Biden regrette avoir dit qu'un Noir n'est «pas Noir» s'il pense voter Trump

  23 Mai 2020    Lu: 488
Biden regrette avoir dit qu Joe Biden (à droite) était interviewé par Charlamagne tha God (à gauche) lors de l'émission de radio new-yorkaise, «The Breakfast Club». HANDOUT / via REUTERS

Le candidat démocrate à la Maison Blanche Joe Biden a dit vendredi regretter ses propos «fâcheux» après avoir provoqué un tollé en disant à un animateur radio qu'il n'était «pas Noir» s'il songeait à voter pour son rival Donald Trump en novembre.

«Je n'aurais pas dû être aussi désinvolte», a déclaré l'ancien vice-président américain, 77 ans, en regrettant ses propos «fâcheux». «Personne ne devrait avoir à voter pour un parti sur la base de sa race, sa religion, ses origines», a insisté l'ancien bras droit de Barack Obama, selon les journalistes ayant assisté à son appel à une organisation promouvant le développement économique des Afro-Américains, la National Black Chamber of Commerce.

La polémique est partis d'une interview donnée à Charlamagne tha God, une personnalité qui coprésente une émission populaire de radio new-yorkaise, The Breakfast Club, diffusée vendredi. Lorsque Joe Biden a dit qu'il devait mettre fin à l'entretien, après environ 17 minutes, l'animateur lui a répondu: «Ecoutez, vous devez venir nous voir quand vous viendrez à New York (...) Nous avons plus de questions» à poser avant la présidentielle du 3 novembre. «Vous avez plus de questions? Je vais vous dire, si vous avez un problème pour décider si vous êtes pour moi ou pour Trump, alors vous n'êtes pas Noir», lui a répondu Joe Biden.

L'équipe de Donald Trump a qualifié cet échange de «dégoûtant» sur Twitter, et le fils du milliardaire républicain, Donald Trump Junior, affirmé que Joe Biden avait «une mentalité raciste dégoûtante et déshumanisante». Tim Scott, seul sénateur républicain noir, a réagi en soulignant que «1,3 million de Noirs américains avaient déjà voté pour Trump en 2016. Ce matin, Joe Biden a dit à chacun d'entre nous que nous n'étions pas Noirs». «Je pourrais dire que je suis surpris, mais malheureusement cela correspond à la tendance des démocrates de penser que les voix des Noirs sont gagnées d'avance», a-t-il poursuivi.

Un argument qui pourrait faire mouche auprès de certains électeurs noirs qui déplorent qu'en 2016, les démocrates et Hillary Clinton aient pensé que leurs voix étaient justement «gagnées d'avance» et n'aient donc pas assez fait campagne auprès d'eux, faisant baisser leur participation par rapport aux années Obama. Or la mobilisation de cet électorat sera cruciale pour Joe Biden pour espérer remporter la présidentielle du 3 novembre. «Je n'ai jamais, jamais considéré que les Afro-Américains étaient gagnés d'avance», a-t-il d'ailleurs pris soin de souligner dans ses excuses.

Il a martelé qu'il était prêt à tout moment à comparer son bilan sur le sujet à celui de Donald Trump, dont il a rappelé des propos qui avaient fait scandale, comme lorsqu'il avait qualifié des Etats africains de «pays de merde». Il l'a aussi accusé de mettre en oeuvre des politiques qui nuisent aux Noirs. Donald Trump a régulièrement été accusé de racisme et d'avoir entretenu l'ambiguïté à l'égard des nationalistes blancs. Il reste peu populaire chez les électeurs noirs.

Interrogé sur la polémique, l'animateur Charlamagne yha God a déclaré que les «Noirs ont beaucoup investi dans ce parti (démocrate, ndlr) et le retour sur investissement n'a pas été génial». «On ne peut pas me demander d'avoir plus peur de Trump que de vouloir quelque chose pour les miens», a-t-il poursuivi dans un communiqué au site Mediaite. Connu pour ses gaffes, Joe Biden est très populaire auprès de l'électorat noir, qui l'a porté vers la victoire dans la primaire démocrate en lui offrant un score écrasant en Caroline du Sud, fin février, lui permettant de revenir en tête de la course dans l'un des retours les plus spectaculaires de l'histoire politique américaine.

Dans le même entretien, le candidat démocrate a dénoncé la gestion par l'administration Trump de la pandémie de coronavirus, qui frappe dans plusieurs régions américaines les Noirs de façon disproportionnée: «Cette crise expose au grand jour le racisme institutionnel qui prévaut encore dans notre société».

L'animateur a noté d'autre part que certains l'exhortaient à choisir une candidate noire à la vice-présidence puisque «les Noirs ont sauvé votre vie politique dans la primaire» démocrate. Joe Biden a répondu qu'il pensait à «de nombreuses femmes noires». Dans les pronostics figurent la sénatrice et ex-candidate à la présidentielle Kamala Harris, ainsi que l'ex-candidate au poste de gouverneur de Géorgie Stacey Abrams, ou encore l'élue de la Chambre des représentants Val Demings.

AFP


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