dont 106 femmes et 63 enfants, dans la ville de Khodjaly uniquement en raison de leur appartenance ethnique.
Après la libération de nos territoires, l'Azerbaïdjan est maintenant confronté à un certain nombre de défis énormes. Nous avons été choqués par l'ampleur des destructions dans les territoires anciennement occupés. Les villes et villages azerbaïdjanais ont été délibérément détruits, pillés, tous les sites culturels et religieux, les mosquées ont été profanés et pillés par l'Arménie.
L'Arménie a commis des urbicides, des culturicides et des écocides dans les territoires qu’elle avait occupés. 65 mosquées sur 67 dans les anciens territoires occupés ont été détruites et celles qui restent ont été utilisées comme étables pour garder les cochons et les vaches, ce qui est une insulte à tous les musulmans du monde.
60 000 hectares de forêts ont été détruits, abattus et emportés, nos sols et nos rivières ont été pollués et contaminés.
L'Arménie continue de provoquer une catastrophe environnementale transfrontalière le long de la frontière avec la République autonome du Nakhtchivan. Ce faisant, l'Arménie viole ses engagements découlant de la Convention de 1991 sur l'évaluation de l'impact sur l'environnement dans un contexte transfrontière (Convention d'Espoo), qui stipule clairement que les pays concernés doivent mener des consultations pour éviter un impact transfrontalier négatif.
L'Azerbaïdjan figure parmi les dix pays les plus pollués par les mines au monde. Environ 300 Azerbaïdjanais ont été tués ou blessés à la suite d'explosions de mines après la fin de la Seconde guerre du Karabagh, depuis le novembre 2020. Chaque explosion de mine dans les territoires libérés de l’occupation est une continuation de la longue liste des crimes de guerre commis par l'Arménie. Le problème des mines terrestres est une violation des droits humains fondamentaux du peuple azerbaïdjanais par l’Arménie. Après sa capitulation en 2020, l’Arménie a continué à produire une quantité massive de mines terrestres et à les faire passer en contrebande dans la région du Karabagh en Azerbaïdjan jusqu’à l’établissement du poste de contrôle frontalier de Latchine.
Les mines terrestres ralentissent le processus de reconstruction et le retour des anciens déplacés internes dans les territoires libérés. A cet égard, l'Azerbaïdjan s'est fixé un objectif national de développement durable sur le déminage humanitaire. De plus, l'Azerbaïdjan soutient les efforts de déminage humanitaire à l'échelle mondiale et a proposé de lancer le déminage en tant que 18e objectif de développement durable.
Je suis convaincu que les États membres du Mouvement des non-alignés soutiendront ma proposition de former un groupe de pays touchés par les mines partageant les mêmes idées pour faire entendre notre voix dans le monde entier.
L'Arménie doit également faire preuve de transparence et de coopération totales pour identifier le sort de près de 4 000 Azerbaïdjanais portés disparus à la suite de la Première guerre du Karabagh, qui ont été torturés, tués et enterrés dans des fosses communes.
Malgré tous ces défis, l'Azerbaïdjan mène avec succès des travaux de reconstruction à grande échelle dans les territoires libérés de 10 000 kilomètres carrés à partir de zéro avec ses propres ressources financières.
Peu de temps après la fin du conflit, l'Azerbaïdjan a présenté cinq principes de base pour la signature d'un traité de paix avec l'Arménie sur la base de la reconnaissance mutuelle de la souveraineté et de l'intégrité territoriale.
Bien que l'Arménie ait dû reconnaître le Karabagh comme faisant partie de l'Azerbaïdjan, il reste encore des restes des forces armées arméniennes dans les territoires azerbaïdjanais où les soldats russes de maintien de la paix sont temporairement déployés. Si l’Arménie est vraiment intéressée à parvenir à la paix tant attendue dans la région, alors ses forces armées doivent se retirer complètement de la région azerbaïdjanaise du Karabagh. Les éléments militaires et paramilitaires arméniens sur le terrain doivent être désarmés.
L'Arménie entrave également l'ouverture du corridor de Zenguézour, qui relierait la majeure partie de l'Azerbaïdjan à la République autonome du Nakhtchivan, ce qui est un autre engagement de l'Arménie découlant de l'acte de capitulation qu'elle a signé près de trois ans avant.
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais saisir cette occasion pour exprimer ma profonde gratitude aux pays du Mouvement des non-alignés pour leur position de principe en soutenant la position juste de l'Azerbaïdjan pendant et après l'occupation. Je fais référence à deux cas spécifiques, lorsque les pays du MNA ont empêché, en 2020 et 2022, l'adoption de déclarations unilatérales et biaisées contre l'Azerbaïdjan au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies.
Je voudrais également remercier tous les États membres du Mouvement des non-alignés pour leur solidarité et leur soutien à l'Azerbaïdjan pour mener à bien sa présidence.
Je souhaite plein succès à la réunion ministérielle de Bakou du Bureau de coordination du Mouvement des non-alignés. Je suis convaincu que cette réunion restera dans les mémoires avec des discussions fructueuses et axées sur les résultats.
Merci.
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La réunion ministérielle poursuit ses travaux avec des débats. (Azertac)
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