L'AzVision présente la lettre:
La commission d’enquête de l’Assemblée Nationale qui a travaillé sur les réseaux d’influence étrangers auprès des décideurs politiques français, a omis d’examiner les opérations conduites depuis de nombreuses années par les influenceurs arméniens. Pourtant ils sont bien loin devant bon nombre d’autres États dans la réussite de la prise en compte de leurs intérêts et du partage de leurs points de vue parmi les responsables politiques français. Ainsi plusieurs résolutions soumises aux votes du Parlement ont délibérément adopté le point de vue de l’Arménie au mépris du respect des principes du Droit International, des résolutions de l’ONU ou de la constante politique étrangère de notre Nation.
Encore tout récemment un texte préparé a été soumis à la signature des principaux dirigeants du parti LR qui ont accepté de le co-signer, sans doute pour la plupart d’entre eux sans même avoir pris le temps de le lire et d’en faire l’analyse critique.
Aussi permettez-moi de vous indiquer les principaux points de ce texte qui auraient dû provoquer leur attention.
En premier lieu, la référence à une prétendue « République autodéterminée du Haut- Karabakh ».... Ce terme en droit international n’existe pas... tout comme cette « république » dont l’existence n’est reconnue par aucune Nation, pas même par l’Arménie. L’usage d’un tel terme est donc impropre car dépourvu de sens, sauf pour une minorité ultranationaliste de la diaspora arménienne, très agissante en France et qui ne cesse de vouloir influencer les milieux politiques français, comme en l’espèce cela est le cas.
Ce texte, préparé par des ultranationalistes de la diaspora arménienne, tente d’influer l’idée que l’Azerbaïdjan serait « de jure » alliée de la Russie. Dans le contexte de la guerre actuelle entre l’Ukraine et la Russie cela peut sembler habile de lier l’Azerbaïdjan à la Russie, mais la situation actuelle, ainsi que l’Histoire de ces trente dernières années, démontrent que l’inverse est plutôt vrai, à preuve l’accord de défense qui existe entre l’Arménie et la Russie dans le cadre de l’Organisation du Traité de Sécurité Collective, qui lie actuellement cinq États avec la Russie, dont l’Arménie et la Biélorussie... Les deux chefs d’États de ces Nations étant d’ailleurs parmi les très rares présents au Monde lors du récent défilé militaire organisé sur la Place Rouge à Moscou le 9 mai dernier. Pour compléter le tableau, l’Arménie est aussi l’un des très rares pays qui n’a pas condamné à l’ONU, en s’abstenant, l’invasion de l’Ukraine à compter du 24 février 2022. Le texte présente donc faussement l’Arménie comme une alliée de la politique occidentale, ce qu’elle n’est manifestement pas, ni actuellement ni au travers de son Histoire récente.
« L’affaire » du prétendu « blocus inhumain » de la partie du territoire du Karabakh peuplé d’une population d’origine arménienne est aussi une véritable manipulation dans la présentation des faits.
Si, comme cela est prétendu, un blocus avait été opéré depuis six mois à l’encontre de ce territoire, il est malheureusement vraisemblable que sa population en aurait été gravement affectée, ce qui n’est aucunement le cas. Tout le monde s’y porte bien, et y vit normalement.
Ce prétendu « blocus » se limitant en fait à un contrôle pour faire respecter l’interdiction de circulation des armements, et des minerais interdits d’importation vers l’Arménie. L’Azerbaïdjan considère, en respectant le Droit International, que les populations du Karabakh vivent sur un territoire azerbaïdjanais et sont donc soumises aux mêmes droits et aux mêmes règles que l’ensemble des citoyens de ce pays, reconnu par la Communauté Internationale.
Le principe à l’autodétermination des peuples qui est évoqué par les rédacteurs de ce texte, s’applique toujours au regard des règles des Nations que cela peut concerner, et en fonction de critères internationaux précis. C’est d’ailleurs pourquoi le référendum organisé en Crimée en 2014, pas plus que ceux organisés dans l’Est de l’Ukraine par la Russie, n’ont de valeurs juridiques au regard du Droit International. Les signataires de ce texte, qui font mine de soutenir la position ukrainienne dans ces affaires, devraient faire un parallèle avec la situation du Karabakh avant de pousser des cris d’Orphée à ce propos. Il ne peut y avoir deux poids deux mesures, au regard des règles internationales.
L’Azerbaïdjan est un État laïque, où sont présents dans la vie quotidienne des cultures multiples et de nombreux cultes – musulmans, chiites et sunnites, des chrétiens, catholiques et orientaux, des juifs – Tous sont ont la pleine citoyenneté azerbaïdjanaise et la liberté de cultes.
L’Arménie est un État dont la Constitution est ambigüe, puisque l’article 18 de cette Constitution reconnait « la Sainte Église apostolique arménienne » comme « Église nationale » ; soulignant « la mission exceptionnelle » qu’elle a dans « le développement de la culture nationale et la préservation de l’identité nationale » ! Nous sommes loin des principes régissant nos conceptions françaises de la laïcité, et il est choquant que des élus de notre République puissent se reconnaitre dans une telle conception de la laïcité en prétendant alors défendre un même modèle républicain !
Voici quelques éléments d’information et de réflexion en réponse au texte proposé à la signature des responsables du parti LR par des éléments nationalistes de la diaspora arménienne. Il est fréquent qu’ils agissent de la sorte, alimentant la défense de leurs causes par des mensonges et des outrances.
Certes, rien n’est jamais parfait, mais la propagande prend tout de suite le pas sur l’information dès qu’il s’agit de défendre des thèses nationalistes.
L’Arménie, pas plus que les populations azerbaïdjanaises qui vivent au Karabakh, ne sont menacés de disparitions ou de génocides. Nous sommes sortis de ces périodes de l’Histoire où de telles situations pouvaient résulter de l’ignorance engendrant les haines. Les Peuples aujourd’hui aspirent à la Paix et c’est à ce quoi doivent travailler les responsables politiques de nos Nations. Alimenter ces haines par la diffusion de la propagande extrémiste n’est en rien responsable. Chacun devrait mieux y réfléchir avant de signer ce qui leur est proposé par ceux qui font pression sur eux. Les intérêts électoraux de certains élus sur nos territoires ne doivent pas être à la merci des thèses extrémistes, d’où qu’elles viennent.
Jérôme LAMBERT
Président de l’Association des Amis de l’Azerbaïdjan
Membre honoraire du Parlement
Tags: Azerbaïdjan LeFigaro