ONU : La Chine pourrait avoir commis des crimes contre l'humanité au Xinjiang

  01 Septembre 2022    Lu: 801
ONU : La Chine pourrait avoir commis des crimes contre l

La détention "arbitraire et discriminatoire" par la Chine de membres des Ouïghours et d'autres communautés musulmanes dans la région du Xinjiang pourrait constituer des crimes contre l'humanité, a déclaré la Haute commissaire sortante de l'Onu aux droit de l'homme dans un rapport, très attendu, publié mercredi.

Michelle Bachelet, qui a fait l'objet de critiques de la part de certains diplomates et d'activistes pour une position jugée trop conciliante avec Pékin, a dévoilé le rapport quelques minutes seulement avant la fin de son mandat de quatre ans.

"De graves violations des droits humains pourraient avoir été commises" au Xinjiang dans le cadre de la mise en oeuvre par le gouvernement chinois de "stratégies de lutte contre le terrorisme et l''extrémisme'", est-il écrit dans le document de 48 pages consécutif à la visite de Michelle Bachelet en Chine, en mai dernier, après de longs mois de négociations.

"L'étendue de la détention arbitraire et discriminatoire de membres des Ouïghours et d'autres groupes majoritairement musulmans (...) pourrait constituer des crimes internationaux, particulièrement des crimes contre l'humanité", ajoute le rapport.

Michelle Bachelet préconise au gouvernement chinois de prendre rapidement des mesures pour libérer tous ceux détenus dans ce que Pékin présente comme des centres de formation, dans les prisons et dans les centres de détention.

D'après l'enquête du Haut commissariat de l'Onu aux droits de l'homme, des éléments crédibles laissent penser que sont commises des "violations des droits de procréation via la mise en oeuvre coercitive de politiques de planification familiale depuis 2017".

Pékin est accusé par des activistes d'abus - dont du travail forcé en masse dans des camps d'internement - contre les Ouïghours, minorité ethnique musulmane composée d'environ 10 millions d'habitants dans la région du Xinjiang, dans l'ouest de la Chine.

Les Etats-Unis ont accusé la Chine de génocide.

Ces accusations ont été vigoureusement rejetées par Pékin.

La mission diplomatique de la Chine à Genève a dénoncé une "farce" orchestrée par les Etats-Unis, les pays occidentaux et des puissances anti-Chine et basée sur de fausses informations et une présomption de culpabilité.

PRESSION

En amont de la publication du rapport, l'ambassadeur de la Chine aux Nations unies a répété l'opposition de Pékin, soulignant que la Haute commissaire de l'Onu aux droits de l'homme ne devait pas interférer dans les affaires internes du pays.

"Nous savons tous très bien que le soi-disant problème du Xinjiang est un mensonge complètement fabriqué aux motivations politiques et a définitivement pour but de nuire à la stabilité de la Chine et de faire obstruction au développement de la Chine", a dit Zhang Jun aux journalistes.

"Cela ne va rien donner de bon pour personne. Cela nuit simplement à la coopération entre les Nations unies et un Etat membre", a-t-il ajouté.

Dilxat Raxit, membre du Congrès ouïghour mondial, basé à l'étranger, a déclaré que le rapport confirmait "des preuves solides d'atrocités" contre les Ouïghours mais a déploré qu'il n'aille pas plus loin.

"Je regrette que le Bureau onusien de la Haute commissaire aux droits de l'hommes n'a pas qualifié de génocide ces atrocités extrêmes en Chine", a-t-il écrit à Reuters dans un courriel.

Reuters a rapporté en juillet que la Chine avait demandé à Michelle Bachelet d'"enterrer" le rapport, selon une lettre dont l'authenticité avait été confirmée par des diplomates.

Michelle Bachelet a confirmé la semaine dernière avoir reçu une lettre chinoise signée par une quarantaine d'autres Etats, selon elle, et assuré que ses services ne cédaient pas à de telles pressions.

L'ancienne présidente du Chili, âgée de 70 ans, a prévu désormais de retourner dans son pays natal. De nombreux candidats se sont positionnés pour prendre sa succession mais aucun n'a pour le moment été choisi par le secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres - la nomination doit ensuite être approuvée par l'Assemblée générale des Nations unies.

"Franchement, publier le rapport alors qu'elle franchit la porte de sortie minimise le rapport", a déclaré à Reuters un représentant de Human Rights Watch avant que ne soit dévoilé le document. "En publiant et fuyant, elle abandonne, elle ne fait rien avec, elle le jette en quelque sorte dans la corbeille et quitte son poste", a poursuivi Kenneth Roth.

L'ONG a toutefois décrit le rapport comme révolutionnaire.

"Les victimes et leurs familles (...) voient leur persécution reconnue, et peuvent désormais se tourner vers l'Onu et ses Etats membres pour agir pour que les responsables rendent des comptes", a dit John Fisher, directeur adjoint de Human Rights Watch. (Reuters)


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