Déjà, dans la ville, nombreux sont les indices annonçant la disparition des espèces sonnantes et trébuchantes. Entre les restaurants qui refusent le paiement en argent liquide et le chauffeur de bus qui ne prend ni les pièces ni les billets, quantité de transactions sont déjà dématérialisées dans la capitale suédoise. Reportage.
«Comment ça, vous n’avez pas ça en France ? », s’étonne Fuzi, fleuriste au marché de Hötorget à Stockholm, en brandissant son terminal iZettle. Si, mais ce boîtier pour cartes bancaires, à connecter sur smartphone ou iPad, n’est pas aussi répandu qu’en Suède… « Ici, on le voit partout », assure le jeune homme. Du festival qui commercialise des tee-shirts à l’artiste qui vend ses toiles, tout le monde utilise l’iZettle.
Ne plus avoir de liquide sur soi, c’est devenu monnaie courante ici, à Stockholm. Reliée à votre compte bancaire, l’application sur smartphone Swish vous permet de faire des virements instantanés vers le compte d’un ami, d’une ONG (organisation non-gouvernementale) ou même de l’Église suédoise. De même, si vous souhaitez prendre le bus à Stockholm ou ailleurs, ne comptez pas sur un échange monétaire avec le chauffeur de bus. Il ne vend simplement pas de tickets !
À l’arrêt de bus, vous devez télécharger sur votre téléphone l’application de la société de transport SL et payer votre trajet par carte bancaire. Vous montrez l’écran de votre téléphone au chauffeur qui approuve d’un mouvement de tête. Un compte à rebours est alors lancé : votre ticket virtuel s’autodétruit au bout d’un temps estimé, selon la zone. Si vous n’avez plus de batterie, dans certains bus de Stockholm il est possible de recharger son téléphone sur les parois du véhicule, par prise USB. On a ainsi le temps de payer son ticket et on peut le présenter a posteriori.
À l’arrêt Hötorget, le supermarché Coop possède, lui, huit caisses automatiques où il n’est pas possible de payer en espèces. Seules les deux caisses tenues par des employés acceptent l’échange monétaire en pièces et billets. Il n’est pas rare qu’une file d’attente se forme à ces caisses classiques. Des résistants ?
On a le temps de reprendre le bus et de descendre à Slussen, quartier « hipster » par excellence. Au Kaffè, si vous tendez votre carte bancaire, on refuse de vous la prendre « par principe » ! Le serveur, Vladan, est catégorique : « Si l’on accepte la carte bancaire, on sera obligé de payer des taxes. Donc, d’augmenter nos prix, explique-t-il. C’est hors de question ! Ici, on est une institution avec des clients fidèles. » Et d’ajouter, frondeur : « Nous, on est contre cette société sans monnaie ! » Ça, au moins, c’est cash.
Tags: