L`Allemagne accélère le renvoi de demandeurs d`asile

  28 Octobre 2015    Lu: 447
L`Allemagne accélère le renvoi de demandeurs d`asile
Les premières expulsions devaient débuter ce lundi, alors que la popularité d`Angela Merkel chute dans les sondages et qu`elle subit la pression de l`aile droite de son parti.
Débordée par le flux ininterrompu de réfugiés arrivant toujours au rythme de 6 000 à 10 000 personnes par jour sur son territoire, l’Allemagne a décidé de durcir son arsenal juridique. Le Parlement vient d’adopter une modification de la législation sur l’asile politique. L’application de la réforme, qui devait entrer en vigueur au 1er novembre, a été avancée à samedi dernier. Ce lundi, de premières expulsions étaient attendues au départ de plusieurs aéroports du pays.

Dans le même temps, la popularité d’Angela Merkel est en chute libre, et l’aile droite du camp conservateur attend «des gestes». La réforme prévoit – à côté de moyens supplémentaires pour favoriser l’intégration des réfugiés – d’accélérer le renvoi des étrangers déboutés du droit d’asile.

Les «tolérés» : un statut flou

La république fédérale répugnait jusqu’à présent à expulser. Depuis le début de l’année, seuls 1 500 étrangers déboutés ont été renvoyés contre leur gré. 22 400 personnes ont bénéficié du «renvoi volontaire», pour l’essentiel des familles roms en provenance des Balkans : les migrants qui demandent à en bénéficier ne paient pas le voyage et touchent une petite indemnité.

Quantité de personnes déboutées mais jugées inexpulsables vivent dans le flou juridique du statut de «toléré», accompagné de modestes prestations sociales. En pratique, l’Allemagne n’expulse pas vers les pays en guerre. Un Afghan a peu de chances d’obtenir le statut de réfugié politique mais peu de risques d’être renvoyé là-bas : depuis 2012, dix Afghans par an en moyenne ont été reconduits dans leur pays – le plus souvent pour criminalité. Des dizaines de milliers d’autres sont «tolérés» sur le sol allemand, sans perspectives d’intégration, sans cours de langue ni permis de travail, avec le vague espoir, du côté de l’administration, de les voir un jour partir.

Pression de la CSU

Mais avec la poussée de l’extrême droite et l’engorgement des structures d’accueil, le ton s’est durci. La ministre de la Défense a promis la semaine dernière de mettre à disposition des avions militaires, «dans la limite des capacités disponibles», pour accélérer le rythme des départs forcés. «Il est urgent d’expulser les Afghans déboutés», estime le ministre bavarois de l’Intérieur, Joachim Herrmann (CSU, droite). Les Länder travaillent à l’élaboration de listes de personnes à renvoyer.

«Nous avons dressé une liste de 9 000 personnes "tolérées", vivant en foyers de réfugiés ou dans des appartements privés. De mon point de vue, il est urgent de procéder à leur expulsion, car nous avons un besoin urgent de ces logements pour ceux qui viennent vraiment de pays en guerre», explique le ministre des Affaires sociales du Land de Berlin, Mario Czaja (CDU, droite). Cette liste de 9 000 noms ne concerne que les étrangers déboutés dans la capitale.

Le SPD (centre gauche) tente un discours plus humain : «Il n’est pas question pour nous d’envoyer de nuit la police dans le logement d’une famille et de faire arrêter tout le monde. Il faut prendre en considération l’intérêt des enfants», estime ainsi le ministre des Affaires sociales de Rhénanie, Land dirigé par les sociaux-démocrates. Les familles seront prévenues à l’avance de leur expulsion. L’intervention nocturne de la police sera réservée aux hommes voyageant seuls…

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