France: après les municipales, Macron compte répondre à la Convention climat et à la "vague verte"

  29 Juin 2020    Lu: 499
 France:  après les municipales, Macron compte répondre à la Convention climat et à la "vague verte"

C'est une rencontre qui tombe à pic: au lendemain de la vague verte aux municipales, Emmanuel Macron donne lundi des réponses "fortes" aux propositions, parfois controversées, des 150 membres de la Convention citoyenne pour le climat (CCC) qu'il reçoit à l'Elysée.

C'est dans le parc verdoyant du palais présidentiel que le chef de l'Etat accueillera ces Français venus des quatre coins du pays qu'il avait chargés l'an dernier de réfléchir à un paquet de solutions contre le réchauffement climatique.

Cette rencontre prévue de longue date intervient quelques heures après le choc provoqué par les victoires des écologistes dans plusieurs grandes villes comme Lyon, Bordeaux, Strasbourg et Marseille.

Estimant que la "vague verte" de dimanche constitue un "baromètre de l'état d'esprit des Français" et montre que "l'écologie est au coeur de leurs préoccupations", le chef de l'Etat fera lundi "un discours très offensif" avec "une ambition écologique affirmée", qui sera décisive pour la suite, selon ses proches.

"Il y a beaucoup de propositions" sur la table et "le président va jouer sur tout le registre" de ces mesures, a affirmé la présidence.

La réunion sera introduite à 11H par Elisabeth Borne, ministre de la Transition écologique, avant que six membres de la CCC tirés au sort ne prennent la parole pour défendre les 149 propositions nées de leurs travaux.

Le chef de l'Etat se sait très attendu. En premier lieu par les 150 membres de la CCC qui ont pris au sérieux cet exercice inédit de démocratie participative qu'ils ont mené depuis l'automne dernier.

"C'est maintenant qu’il doit agir", a déclaré dimanche au JDD Laurence Tubiana, qui a coprésidé le processus. "Nous vivons dans un moment de bascule" pour le climat et "c'est une folie de remettre ce tournant à plus tard", a-t-elle prévenu.

Sur le plan politique, la principale inconnue concerne un éventuel référendum, qui serait le premier à se tenir en France depuis celui qui avait vu la victoire du "non" sur la constitution européenne en 2005. Mais, a prévenu l'Elysée, les travaux de la CCC "ne se résument pas à la question réferendaire".

Autoroutes à 110 km/h

La Convention a appelé l'exécutif à soumettre à référendum l'introduction de la lutte contre le réchauffement climatique dans la Constitution et la création d'un crime "d'écocide".

Mais cette piste ne recueille guère de soutiens dans la classe politique, notamment au sein de la majorité, qui plaide plutôt pour une consultation sur des propositions plus concrètes de la Convention.

L'une d'elle fait particulièrement débat: la réduction de la vitesse maximale sur les autoroutes de 130 à 110 km/h.

Deux ans après la polémique sur les 80 km/h, elle est la seule à être massivement rejetée par les Français, selon des sondages. Ainsi, si 62% des personnes sondées la semaine dernière par Odoxa approuvent globalement les propositions, elle est décriée par 74% d'entre elles.

En réaction, Laurence Tubiana réclame que tout le travail de la Commission ne soit pas "pris en otage" par cette mesure.

"C'est une proposition sur 149, donc si on voulait cristalliser l'opinion on ne s'y serait pas mieux pris", a également dénoncé sur Europe 1 le réalisateur Cyril Dion, "garant" de la CCC.

"On se fait traiter de khmers verts, de vouloir une dictature écologique", a-t-il regretté.

Dans leur rapport, les membres de la Convention reconnaissent que certaines de leurs propositions "peuvent sembler extrêmes", mais avertissent qu'elles risquent d'être "encore insuffisantes pour atteindre l'objectif de réduction d'au moins 40% des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030" que leur avait fixé l'exécutif.

Si elles sont retenues, leurs propositions auront un impact sur la vie économique et quotidienne puisqu'elles portent sur la rénovation thermique globale et obligatoire des bâtiments, la réduction de la place de la voiture individuelle, la taxation de l'alimentation ultra-transformée ou l'interdiction des semences OGM ou des terrasses chauffées...

Emmanuel Macron se retrouve devant des choix difficiles, qui s'ajoutent à ceux, extrêmement onéreux, qu'il doit prendre pour sortir la France de la récession dans laquelle l'a plongée la crise du Covid-19.

Pour Laurence Tubiana, le président doit saisir ce contexte très particulier pour en "profiter pour réorienter notre économie", à travers "la loi de finances rectificative pour 2020 et dans le budget de 2021". (AFP)


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