Les pays riches du G7, qui se réunissent à partir de vendredi en Angleterre, vont s'engager à distribuer aux pays pauvres un milliard de doses de vaccins anti-Covid dans l'espoir d'éradiquer la pandémie.
Cette annonce est intervenue jeudi soir, après que l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a appelé les pays européens à ne pas baisser la garde, soulignant que le niveau de vaccination étant encore trop bas pour éviter une nouvelle vague. Réunis jusqu'à dimanche dans le sud-ouest de l'Angleterre, les dirigeants de grandes puissances doivent «annoncer qu'ils fourniront au moins un milliard de doses de vaccins contre le coronavirus en partageant des doses et en les finançant», a indiqué jeudi soir le gouvernement britannique, qui assure la présidence du G7. Ils doivent également «présenter un plan pour étendre la production de vaccins afin d'atteindre cet objectif», a-t-il poursuivi. Dans ce cadre, Londres a précisé donner 100 millions de doses excédentaires provenant de différents laboratoires grâce à l'avancée de son programme de vaccination, qui a permis d'administrer près de 70 millions d'injections au Royaume-Uni.
Les États-Unis se sont engagés à fournir la moitié de ces vaccins, soit 500 millions de doses de Pfizer/BioNTech. «Notre devoir humanitaire est de sauver autant de vies que possible», a martelé le président américain Joe Biden, qui effectue sa première tournée à l'étranger. «C'est aussi dans l'intérêt des Américains». «Une fois de plus, les États-Unis ont répondu à l'appel», s'est félicité le Pdg de Pzifer, Albert Bourla, en expliquant que tous les habitants de la planète avaient le droit de se faire vacciner quelles que soient leur situation financière ou leurs origines.
L'achat de 500 millions de doses de vaccins de Pfizer/BioNTech afin d'en faire don à d'autres pays est «la plus grosse commande et donation de vaccins réalisée par un seul pays et un engagement du peuple américain à aider à protéger les populations du monde entier contre le Covid-19», a souligné l'exécutif américain.
Ces vaccins seront distribués «à 92 pays» défavorisés à travers le dispositif Covax, mis en place pour assurer une distribution équitable des vaccins. Ils commenceront à être envoyés en août, avec 200 millions de doses livrées d'ici la fin de l'année. Les 300 autres millions seront livrées d'ici juin 2022.
Avec près de 64% des adultes américains ayant désormais reçu au moins une dose, la Maison Blanche tente de se poser en leader dans la lutte planétaire contre la pandémie, qui a fait plus de 3,76 millions de morts, dont près de 600.000 aux États-Unis. Or, si une partie de la population des pays riches reprend une vie normale grâce à la vaccination, ces progrès sont encore fragiles et doivent être étendus aux pays moins favorisés.
Covax ne parvient pas à fonctionner à plein régime. Au 4 juin, le dispositif avait livré plus de 80 millions de doses dans 129 pays et territoires, bien moins que prévu. Près de 90% des pays africains manqueront l'objectif mondial de vacciner un dixième de leur population d'ici septembre, s'ils ne reçoivent pas d'urgence au moins 225 millions de vaccins, a averti jeudi l'OMS.
L'Organisation appelle les pays riches, une fois leur population vaccinée, à partager leurs stocks de vaccins avec les pays moins favorisés, afin de sauver des vies, mais aussi de permettre d'éradiquer l'épidémie au niveau mondial. Don de doses ou levée des brevets protégeant les vaccins peuvent permettre de faciliter la vaccination à travers la planète: le Parlement européen, en désaccord avec la Commission européenne, s'est prononcé jeudi pour une levée temporaire des brevets afin de développer la production.
Dans les 53 territoires que compte la région Europe selon les critères de l'OMS, 30% de la population de la région a reçu une première dose de vaccin et 17% est entièrement vaccinée.
Pourtant, alors que les pays européens allègent leurs restrictions, l'OMS les a appelé à ne pas baisser la garde. «La couverture vaccinale est loin d'être suffisante pour protéger la région d'une résurgence», a prévenu jeudi le directeur Europe de l'OMS, Hans Kluge. «Le chemin à parcourir pour atteindre une couverture d'au moins 80% de la population adulte est encore considérable», a-t-il souligné. «Nous sommes loin d'être hors de danger».
Aux ravages de la maladie s'ajoutent les conséquences catastrophiques pour l'économie des pays les plus pauvres. Ainsi, selon un rapport de l'ONU publié jeudi, neuf millions d'enfants risquent d'être contraints à travailler à cause de la pandémie, s'ajoutant aux 160 millions qui sont déjà obligés de le faire.
Dans les pays riches, les habitants retrouvent un semblant de vie normale. Arrêt quasi total du port obligatoire du masque dès le 14 juin, bars et restaurants ouverts jusqu'à minuit le 11 juin, davantage de public pour l'Euro de football: le Danemark a annoncé jeudi les dernières étapes de son plan de levée des restrictions.
Mais dans d'autres régions du monde, la pandémie continue de faire rage, notamment en Iran, qui a franchi le seuil de 3 millions de cas. Au Chili, les autorités ont décrété une nouvelle quarantaine dans la capitale Santiago, où le nombre de cas augmente bien que 57% de la population soit déjà vaccinée. (AFP)
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