L`Ukraine et la Russie suspendent leurs liaisons aériennes
Dans la nuit de samedi à dimanche, le dernier avion de ligne parti de Moscou a atterri sur le principal aéroport de Kiev, celui de Boryspil. Depuis, aucun vol direct ne relie plus ces deux anciennes républiques soviétiques entre lesquelles voyageaient jusqu`à présent 100.000 personnes chaque mois.
Pour le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, l`Ukraine est la première responsable de cette interdiction pourtant réciproque. "A l`initiative du gouvernement ukrainien, les vols de toutes les compagnies aériennes entre la Russie et l`Ukraine ont cessé. Encore un brillant exemple de la lutte des dirigeants ukrainiens contre leur propre peuple, les trois quarts des passagers étant ukrainiens", a-t-il lancé sur sa page Facebook.
"Un acte fort", a ajouté M. Medvedev en ukrainien.
Cette suspension des vols est une nouvelle étape dans la crise que traversent les deux pays, la plus grave depuis l`indépendance, en 1991, de l`Ukraine et qui a été provoquée par l`annexion en mars 2014 de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie, suivie par un sanglant conflit avec une rébellion prorusse dans l`est de l`Ukraine.
Appuyé par les Occidentaux, Kiev estime que ce conflit est de facto une guerre avec Moscou et accuse les autorités russes d`en avoir été les instigateurs, et de soutenir militairement les séparatistes.
Dans ce contexte, l`Ukraine avait annoncé en septembre une série de sanctions contre la Russie, interdisant notamment à partir du 25 octobre sur son territoire quatre compagnies aériennes russes (Aeroflot, Transaero, Sibir et Rossia) qui effectuaient des vols en Crimée après son annexion.
Quelques jours plus tard, Moscou ripostait en annonçant la fermeture de son espace aérien à toutes les compagnies aériennes ukrainiennes, également à compter du 25 octobre.
En réaction, l`Ukraine a fini par interdire la totalité des compagnies aériennes russes, en incluant deux autres sur sa liste de transporteurs bannis, UTair et Saratov Airlines.
Un `coup aux relations familiales`
Conséquence, les voyageurs ne peuvent plus circuler entre les deux pays qu`en véhicule automobile, en train ou encore en prenant un avion faisant escale dans un autre pays, les destinations les plus pratiques étant Chisinau (Moldavie), Minsk (Bélarus) et Riga (Lettonie).
Une situation qui a désolé beaucoup d`habitants d`Ukraine et de Russie. "Je n`aurais jamais cru qu`on en arriverait là", a confié à l`AFP un un informaticien russe de 30 ans ayant pris place à bord du dernier avion ayant effectué un vol Moscou-Kiev, Aleksandre Mikhaïline.
"Cela va me compliquer la vie", a expliqué le jeune homme, habitué à faire escale à Kiev pour ses allers-retours entre Moscou et Vienne : "C`étaient les billets les moins chers et les vols les plus pratiques pour moi".
De nombreuses familles ayant des proches dans les deux pays seront également affectés. C`est le cas d`Olga Fedortchenko, une spécialiste des communications à Kiev pour laquelle il sera plus difficile de rendre visite à sa soeur et sa nièce dans la région de Nijni-Novgorod, 450 km à l`est de Moscou.
"Avant, ça prenait une journée. Je prenais l`avion du matin pour Moscou, puis un train et le soir, j`arrivais sur place. Maintenant, il faudra d`abord 14 heures de train entre Kiev et Moscou, puis encore six à huit heures de train", déplore cette jeune femme brune qui paiera en outre plus cher pour ce voyage.
"J`allais les voir deux à trois fois par an, maintenant ce sera une fois au maximum", ajoute-elle, dénonçant un "coup porté aux liaisons familiales" entre de nombreux Ukrainiens et de nombreux Russes.
"Du point de vue politique, cette décision est bonne puisque nos pays sont de facto en guerre. Mais du point du vue économique et humanitaire, ce n`est pas tout à fait correct", estime-t-elle.
A la demande de Moscou, des négociations bilatérales de dernière minute ont pourtant eu lieu à Bruxelles cette semaine, mais elles n`ont pas permis de régler ce nouveau conflit.
Selon l`agence fédérale russe de l`aviation, Rosaviatsia, les autorités russes ont alors proposé à Kiev de revenir sur la mesure d`interdiction qu`elles ont prise à condition que l`Ukraine lève ses sanctions contre les compagnies aériennes russes effectuant des vols en Crimée, ce que l`Ukraine a refusé.