Le tribunal correctionnel de Rouen a condamné lundi le groupe Renault et son usine Renault Cléon (Seine-Maritime) à 300.000 euros d'amende au total pour l'homicide involontaire d'un technicien mort des suites d'un accident en 2016.
«La SAS Renault et la SNC Renault Cléon sont reconnues entièrement responsables des faits qui leur sont reprochés», a annoncé la présidente du tribunal. À titre de peine complémentaire, le jugement devra être affiché pendant un mois à l'entrée de l'entreprise et sur les panneaux des représentants du personnel. Le groupe Renault a été condamné à une amende de 200.000 euros et la SNC Renault Cléon à une amende de 100.000 euros. «Nous sommes soulagés par ce jugement», a réagi Karim Berbra, avocat de la famille du salarié mort. «Nous sommes satisfaits que les deux sociétés aient été condamnées à la demande des parties civiles. Renault est responsable de la mort de Jérôme Deschamps. Il faut que Renault accepte le jugement et en tire des conséquences pour les salariés qui travaillent encore sur le site.» Renault et le parquet ont dix jours pour faire appel.
Cumul de fautes
À l'audience en avril, le parquet de Rouen avait requis une amende de 200.000 euros à l'encontre de l'usine mais avait laissé à l'appréciation du tribunal la décision quant au groupe lui-même. Marion Meunier, vice-procureure de la République, avait relevé «un cumul de fautes de la part de l'employeur, avec un lien de cause à effet avec le décès de» la victime Jérôme Deschamps, père de deux enfants. Le technicien était mort le 17 mars 2016 des suites d'un accident du 10 mars 2016 à l'usine de Cléon. Il avait été retrouvé inanimé, écrasé par le caisson du compartiment de séchage d'une machine à laver industrielle.
Pas d'évaluation des risques ou inattention
La magistrate du parquet avait notamment souligné que la victime n'avait pas reçu «de formation spécifique à cette machine» et une «absence d'évaluation préalable des risques». «Plusieurs témoignages disent que Jérôme Deschamps ne connaissait pas le fonctionnement de la machine. Il n'a pas été formé au fonctionnement de cette machine», avait de son côté relevé la présidente du tribunal Mélanie Petit-Delamare. L'audience s'était déroulée en présence du frère et de l'épouse de la victime, parties civiles, comme la CGT. «L'entreprise et les procédures ne sont pas en cause, selon moi. C'est une faute d'inattention», avait en revanche estimé à la barre Paul Carvalho, l'ancien directeur de l'usine. «C'est un accident dramatique, un traumatisme pour moi aujourd'hui encore», avait-il ajouté.
Par AFP