Le rapport du Haut-commisaire français concernant les massacres des Azerbaidjanais

  22 Février 2016    Lu: 3580
Le rapport du Haut-commisaire français concernant les massacres des Azerbaidjanais
Il s’agit du rapport du haut-commissaire Français au Caucase (l’ambassadeur), Damien de Martel dont le siège était à Tbilissi à cette époque. Il l’a transmis par un télégramme au Ministre des Affaires Etrangères de France. Dans ce rapport qui est actuellement préservé dans les archives du Ministre, le Haut-commissaire démontre que 4000 civils azerbaïdjanais, y compris les enfants et les femmes, qui habitaient autour d’Erevan, la capitale de l’Arménie, ont subi des massacrés par les armées arméniennes en juin 1920.

Nous vous présentons le contenu de ce télégramme:

de Martel Commissaire au Caucase à son Excellence M. Millerand Président du Conseil Ministre des Affaires Etrangères:

Par mon télégramme N°107 du 19 de ce mois, j’ai transmis au Département la proposition du Gouvernement Arménien de procéder dès maintenant à l’occupation d’une partie tout au moins de l’Arménie Turque notamment des régions de Baiezet et d’Alachkert.

Comme je l’ai indiqué, le but que poursuivent les autorités d’Erivan consiste à chercher avant la saison d’hiver à installer dans les territoires attribués à l’Arménie reconstituée les innombrables réfugiés qui ont afflué dans ces derniers temps sur le territoire de l’Arménie Russe et qu’on peut évaluer à plus de 300 000 individus.

Pour réaliser cette opération l’Etat Major Arménien sollicite d’abord une assistance étendue des alliés en armes, en munitions et en équipements militaires. D’autre part, il propose de coordonner l’avance de ses troupes avec les opérations des alliés aux mêmes et notamment l’occupation de la ligne Baiezet-Erzéroum- Trébizonde.

La liaison éventuelle de Kémal-Pacha avec les Bolcheviques par l’Azerbaïdjan serait ainsi définitivement écartée, d’autre part, les mouvements des bandes Turques, Kurdes et Tatars (azerbaïdjanaises) opérant au Nord de cette même ligne seraient désormais paralysés.

Il ne m’appartient pas d’examiner les possibilités d’exécution de ce plan et je dois me borner à le signaler à l’attention du Département.

Pour compléter les indications contenues dans mon télégramme précité j’adresses sous ce pli à Votre Excellence copie de la lettre que m’a fait parvenir à ce sujet le représentant diplomatique d’Arménie à Tiflis.

D’autre part c’est aussi à l’exécution de ce plan que se rattachent sans doute les opérations militaires tentées actuellement par les Arméniens au Zanguézour et au Charour avec le Nakhtchevan comme objectif et dont mon télégramme N° 103 entretient Votre Excellence.

En ce qui concerne ces opérations [militaires], j’ai recueilli de témoins récemment rentrés d’Arménie quelques renseignements qui précisent la façon dont elles sont exécutées : au sud d’Erivan, à la fin de juin dernier, les troupes arméniennes ont cerné 25 villages tatares habités par plus de 40 000 musulmans. Cette population trop près de la capitale pour voir des velléités d’indépendance, avait toujours été calme et paisible ; elle fut chassée à coups de canon vers l’Arax et dut abandonner ses villages, qui furent immédiatement occupés par les réfugiés. Dans cette affaire, environ 4 000 personnes furent mises à mort, sans en excepter les femmes et les enfants, que les soldats arméniens noyaient dans l’Arax.

Il ne m’a pas paru inutile de rapporter ces détails qui montrent que ce ne sont pas toujours “les mêmes qui sont massacrés.”

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