Des ONG azerbaïdjanaises lancent un appel au président français

  18 Janvier 2022    Lu: 1005
  Des ONG azerbaïdjanaises lancent un appel au président français

Des organisations non gouvernementales (ONG) opérant en Azerbaïdjan ont adressé un message au président de la République française, Emmanuel Macron.

L’AzVision présente en citant l'Azertac le texte du message dans son intégralité :

Monsieur le Président,

Mme Valérie Pécresse, candidate du parti Les Républicains à l’élection présidentielle 2022 et présidente du conseil régional d’Île de France, accompagnée de Michel Barnier et Bruno Retailleau, a illégalement et clandestinement franchi le 22 décembre dernier les frontières internationales de la République d’Azerbaïdjan, reconnues par la communauté internationale, y compris par la République française, et a visité la ville de Khankendi dans la région du Karabakh en Azerbaïdjan. Ce voyage illégal est une violation flagrante des lois internationales en vigueur.

Au moment où des mesures sont prises pour signer un accord de paix, normaliser les relations entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie et instaurer la confiance entre les deux peuples, la visite illégale de Mme Pécresse et sa tentative de s’en servir comme un outil dans la campagne électorale française risquent fort d’attiser les tensions et de compromettre les efforts de la paix dans une région qui, sortie récemment d’une guerre, cherche à se reconstruire. Mme Pécresse a-t-elle besoin de cela pour mobiliser un segment de l’électorat ? Il nous semble qu’aucun enjeu de politique intérieure ne puisse justifier une démarche générant de telles conséquences. Nous condamnons donc fermement cet acte irresponsable.

Mme Pécresse et certains de ses conseillers, ainsi que des membres de la diaspora arménienne en France interviennent dans les médias et sur les réseaux sociaux en tentant de donner un aspect religieux aux dissensions entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie. Ils attribuent des motivations religieuses au peuple et à l’Etat azerbaïdjanais en proférant des propos extrêmement désobligeants. Cela constitue une incitation directe à la haine envers le peuple et l’état azerbaïdjanais et nous apparait sortir du cadre des valeurs d’honnêteté intellectuelle admises universellement. C’est pourquoi, nous sommes surpris que de tels propos soient tenus en France, pays où la tradition de respect des valeurs humaines et la séparation entre la politique et la religion constituent une pierre angulaire de l’Etat de droit. La tentative de Mme Pécresse et de certains de ses conseillers de qualifier ce conflit de religieux, ressemble fort à des prémisses d’appel à la mobilisation pour une sorte de « croisade ». Peut-on en inférer que l’État de droit inspiré par les penseurs français des Lumières soit sous la pression de l’obscurantisme ?

Mme Pécresse dit qu’en qualité de candidate elle peut aller où elle veut. Elle est bien sûr libre d'aller où elle veut et de faire campagne en France, mais aussi profiter de la libre circulation dans l’Union européenne dont la France est membre. Cependant, pour venir en Azerbaïdjan, elle aurait dû s’adresser aux autorités compétentes de l’Azerbaïdjan et solliciter une autorisation d’entrée sur le territoire national. Son passage clandestin sur le territoire azerbaïdjanais sans une telle autorisation constitue une violation flagrante de la législation azerbaïdjanaise, ainsi que des exigences de la législation nationale française et de ses engagements tant internationaux que bilatéraux.

Dans notre région, la France est avant tout un des trois coprésidents du groupe de Minsk de l’OSCE, chargé de régler le conflit qui a duré 28 ans entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. En tant que coprésident, elle a l’obligation de maintenir la neutralité entre les parties et d’appuyer les efforts de la paix. La France et l’Azerbaïdjan reconnaissent, tant sur le plan bilatéral que multilatéral, leurs frontières internationales respectives, affirment le respect mutuel de leur intégrité territoriale et développent des relations d’amitié. L’accord signé entre les deux pays le 20 décembre 1993 a pour objectif de développer l’amitié et la coopération entre nos deux pays et leur impose des obligations en conformité avec les principes et normes du droit international.

En vertu de la Constitution française, adoptée en 1958, les questions de politique étrangère relèvent de la compétence exclusive de l’Etat. Les collectivités territoriales - communes, départements, régions – ne peuvent pas se charger de la politique étrangère de l’Etat et ne peuvent pas porter atteinte à ses engagements internationaux (articles L.1115-1 et suivants du code général des collectivités territoriales). A cet égard, une circulaire (NOR/INTB1809792C) a été signée, le 24 mai 2018, par les ministres français de l'Intérieur et des Affaires européennes et étrangères.

Monsieur le Président, compte tenu des exigences de la législation nationale française, nous Vous demandons de prendre les mesures nécessaires pour prévenir de telles visites illégales et éviter que de tels cas ne se reproduisent à l’avenir.

Les signataires :

1. Toural Gandjaliyev – député indépendant

2. Etibar Aliyev – député indépendant

3. Vugar Baïramov – député indépendant

4. Zaour Sadigbeyli – juriste, France

5. Maïssé Agamirzaïeva – coordinatrice pour les Pays-Bas du Conseil de coordination des Azerbaïdjanais aux Pays-Bas et en Belgique

6. Yachar Moussaïev – Président du Conseil d’administration de l’Alliance des Azerbaïdjanais d’Allemagne

7. Rachad Ibrahim – Coprésident de la Fédération des Azerbaïdjanais de Belgique

8. Arzou Hassanova – Directrice adjointe de l’Association culturelle azerbaïdjanaise « Karabagh » à Luxembourg

9. Alimammad Nouriyev – Défenseur des droits de l’homme, président de la Fondation d’études constitutionnelles

10. Sahib Mammadov – Défenseur des droits de l'homme, président de la Ligue pour la protection des droits du travail des citoyens

11. Tchinguiz Ganizadé – Défenseur des droits de l’homme, président du Comité de la démocratie et des droits de l’homme

12. Zaour Ibrahimov – Président de l’ONG « Priorité », Centre de recherches socio-économiques

13. Gunel Safarova – Défenseur des droits de l’homme, président de l’ONG « Citoyen » recherche et développement

14. Novela Djafarova – Défenseur des droits de l’homme, présidente de la Société D. Aliyeva pour la protection des droits des femmes azerbaïdjanaises

15. Seltenet Godjamanly – Défenseur des droits de l’homme, présidente de l’ONG Défense des droits de l’homme et de la légalité

16. Hafiz Hassanov – Défenseur des droits de l’homme, président de l’ONG Droit et développement

17. Séadet Bénenyarli – Défenseur des droits de l’homme, président de l’ONG « Section nationale azerbaïdjanaise de la société internationale des droits de l’homme »

18. Fatma Settarova – Président de l’Organisation des vétérans de guerre, de travail et de forces armées de la République d’Azerbaïdjan, participante de la Deuxième Guerre Mondiale

19. Rey Karimoglou – Président de l’Association des victimes de mines en Azerbaïdjan, Vice-Président de l’Association Publique « Les vétérans de Karabakh »

20. Ramil Isguenderli – Président de l’ONG Analyse et Recherche juridiques

21. Mayis Aliyev – Président de l’ONG « Recherche des droits sociaux »

22. Khalid Kazymov – Président de l’ONG Droits de l’homme régionaux et centre des médias

23. Khanym Ahmadzadé – Présidente de l’« Association des femmes juristes »

24. Rafaïl Bedjanov – Président de l’ONG Droits de l’homme et éducation

25. Samad Vakilov – Président de l’ONG « Centre juridique Muvakkil »

26. Vussala Huseynli – Présidente de l’ONG « Femmes réformistes et innovations »

27. Chahin Djamalov – Président de la Fondation « Droits de l’homme XXIe siècle – Azerbaïdjan »

28. Rafig Ismayilov – Directeur du Centre de conseil indépendant et d’assistance « Pour la Société Civile »

29. Mehriban Zeynalova – Présidente de l’ONG d’aide aux femmes « Monde propre »

30. Kémalé Agazadé – Présidente de l’ONG « Enfants d’Azerbaïdjan »

31. Vugar Gadirov – Président de l’Organisation des jeunes réfugiés et déplacés d’Azerbaïdjan

32. Mahiré Emirhusseynova – Présidente de l’ONG « Femmes du XXIe siècle »

33. Mehriban Abdoullaïeva – Président de l’ONG « Société démocratique et défense des droits des femmes »

34. Khatiré Valiyeva – Président de l’ONG Soutien aux déplacés internes de « Khankendi »

35. Abil Zeynalov – Président de l’ONG « Soutien aux vétérans de guerre des déplacés internes »


Tags: Azerbaïdjan   France   Macron   Karabagh   Khankendi  


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