Lors d'une réunion avec le président Vladimir Poutine à Moscou, Lavrov a déclaré que le ministère des Affaires étrangères continuait à œuvrer à la réalisation de la mission que lui a confiée le président, à savoir obtenir des garanties de sécurité juridiquement contraignantes de la part des États-Unis et de l'OTAN.
"Nous avons tenu une réunion avec la délégation américaine, puis, dans le cadre du (Conseil) Russie-OTAN, c'était à la mi-janvier, et nous avons expliqué de manière substantielle la portée de nos initiatives visant à résoudre les principaux problèmes de sécurité dans la (région) euro-atlantique.
"Ensuite, (Antony) Blinken, le secrétaire d'État américain, m'a demandé une autre réunion pour apporter des précisions supplémentaires sur certaines questions", a déclaré Lavrov.
Après la rencontre avec le chef de la diplomatie américaine, le ministère des Affaires étrangères a reçu les réponses des États-Unis et de l'OTAN, qui ont été examinées au niveau des différents organes, a poursuivi Lavrov.
"La réponse des États-Unis nous intéresse en premier lieu parce qu'il est clair qui joue le rôle principal dans le règlement de ces questions dans le camp occidental", a-t-il noté.
Selon le chef de la diplomatie russe, la réponse américaine se décline en deux parties.
La première réagit aux trois principales préoccupations de la Russie : le non-élargissement de l'OTAN, le non-déploiement d'armes de frappe près de la frontière du pays et le retour de la configuration militaire en Europe à la position de 1997, date de la signature de l'Acte fondateur Russie-OTAN, dans lequel la question de l'indivisibilité de la sécurité a été soulevée pour la première fois.
"Sur ces questions, la réponse est négative, elle ne saurait nous satisfaire. Elle dit que le droit de tout État de choisir des alliés, de rejoindre des alliés, de changer d'alliés est au-dessus de tout, et cela ne se discute pas. Nous rappelons que ce droit cimenté dans les documents internationaux est directement conditionné par l'obligation de ne pas renforcer la sécurité au détriment de l'affaiblissement de la sécurité d'autres Etats", a souligné Sergueï Lavrov.
Autre moment important, a ajouté le ministre, "aucun pays, aucun groupe de pays, aucune organisation" ne peut prétendre à une position dominante sur le territoire de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
"Nous observons les tentatives de nos collègues de l'OTAN, et celles de l'Union européenne qui se cherche une place, pour ainsi définir le développement futur de notre continent", a-t-il déclaré.
Un message aux pays de l'OSCE, remis en plus des propositions de garanties de sécurité et dans lequel il leur était demandé de bien saisir l'indivisibilité de la sécurité, est resté sans réponse, a noté Lavrov.
Au lieu de cela, le ministère a reçu "deux petits papiers" du secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, et du chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell, dans lesquels ils proposent de ne pas s'inquiéter, de poursuivre le dialogue et d'assurer une désescalade autour de l'Ukraine, a-t-il affirmé.
"C'est la négation de la norme de l'indivisibilité de la sécurité, nous allons poursuivre les efforts pour obtenir une réponse de chaque pays", a déclaré le ministre.
La deuxième partie de la réponse des États-Unis et de l'OTAN est constructive, a ajouté le ministre, car elle prévoit des mesures concrètes pour résoudre le problème des missiles terrestres à portée intermédiaire et à plus courte portée.
Elle comprend également une série de propositions visant à réduire les risques militaires, à renforcer la confiance et à assurer la transparence militaire, notamment en cessant d'organiser des exercices militaires aux frontières des deux pays et en convenant d'une distance d'approche maximale pour les navires et les avions de guerre.
"Presque toutes ces propositions sont des initiatives que la Russie a déjà suggérées auparavant", a-t-il précisé, ajoutant : "Il est clair que l'initiative sur les garanties de sécurité que nous avons présentée et que nous défendons activement, où nous avons clairement exposé nos intérêts fondamentaux, a ébranlé nos collègues occidentaux et est devenue une raison pour laquelle ils ne pouvaient plus ignorer nos nombreuses demandes précédentes".
En ce qui concerne les questions relatives à la deuxième partie, la Russie et l'Occident peuvent envisager des moyens d'aller de l'avant "mais exclusivement en maintenant notre initiative", a déclaré Lavrov, ajoutant que Moscou s'efforcera d'obtenir des réponses aux initiatives soulevées.
"Nous mettons en garde contre le fait qu'il est inadmissible que les propositions fassent l'objet de discussions interminables", a-t-il ajouté.
Interrogé par Vladimir Poutine sur les chances de parvenir à un accord, Sergueï Lavrov a répondu : "Étant le responsable du ministère des Affaires étrangères, je dois dire qu'il y a toujours une chance".
"Compte tenu de notre volonté d'expliquer notre position et d'examiner des arguments sérieux, je pense que nos perspectives ne sont pas épuisées. Les pourparlers ne peuvent pas se poursuivre à l'infini, mais à ce stade, je propose de les poursuivre et de les élargir", a-t-il déclaré.
En décembre dernier, la Russie a présenté aux États-Unis et à l'OTAN sa proposition visant à assurer des garanties de sécurité en Europe en tenant compte des intérêts du pays. Le 27 janvier, après une série d'entretiens, les États-Unis et l'OTAN ont remis au ministère russe des Affaires étrangères leurs réponses écrites à ces propositions.
AA
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