Il y a 20 ans jour pour jour, les Etats-Unis envahissaient l’Afghanistan, en représailles aux attentats du 11 septembre 2001.
Deux décennies plus tard, c’est avec pertes et fracas, qu’ils ont été contraints de quitter Kaboul en août dernier, après le retour des Taliban à la tête du pays.
La guerre en chiffres
Il s’agit de la plus longue guerre de l’histoire des Etats-Unis au cours de laquelle près de 775 mille soldats américains ont été déployés.
Au plus fort de cette occupation, en 2011 sous la présidence de Barack Obama, pas moins de 98 mille effectifs militaires se trouvaient en Afghanistan.
Un chiffre vertigineux auquel s’ajoutent les quelques 50 mille soldats étrangers envoyés en appui par l’OTAN jusqu’en 2014.
L’armée américaine a néanmoins essuyé d’énormes pertes humaines. Les chiffres officiels font état de 2 456 soldats tués sur place et plus de 20 mille blessés.
Côté finances, la Brown University évalue à 2 260 milliards de dollars, le budget engagé par les Etats-Unis pour financer cette guerre. Un montant qui atteint 6 400 milliards de dollars en y incluant le coût des missions de renseignements, et le financement des soins des militaires touchés.
La société civile afghane durement touchée
Au cours de cette guerre, les civils afghans ont souvent payé de leurs vies. Les chiffres de l’ONU évoquent 38 mille victimes civiles tuées tandis que la Brown University affirme que ce sont plus vraisemblablement 47 mille civils, qui sont décédés.
Le dernier événement marquant reste évidemment l’attentat survenu aux abords de l’aéroport de Kaboul, le 26 août dernier, alors que plusieurs pays dont la France et les Etats-Unis procédaient à l’évacuation de leurs ressortissants. Cette attaque revendiquée par Daech a provoqué le décès de 180 personnes dont 13 militaires américains.
En représailles de cet événement, les États-Unis ont procédé à une dernière frappe sur une famille afghane, confondue avec Daech, tuant 10 personnes dont 7 enfants quelques heures avant le retrait officiel de son armée.
Des évacuations sous haute tension
Alors que les Taliban ont repris Kaboul le 15 août dernier, les puissances étrangères encore présentes en Afghanistan ont été contraintes d’accélérer les opérations de rapatriement et d’évacuation de leurs ressortissants.
Au total, ce sont environ 123 mille personnes qui ont été exfiltrées du pays entre la prise de Kaboul et le 30 août, date officielle du retrait américain.
Parmi ces citoyens protégés, figurent 5 500 américains et leurs familles.
La France a quant à elle également évacué 2 900 personnes dont une grande majorité d’Afghans ayant travaillé avec ses services diplomatiques et susceptibles d’être menacés par les Taliban. Ces évacuations françaises ont été rendues possibles par des ponts aériens mis en place avec Doha et Abou Dhabi.
Chronologie du retrait
C’est en vertu de l’Accord de Doha, signé en février 2020, que les Etats-Unis ont acté leur processus de retrait.
S’ils avaient initialement jusqu’au 1er mai 2021 pour l’achever, l’administration Biden a choisi la date du 31 août pour mettre officiellement fin à la présence américaine. Le délai supplémentaire est lié au non-respect des clauses de l’Accord par les Taliban.
Mais dès le 1er mai, ces derniers sont passés à l’offensive, reprenant le contrôle de nombreuses provinces, au fil de leur avancement.
C’est finalement le 15 août, que Kaboul tombe aux mains des Taliban, sans aucune résistance du gouvernement en place qui finit par fuir.
Analyse de l’échec
« Le dernier avion C-17 a décollé de l’aéroport de Kaboul le 30 août, à 19 h 29 GMT », écrivait le Pentagone sur les réseaux sociaux, marquant officiellement la fin de 20 longues années d’occupation.
Pour le politologue Pascal Boniface, « cette guerre s’est achevée dans la catastrophe et l’humiliation pour les Etats-Unis ».
Sur sa chaîne Youtube, le directeur de l’IRIS (l'Institut de relations internationales et stratégiques) explique que « malgré la disproportion des forces (…) l’hyperpuissance américaine a été vaincue par des milices ».
Il estime qu’il est « nécessaire de faire de bilan de ces guerres de contre-insurrection qui ont toutes été historiquement perdues » car occultant par exemple « le nationalisme sur lequel les Taliban ont capitalisé ».
« Très rapidement, les armées de libération deviennent des armées d’occupation surtout si elles ont un comportement de non-fraternisation et de non-mélange avec les populations locales » pointe Pascal Boniface.
Pour lui, face à cet échec américain « il est plus que nécessaire » que la France « réfléchisse au sens et à la pérennité de son action au Sahel ».
Avec Agence Anadolu
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