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Tahire Mesimzade, ancien colonel qui a fait preuve d`héroïsme durant le massacre de Khodjaly en Azerbaïdjan, n`oublie pas la barbarie dont elle a été témoin il y a 24 ans.
Le colonel femme qui a participé à la lutte armée pendant des années pour l`indépendance de l`Azerbaïdjan déplore chaque année le massacre de 613 Azéris à Hodjali.
Mesimzade qui avait été mise au courant du massacre dans le village de Khodjaly, dans le sud-ouest du pays, s`y était rendue avec ses 500 soldats armés. De ce fait, elle est comparée à Nene Hatun, une autre héroïne de l`histoire turque qui avait contribué à la résistance populaire de la province turque de Erzurum (Est) contre l`occupation russe, durant la guerre turco-russe de 1877-1878, [appelée aussi la Guerre de 93, dans le calendrier de l`hégire].
Davantage de pression était exercée sur les combattants pour l`indépendance de l`Azerbaïdjan dans la région de Karabagh, et le colonel Mesimzade s`était vue proposer de partir en Europe comme immigrée avant les événements si elle le désirait. Mais elle n`a pu se résoudre à abandonner ni l`Azerbaïdjan ni la Turquie. De ce fait, elle s`est installée avec un de ses fils à Izmir, province turque dans la région égéenne, vers la fin de l`année 1990. Ses trois autres enfants sont restés en Azerbaïdjan pour des raisons professionnelles.
Aujourd`hui, présidente de la branche féminine de l`Association de Culture et de Solidarité pour l`Azerbaïdjan d`Izmir, Mesimzade a accordé une interview à l`Agence Anadolu (AA).
Elle a déclaré avoir fait des études universitaires en Azerbaïdjan, durant l`ère soviétique, où elle a aussi reçu une formation militaire. Après avoir été diplômée, Mesimzade a rejoint l`armée comme officier, à Bakou.
Ayant rêvé d`uniforme militaire depuis son enfance, Tahire Mesimzade a affirmé: "Mes oncles étaient des résistants contre l`occupation bolchévique. Parmi eux, deux ont été détenus et ont été pendus dans des costumes militaires russes. Ce souvenir a toujours ému ma mère. Nous étions quatre soeurs et frères, mais ma mère me disais qu`elle croyait en moi pour leur rendre justice. Je pensais à `porter l`uniforme de l`Azerbaïdjan un jour et de combattre les Russes` depuis mon enfance."
L`ancien colonel a déclaré que les soldats azéris s`étaient préparés discrètement pour la lutte pour l`indépendance de leur pays vers la fin des années 1980. Pour sa part, Mesimzade a formé une équipe de 500 hommes composés d`officiers, de sous-officiers et de médecins militaires.
"Les Arméniens avaient commencé à harceler Karabagh petit à petit, narre l`ancienne militaire. Ils ont perquisitionné par surprise l`aéroport à Khodjaly. Puis ils ont massacré le village entier. Nous l`avons appris dans la nuit. Je n`ai pas dormis cette nuit, j`ai rassemblé mes soldats et leur ai dit de se décider, car moi j`y allais. Mon fils m`accompagnait, il avait alors 18 ans. Mes soldats m`ont joint. Sept parmi les 500 étaient de ma famille. Nous avons atteint la ville d`Agdam. Les habitants nous ont dit d`avancer `vers les forêts de Khodjaly où plusieurs civils avaient besoin d`aide`. À chaque fois que je raconte tout cela, je revoie à nouveau ces scènes. À chaque pas, nous voyions nos enfants la tête et le corps excoriés, les yeux creuvés, les dépouilles étaient partout... On dirait des fleurs sur la neige, on voyait du sang partout. Ils [les Arméniens] ont trompé des gens sans arme en leur disant d`avancer vers la forêt pour partir à Agdam, et c`est là-bas qu`ils ont massacré les malades, les vieux, les enfants, tout le monde."
Mesimzade raconte également le souvenir d`une scène qu`elle a découverte dans une cabane dans la forêt, après avoir été informée d`abord par un jeune blessé: "Nous avons découvert un corps décapité et monté sur un bâton. Une femme [supposée être enceinte] par terre, avec la tête de son mari dans son ventre, et les cendres d`un bébé à côté... Ce n`est que l`une des barbaries dont nous avons été témoins. En avançant... C`était un massacre et nous n`avons pas pu faire porter notre voix."
Ayant aussi participé à la défense de la ville de Shousha l`ancien colonel a rappelé que les Azéris, armés de simples fusils de chasse, faisaient face aux forces arméniennes munies des armes les plus modernes.
Mesimzade a insisté sur le fait que la tragédie survenue à Khodjaly doit être considérée comme un massacre par le monde entier.
"La même chose ne survient-elle pas de nos jours au mont Turkmène [Syrie]?, s`est-elle demandée. Même les ennemis farouches peuvent s`unir lorsqu`il s`agir de lutter contre les Turcs. Cette douleur [de Khodjaly] n`a pas été reconnue pour longtemps. Nous essayons maintenant de faire porter notre voix depuis 24 ans. Nous avons récemment commencé à pouvoir attirer l`attention. Est-ce possible d`oublier cette barbarie? Je suis une personne qui a vu les cendres d`un bébé qui n`était pas encore né ."
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