Bonduelle cultive son avance au Canada

  26 Octobre 2015    Lu: 680
Bonduelle cultive son avance au Canada
En s’implantant près des zones de production, le groupe français capte l’essentiel du marché local des légumes surgelés et en conserve.

Tabernacle ! Le grand ouest canadien est enfin colonisé. Depuis le rachat, au printemps, d’une petite usine de congélation de légumes à Lethbridge, près de Calgary (Alberta), Bonduelle est capable de servir des petits pois à la totalité des consommateurs canadiens. C’est l’acquisition tactique par excellence qui, d’un coup et pour une poignée de dollars, permet d’améliorer l’efficacité de l’entreprise et de réduire ses coûts dans cet immense pays de (seulement) 35 millions d’habitants. "Auparavant, nos produits parcouraient plus de 2.000 kilomètres en camion pour arriver jusqu’à ce grand bassin de population, qui s’est considérablement peuplé ces dernières années avec le développement de l’exploitation pétrolière", explique Daniel Vielfaure, le président de Bonduelle Amériques.

Grâce à ce site capable de transformer 22.000 tonnes de légumes frais, idéalement niché dans les contreforts des montagnes Rocheuses, Bonduelle traite des légumes locaux (essentiellement du maïs et des petits pois) sur place, et fournit la quasi-totalité des commerces de la province sous diverses marques.

Le groupe dirigé par Christophe Bonduelle détient 85% du marché canadien de légumes en conserve et surgelés avec cette efficace politique de production locale. "Nous fournissons la marque Géant vert pour le compte de son propriétaire, ainsi que notre marque de surgelés Arctic Gardens et la plupart des marques de distributeurs canadiennes", précise Daniel Vielfaure. Mieux, le groupe français va investir 170.000 euros afin de centraliser dans cette usine le conditionnement de haricots et de carottes aujourd’hui produits plus au sud du continent, en attendant d’en cultiver sur place. Il compte réaliser de substantielles économies en acheminant ici ces produits dans de grands contenants, avant de les emballer et de les expédier aux commerces de la région. De quoi doper une rentabilité déjà excellente dans ce pays. Meilleure qu’en Europe, au dire des responsables de la marque.

Le groupe nordiste insiste sur sa success story canadienne en promettant à demi-mot qu’il fera la même chose aux Etats-Unis. "Pourquoi pas une acquisition sur la côte Ouest, où nous sommes absents et que nous ne pouvons pas livrer depuis le Canada ?" demande Daniel Vielfaure. Il s’agit pour lui de saisir les opportunités de rachat d’usines à proximité des zones de culture maraîchères et des bassins de population à livre, avec la même stratégie gagnante qui consiste à limiter les coûts logistiques.

Scepticisme boursier

Ce dessein n’est pas du goût des analystes financiers, qui souhaiteraient un développement plus rapide de la société contrôlée en majorité par la famille fondatrice, mais dont 43% du capital est coté en Bourse. "Bonduelle doit faire oublier qu’il vient de rater le rachat de la marque Géant vert, mise en vente par General Mills, et que ses résultats seront moins fastes l’année prochaine", commente un analyste. En cause, l’évolution des taux de change et une campagne agricole 2015 décevante. Au lendemain de la présentation des résultats annuels, la société de Bourse Portzamparc a dégradé sa recommandation.

En attendant, à son rythme, le spécialiste des légumes va franchir les 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires, et vise 3,5 milliards d’ici à 2025. Prudemment mais sûrement, car la demande mondiale de légumes sains à prix abordable va exploser dans les prochaines -années.

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