15% des fonds pour la recherche et 25% pour le marketing
Selon les cancérologues, le coût de ces médicaments n`est nullement justifié par leur investissement en recherche et développement (R&D). Au contraire, «de façon paradoxale, les prix des nouveaux produits explosent alors que le coût de leur R&D a diminué», écrivent-ils. «Alors que les anciens traitements du cancer étaient souvent issus de longs et difficiles screenings (dépistages) plus ou moins systématiques», les nouvelles molécules «visent des cibles définies a priori, et le plus souvent fournies par la recherche publique», soulignent les deux cancérologues. «Par ailleurs ces nouveaux traitements bénéficient d`autorisations de mise sur le marché (AMM) très rapides», notent-ils.
«Les comptes de l`industrie pharmaceutique eux-mêmes confirment cette faible charge, où en moyenne 15 % du chiffre d`affaires de la branche sont alloués à la R&D contre plus de 25 % pour les dépenses de marketing, et où les marges bénéficiaires annoncées excèdent 15 %», pointent également les signataires, parmi lesquels se trouvent les présidents de l`institut Curie et de l`Institut Gustave Roussy, Thierry Philip et Alexander Eggermont, ainsi que Patrice Viens, président d`Unicancer (groupe hospitalier dédié à la lutte contre le cancer).
Un risque pour un système de santé solidaire
«Des menaces réelles pèsent sur l`équité d`accès des patients aux traitements innovants des cancers, comme sur la pérennité de notre système de santé solidaire», assurent Dominique Maraninchi et Jean-Paul Vernant, s`appuyant sur la situation aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Face à ces menaces, les signataires proposent «de définir un juste prix pour les médicaments du cancer, basé sur les sommes investies par les industriels pour la R&D du produit», auquel «s`ajouterait un retour sur investissement raisonnable». Cette prise de positions intervient alors que le déficit de la Sécurité sociale en 2015 apparaît finalement moins élevé que prévu.
Les signataires préconisent également «de rendre le système d`arbitrage des prix plus démocratique et transparent, en y associant (...) des représentants des patients et des professionnels». Ces spécialistes demandent en outre «de ne plus accepter les extensions de durée des brevets que la rapidité du développement des nouvelles thérapeutiques ne justifie pas» et «d`autoriser, comme cela existe déjà pour les traitements du Sida et des infections opportunistes, l`utilisation de licences obligatoires pour les pays en développement».
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