Malgré sa peur, Kaboul veut faire tomber ses murs de béton

  27 Juillet 2017    Lu: 484
Malgré sa peur, Kaboul veut faire tomber ses murs de béton
L'emprise de la terreur sur la ville l'a flanquée d'oripeaux de béton. Malgré sa peur, Kaboul veut faire tomber ces murs qui protègent les VIP, pour redonner un peu d'espoir et de confiance à la population et désengorger la circulation.

Depuis le début du mois, le gouvernement a commencé à enlever ces milliers de T-walls - des murs anti-explosion en forme de T renversé - qui assiègent la capitale afghane, dessinent une géographie compliquée et lui confèrent des allures de camp militaire.

L'initiative des autorités paraît pourtant à contre-temps.

Kaboul se remet à peine du camion piégé qui a fait 150 morts et 400 blessés le 31 mai dans le quartier diplomatique, le pire attentat depuis 2001. Les attaques et attentats-suicide, comme lundi dans le quartier chiite (26 morts) font depuis janvier de la capitale l'une des zones les plus dangereuses du pays pour les civils, selon les Nations unies.

"Pour la population, ces T-Walls la font ressembler à une ville en guerre. Le président a établi un comité chargé d'organiser la collecte, les gens nous soutiennent: ça va réduire les bouchons", justifie Najibullah Alokozay, responsable de la campagne à la municipalité.

"Il n'y aura aucune dérogation, sauf pour les ambassades et les bâtiments officiels", jure-t-il. "Ceux qui le souhaitent pourront garder leurs murs à l'intérieur de leur propriété".

Alokozay en ignore le nombre total mais son seul district en compte plus de 3.000. L'enceinte de l'Isaf (la force internationale d'assistance, déployée par l'Otan, ndlr) plus de 8.000.

Déjà 900 T-Walls ont été collectés devant des résidences de parlementaires, responsables politiques ou militaires et businessmen qui s'étaient passés d'autorisation pour ériger leurs barrières de béton.

Tôt le matin, les ingénieurs de la mairie, escortés de grues et de camions à plateaux et sous protection policière, font procéder à l'enlèvement de panneaux d'une tonne et plus: une douzaine d'entre eux reposent déjà sur le camion, garé devant la résidence du ministre de la Justice.

Une rose et un thé à la main, Ghulam Daoud Ghamugusar a sorti sa chaise en plastique pour profiter du spectacle. Cet ancien moudjahid de la guerre contre les Soviétiques tient un petit bazar dans la rue: il se "réjouit de voir ces cages tomber: nous sommes nés libres, pour vivre libres, sans entraves".

"Ces murs çà n'apporte rien. En plus si vous bloquez les rues, ça fait encore plus de gens piégés en cas d'explosion" renchérit un jeune riverain, Yama Rayeen.

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