Réunis à Bruxelles, les dirigeants des Vingt-Sept ont endossé mardi le certificat sanitaire qui doit permettre une réouverture des frontières et poursuivaient leurs difficiles pourparlers sur le plan d'action de l'UE pour le climat.
Au premier jour de leur sommet, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE s'étaient rapidement accordés lundi soir sur un nouveau train de sanctions contre le Bélarus pour avoir dérouté un avion de ligne européen transportant un journaliste d'opposition.
Soucieux de coordonner la réouverture progressive de leurs frontières à l'approche de l'été, à mesure qu'avancent les campagnes de vaccination, les Vingt-Sept ont salué mardi l'élaboration d'un "certificat numérique européen Covid", appelant à sa "mise en place rapide", selon des conclusions diffusées à la mi-journée.
Eurodéputés et Etats membres s'étaient mis d'accord la semaine dernière sur ce pass commun destiné à faciliter les voyages dans l'UE à partir du 1er juillet. Il attestera qu'une personne est vaccinée contre le Covid-19, qu'elle a passé un test négatif ou qu'elle est immunisée après avoir contracté la maladie.
Les Vingt-Sept se sont aussi déjà entendus pour permettre l'entrée dans l'UE aux voyageurs de pays tiers ayant reçu les doses nécessaires de vaccins anti-Covid approuvés par les Européens.
"Le certificat sanitaire est particulièrement important pour redémarrer notre économie, avec la libre circulation des travailleurs mais aussi des touristes cet été", a souligné le Premier ministre croate Andrej Plenkovic, dont le pays est très dépendant du tourisme.
Certains Etats veulent cependant se réserver le droit d'imposer aux titulaires de ces certificats certaines mesures, comme des quarantaines, face à l'émergence de variants par exemple.
"Tout dépend de la situation sanitaire dans votre pays, et dans celle du voyageur. Cela va être complexe", a reconnu auprès de l'AFP le ministre irlandais des Affaires européennes, Thomas Byrne.
Quelque 170 millions de personnes dans l'UE (soit 46% de la population adulte) auront été vaccinées au 30 mai, selon la Commission européenne, qui vise un taux de 70% d'ici fin juillet.
- "Chacun doit faire sa part" -
Les dirigeants présentent également leurs positions sur le futur plan d'action climatique que proposera mi-juillet la Commission en vue d'atteindre la neutralité carbone du continent à horizon 2050.
Les Vingt-Sept s'étaient accordés en décembre pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dans l'UE d'au moins 55% d'ici 2030 par rapport à 1990. Ils veulent désormais fournir à la Commission des lignes directrices concrètes pour y parvenir.
Les conclusions du sommet devraient rester "concises et générales", faute de disposer d'études d'impact, "mais ce débat montrera à la Commission où se situent les Etats" par rapport au système répartissant entre les pays les efforts de réduction des émissions, souligne un diplomate.
Ce système comprend des secteurs (transports, bâtiments, agriculture, gestion des déchets...) actuellement exclus du marché des droits d'émissions carbone (ETS), lequel reste réservé aux entreprises de l'énergie et de l'industrie.
"L'Autriche soutient des objectifs ambitieux, mais nous voulons que chaque Etat membre fasse sa part", a observé mardi matin le chancelier autrichien Sebastian Kurz, qui a également rappelé --comme le Luxembourg-- sa farouche opposition au nucléaire.
- "Hautement sensible" -
Concernant les réductions d'émissions, "il s'agit d'un jeu à somme nulle, puisqu'il faut partager entre nous un effort donné. Si je diminue mon effort, on augmente celui d'un autre", commente un diplomate.
Le débat porte notamment sur les critères de cette répartition: doit-elle se fonder sur le PIB, alors que les pays les plus développés ont déjà massivement sabré leurs émissions et que les moins favorisés, dépendants d'énergies fossiles et de secteurs polluants, manquent de moyens pour investir?
"On peut élaborer un nouveau mécanisme visant à créer un marché d'émissions pour le bâtiment ou les transports, mais on ne gère pas un prix carbone pour le transport routier comme pour une usine (...) Certains Etats ont commencé à le faire, d'autres sont radicalement contre, d'autres s'interrogent sur la solidarité du dispositif", selon une source diplomatique.
Imposer des droits d'émission ou de nouvelles restrictions au transport routier et aérien, ou encore au fret maritime, "ce sont des questions hautement sensibles et on ne peut pas avoir un accord écrit là-dessus avant que la Commission n'avance ses propositions, c'est trop technique", abonde un autre diplomate.
Par AFP