Meta va laisser Trump revenir sur Facebook et Instagram

  26 Janvier 2023    Lu: 432
Meta va laisser Trump revenir sur Facebook et Instagram

Le géant des réseaux sociaux Meta a annoncé mercredi 25 janvier qu'il allait, dans les prochaines semaines, «mettre fin à la suspension» des comptes de Donald Trump sur Facebook et Instagram, deux ans après l'exclusion de l'ancien président américain suite à l'assaut du Capitole.

«Le public doit pouvoir entendre ce que les personnalités politiques disent afin de pouvoir faire des choix éclairés», a justifié Nick Clegg, le responsable des affaires internationales de Meta, dans un communiqué. «Mais cela ne signifie pas qu'il n'y a pas de limite à ce que les gens peuvent dire sur notre plateforme. Quand il y a un risque de préjudice dans le monde réel - un risque élevé qui justifie une intervention de Meta dans le débat public - nous agissons», a-t-il précisé.

L'ex-chef d'État américain avait été exclu du réseau social le 7 janvier 2021, alors qu'il était encore au pouvoir, pour avoir encouragé ses partisans lors de l'attaque du Congrès à Washington la veille, une décision sans précédent, imitée à l'époque par la plupart des réseaux sociaux grand public, dont Twitter. L'intéressé a réagi peu après en affirmant qu'aucun président ne devrait être exclu des réseaux sociaux. «Une telle chose ne devrait plus jamais arriver à un président en exercice, ou à toute autre personne qui ne mérite pas de sanction!», a commenté le républicain, candidat à l'élection présidentielle de 2024, sur son réseau Truth Social.

En juin 2021, Facebook avait décidé que l'exclusion durerait deux ans, et que le milliardaire républicain ne pourrait revenir que quand les «risques pour la sécurité du public» auraient «disparu». La semaine dernière, l'ancien président avait officiellement demandé à pouvoir retourner sur Facebook. Son avocat avait adressé une lettre au fondateur et président de Meta, Mark Zuckerberg, l'appelant à ne pas «réduire un candidat à la présidentielle au silence». L'homme politique avait déjà été réadmis sur Twitter le 19 novembre 2022, quatre jours après avoir déclaré sa candidature à l'élection présidentielle de 2024. Il n'a toutefois pas encore publié de message sur ce compte, communiquant principalement via sa propre plateforme, Truth Social.

Meta a pris «la bonne décision. Qu'on le veuille ou non, M. Trump est l'une des principales figures politiques du pays et il est dans l'intérêt du public d'entendre ce qu'il a à dire», a réagi Anthony Romero, le directeur de la puissante association de droits civiques ACLU Il note en outre que «certains des messages les plus choquants que Trump ait postés sur les réseaux sociaux ont servi de preuves contre lui et son administration dans le cadre de poursuites en justice.» «C'est une décision calamiteuse et irresponsable de Meta, qui va (...) alimenter la propagation de la haine et de la désinformation», a de son côté commenté le «véritable conseil de surveillance de Facebook», une association très critique du réseau social.

«Nous savons que toute décision sur ce sujet sera férocement critiquée», a souligné Nick Clegg. Le numéro deux mondial de la publicité en ligne est au cœur du débat entre les partisans d'une modération plus stricte des contenus, pour assainir les plateformes - généralement à gauche de l'échiquier politique américain - et ceux qui accusent les grandes plateformes de «censure», notamment contre les républicains, sans preuve.

Suspendre un président au pouvoir était «une décision extraordinaire, prise dans des circonstances extraordinaires», a rappelé Nick Clegg. Meta a déterminé que «le risque pour la sécurité publique avait suffisamment diminué» pour rétablir les comptes du président, mais avec les nouveaux garde-fous en place, notamment contre les récidivistes, pour dissuader de nouvelles infractions au règlement des deux réseaux sociaux.

L'entreprise avait, en effet, adopté une nouvelle grille de sanctions en 2021, après une campagne présidentielle américaine particulièrement tendue sur les plateformes et l'invasion du Capitole le jour de l'officialisation de la victoire de Joe Biden. Outre son soutien à ses partisans ce jour-là, Donald Trump martelait depuis des mois sa théorie du «Grand Mensonge» - des allégations infondées selon lesquelles la présidentielle 2020 lui aurait été «volée».

«Si M. Trump publie à nouveau des contenus transgressifs, ils seront retirés et il sera suspendu entre un mois et deux ans, selon la gravité de l'infraction», a détaillé Nick Clegg. Meta pourra ainsi freiner la propagation des messages qui ne posent pas de risques concrets mais contribuent à «saper la légitimité d'un scrutin». (AFP)


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