La pandémie de Covid-19 qui sévit toujours dans le monde a ajouté son lot d'inquiétudes pour les femmes enceintes. Ainsi, le risque de développer une forme sévère de la maladie semble plus élevé pour les femmes qui attendent un enfant, mais ce «n'est pas une raison de paniquer», affirme une nouvelle étude.
Les femmes enceintes infectées par le Covid-19 pendant la gestation supportent beaucoup moins bien tant la grossesse que l'infection, affirment des scientifiques de l'université d'Oxford. Qui plus est, générant des complications réciproques, la grossesse et la contamination au coronavirus augmentent considérablement le risque de décès de la future mère, concluent les chercheurs à l’issue d’une étude réalisée auprès de plus de 2.100 femmes enceintes de 43 maternités dans 18 pays. Les chercheurs insistent sur le caractère unique de leur étude, étant donné que chaque femme contaminée a été comparée à deux femmes enceintes non infectées accouchant en même temps dans le même hôpital.
Les experts appellent avant tout à ne pas céder à la panique, ne pas tirer de conclusions globales ni de prendre de décisions hâtives, comme retarder une grossesse prévue ou, pire, en interrompre une.
«Je voudrais le souligner tout particulièrement: une grossesse sur fond de pandémie n'est pas une raison de paniquer. Dans leur grande majorité, les femmes enceintes vivront un accouchement normal et sain, qu'elles aient été infectées ou pas par le coronavirus», déclare à la BBC l'auteur principal de l'étude, Aris Papageorgiou, professeur de médecine fœtale à l'université d'Oxford.
«Néanmoins, le risque de mourir pendant la grossesse et la période postnatale est 22 fois plus élevé chez les femmes atteintes de Covid-19 que chez les femmes enceintes non infectées», constate l’étude.
Notamment parce que la grossesse entraîne des changements hormonaux qui font diminuer l'immunité cellulaire qui signifie que la réponse en cas d’infection à un virus ne sera pas aussi forte que chez une femme qui n’est pas enceinte.
Le coauteur de la partie «russe» de l'étude fait cependant remarquer que les décès avaient été pour la plupart enregistrés dans des régions en manque de ressources, où il est beaucoup plus difficile d'obtenir les soins médicaux nécessaires.
Risques accrus
Les résultats de l’étude, qui a été réalisée de mars à novembre 2020, mais qui vient seulement d’être publiée, diffèrent grandement de ceux rendus publics par les scientifiques il y a un an, voire six mois.
«Nous savons maintenant que les risques pour les mères et les bébés sont plus grands que ce que nous supposions au début de la pandémie», note dans l’étude l’un de ses coauteurs.
Au début, les experts de l'OMS estimaient que le nouveau coronavirus ne présentait pas de grand danger pour les femmes enceintes, à la différence de la grippe porcine, à l'origine de la pandémie de 2009. Cependant, la conclusion avait été faite lorsque le nombre de contaminations venait de dépasser 50.000, la quasi-totalité des cas étant repérés en Chine continentale.
Durant l’été, lorsque la nouvelle maladie a atteint l’ampleur d’une pandémie, les femmes enceintes infectées par le Covid-19 étaient déjà comptées par dizaines de milliers.
«Les femmes atteintes de Covid-19 pendant leur grossesse étaient plus de 50% plus susceptibles de subir des complications de la grossesse […] par rapport aux femmes enceintes non affectées» par la maladie, souligne Aris Papageorgiou dans l’étude.
Il s’est avéré en outre que les futures mères infectées étaient plus souvent placées sous ventilation mécanique et se retrouvaient cinq fois plus souvent en réanimation.
«Les nouveau-nés de femmes infectées couraient également près de trois fois plus de risques d’une complication médicale grave […], essentiellement en raison d'une naissance prématurée», ajoute Aris Papageorgiou.
La césarienne réserve quant à elle son lot de problèmes pour les bébés.
«L'accouchement par césarienne peut être associé à un risque accru d'avoir un nouveau-né infecté», note un autre professeur de médecine périnatale à l'université d'Oxford qui a codirigé l'étude.
Indication ou contre-indication?
Les auteurs de l'étude affirment que le moyen le plus fiable de protéger les futures mères est la vaccination, même si aujourd’hui, la grossesse fait partie des contre-indications.
Et bien que les femmes enceintes n'aient jamais été recrutées en qualité de volontaires pour tester les vaccins anti-Covid, les scientifiques disposent d’ores et déjà d’une quantité suffisante d’informations pour affirmer que le vaccin ne présente de danger ni pour la mère, ni pour l'enfant, conclut Aris Papageorgiou.
D’ailleurs, une étude d'incidence entre grossesse et vaccination contre le Covid-19 du Service public fédéral Santé publique, Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement de Belgique recommandait dès début mars aux femmes en désir de grossesse et enceintes de se faire vacciner.
Avec Sputnik