Angela Merkel reçoit Emmanuel Macron à l'aube d'une présidence allemande de l'UE à haut risque

  29 Juin 2020    Lu: 853
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À l'aube d'une présidence allemande de l'Union européenne confrontée, avec le coronavirus, à une crise sans précédent, Angela Merkel reçoit ce lundi Emmanuel Macron. Le président français devra quant à lui récupérer après l'échec de son parti dimanche à des élections municipales marquées par une poussée des écologistes.

Avant de se rendre à Berlin, il reçoit à l'Élysée les 150 membres de la Convention citoyenne pour le climat (CCC), au lendemain de cette déferlante verte. Il entend apporter des «réponses fortes» et «à la hauteur des enjeux et des attentes» écologiques des Français. Du «Green Deal» de la Commission européenne au Brexit, en passant par la question migratoire ou les relations avec la Chine et les États-Unis, les chantiers ne manqueront pas, à partir du 1er juillet, pour la chancelière. Elle n'avait plus assuré la présidence tournante de l'UE depuis 2007.

Mais c'est l'épidémie de Covid-19 et la crise économique en découlant qui vont constituer la priorité des six prochains mois. «La pandémie de coronavirus a bouleversé notre monde, tout comme les plans de la présidence allemande», a résumé la chancelière fin mai.

«Chant du cygne»

«Les premiers réflexes, y compris les nôtres, étaient plutôt nationaux et pas toujours européens», a admis Angela Merkel, qui entend désormais conjurer «le danger qu'un profond fossé continue de s'élargir en Europe». Elle mise désormais sur la «solidarité et l'aide mutuelle» entre les 27. Un virage à 180 degrés de la part de la dirigeante allemande, mise en cause pour son intransigeance à l'égard d'une Grèce proche de la banqueroute en 2011.

La chancelière, critiquée jusqu'ici pour son attachement à l'orthodoxie budgétaire et son extrême prudence sur la scène européenne, pourrait ainsi «se servir de cette présidence pour façonner un héritage», selon un diplomate européen, évoquant le «chant du cygne» de la chancelière. Au pouvoir depuis 15 ans, elle a en effet prévu de quitter la chancellerie fin 2021.

Souvent accusée de manque de courage politique, elle vient pourtant de briser un tabou allemand en matière de solidarité financière en proposant avec Emmanuel Macron un plan de relance européen de 500 milliards d'euros.

Surtout, les deux dirigeants, qui se retrouvent en début de soirée au château de Meseberg, au nord de Berlin, ont proposé qu'il soit financé par des dettes européennes mutualisées servant à financer des subventions aux pays les plus touchés par le virus. Cette initiative franco-allemande a ouvert la voie au plan de 750 milliards d'euros de la Commission européenne, qui promet toutefois encore d'âpres tractations en Europe. «On est optimiste, déterminé et volontaire pour obtenir un accord budgétaire en juillet», veut croire la présidence française. La chancelière a cependant confié vendredi à plusieurs journaux européens, dont Le Monde, n'avoir «aucune illusion sur la difficulté des négociations à venir».

L'enjeu est de taille, le succès de cette présidence tournante, voire l'avenir de l'Union européenne se jouant dans les prochaines semaines. Ne pas adopter le plan de relance «aggraverait tous les problèmes» en nourrissant le populisme, a mis en garde la chancelière dans cette interview. «Un chômage très élevé dans un pays peut y développer une puissance politique explosive. Les menaces pour la démocratie seraient alors plus grandes», prévient-elle.

Si l'UE vainc les réticences des pays dit «frugaux» opposés en l'état au plan de relance - Pays-Bas, Autriche, Danemark et Suède - la présidence allemande sera en partie couronnée de succès.

«No deal» dévastateur

Mais un autre gros morceau attend l'UE, avec des négociations post-Brexit dans l'impasse. Sorti de l'UE le 31 janvier, le Royaume-Uni négocie désormais avec Bruxelles pour tenter d'établir une relation commerciale avantageuse avec le bloc européen à la fin de la période de transition s'achevant à la fin de l'année.

Les discussions n'ont pas permis de réelles avancées alors que la date butoir approche à grands pas, et avec elle le risque d'un «no deal» dévastateur pour l'économie. La chancelière ne cache pas non plus qu'elle entend voir l'Europe assumer «plus de responsabilités» à l'échelle mondiale face aux «blocs» chinois et américain.

Elle veut ainsi conclure un «accord d'investissements» avec Pékin. Mais un sommet UE-Chine en septembre à Leipzig a dû être annulé à cause de l'épidémie et aussi faute de perspective d'accord. (AFP)


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