Irak: La population cherche une aide psychologique

  27 Juin 2017    Lu: 542
Irak: La population cherche une aide psychologique
Meurtris par les combats et les violences, les habitants de Mossoul, qui rejoignent les camps de réfugiés, sont en détresse.
Témoins impuissants ou victimes des combats entre les forces gouvernementales et le groupe Etat islamique, les Mossouliotes vivent des événements tragiques. Dans les camps de déplacés en périphérie de la métropole irakienne, Handicap International remarque que l'un des premiers besoins de ces personnes est un soutien psychologique.

«C'est plutôt inhabituel dans un pays comme l'Irak», souligne Vivian Alt, chargée des affaires humanitaires pour Handicap International (HI) en Irak, dans un entretien accordé à l'ats. «Mais la situation a été tellement traumatisante pour les habitants que, dès leur arrivée dans un camp, ils demandent, outre de la nourriture et de l'eau, à parler à quelqu'un.»

Comme sources de traumatisme, Vivian Alt mentionne la perte de proches dans les bombardements ou l'explosion d'engins artisanaux, les privations de nourriture et d'eau imposées par le groupe Etat islamique (EI) ou encore l'utilisation par le groupe terroriste de boucliers humains.

Aîné en charge de la famille

L'experte d'HI n'a pas été en mesure de chiffrer le nombre de civils blessés ou nécessitant une aide, depuis le début de l'offensive en octobre 2016 pour la reprise de Mossoul aux mains de l'EI. Mais elle estime à plus de 4500 le nombre de personnes auxquelles son organisation a déjà apporté un soutien psychologique.

Handicap International propose de l'aide aussi bien aux personnes handicapées et à celles blessées durant le conflit, qu'aux membres de leurs familles et au personnel soignant, précise Vivian Alt. Et de donner en exemple une famille touchée par un tir de mortier. «La grand-mère, la mère et la fille ont été blessées, mais pas le père, ni les trois autres enfants. Outre les blessées, le père était également extrêmement choqué et avait énormément de mal à surmonter la situation. C'est l'un des aînés qui devait s'occuper de la famille», explique Vivian Alt, en marge du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC) à Genève.

Empêcher les handicaps permanents

En dehors du soutien psychologique, la demande pour des activités de réadaptation physique est forte, selon l'organisation. Des centaines de réfugiés de Mossoul, principalement des personnes amputées, blessées au niveau de la moelle épinière ou brûlées à un haut degré, ont déjà bénéficié de leurs prestations.

Le programme est jugé crucial par l'organisation, car «nous empêchons le handicap de s'installer», explique Vivian Alt. «Il est fréquent qu'en situation de conflit, les besoins de ces personnes ne soient pas au centre des préoccupations en raison de situations plus urgentes. Or, faute de traitement adéquat à temps, elles développent des handicaps permanents».

Comme illustration du faible intérêt pour cette question, la Brésilienne de 38 ans relève les difficultés des personnes handicapées à trouver des informations ou à accéder à des services aussi basiques que les sanitaires ou les douches.

Eviter de nouvelles victimes

Autre nécessité à Mossoul: la sensibilisation aux risques des mines et des armes conventionnelles. «Dès qu'un quartier est repris à l'EI, les populations tentent de rentrer chez elles», raconte Vivian Alt. Cependant, seules les routes principales ont été débarrassées des mines afin de permettre à l'armée d'avancer rapidement la ligne de front. Maisons, hôpitaux, écoles et autres bâtiments publics sont toujours à risques.

Pour éviter de nouvelles victimes, les équipes d'HI se rendent dans les bus mêmes qui reconduisent les habitants chez eux. «Nous leur expliquons à quoi ressemblent des mines et quels sont les comportements à adopter», précise Vivian Alt. Grâce à ce programme, elles ont déjà touché près de 25'000 Irakiens.

Handicap international emploie actuellement 60 personnes réparties dans sept camps, deux hôpitaux et un centre de soins près de Mossoul et entend renforcer sa présence avec 40 personnes supplémentaires. Dans le reste du pays, l'organisation emploie 200 personnes. Ses équipes y mènent des activités similaires et participent parfois au déminage des terrains.

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