Bangladesh: 15 morts dans le naufrage d'un bateau de réfugiés rohingyas

  11 Février 2020    Lu: 462
  Bangladesh:   15 morts dans le naufrage d

Au moins 15 personnes sont mortes noyées et une cinquantaine sont portées disparues dans le naufrage mardi 11 février, au large du Bangladesh, d'un bateau surchargé de rohingyas cherchant à fuir la misère et l'impasse des camps de réfugiés.

Les 138 passagers, principalement des femmes et des enfants, sont montés à bord d'une embarcation de pêche longue d'à peine 13 mètres dans l'espoir de gagner la Malaisie par le golfe du Bengale, un dangereux voyage de 2.000 kilomètres, ont annoncé les autorités bangladaises.

Le naufrage a eu lieu à proximité de l'île bangladaise de Saint-Martin, proche des côtes du district de Cox's Bazar (sud-est) où près d'un million de réfugiés rohingyas, minorité musulmane persécutée en Birmanie voisine, vivent dans une misère noire dans des camps dont ils ont l'interdiction de sortir. «Il a coulé à cause de la surcharge. Le bateau était conçu pour transporter un maximum de 50 personnes. Il avait également de la cargaison», a déclaré Hamidul Islam, porte-parole des gardes-côtes du Bangladesh. Soixante-et-onze personnes ont été secourues, dont 46 femmes. Parmi les morts, 11 sont des femmes et le reste des enfants.

Survivante du naufrage, Anwara Begum a perdu deux de ses fils, âgés de six et sept ans, dans l'accident. La famille de quatre personnes avait dû payer 450 dollars par tête à un trafiquant bangladais pour passer en Malaisie, pays d'Asie du Sud-Est à majorité musulmane où se trouve déjà une importante diaspora rohingya. «Nous avons d'abord été emmenés sur une colline où nous sommes restés pendant cinq jours. Ensuite ils ont utilisé trois petits chalutiers pour nous amener à un grand chalutier, qui a coulé», raconte la femme de 40 ans.

D'après les récits de rescapés recueillis par l'AFP, l'embarcation a heurté des coraux sous-marins dans des eaux peu profondes au large de l'île de Saint-Martin. Des pêcheurs ont repéré des survivants appelant à l'aide et ont donné l'alerte. «Nous avons nagé dans la mer avant que des bateaux ne viennent nous secourir», a déclaré Mohammad Hossain, un survivant de 20 ans. Trois des rescapés, dont un Bangladais, sont actuellement détenus par les autorités qui les soupçonnent d'être des trafiquants d'êtres humains, a indiqué le commandant des gardes-côtes Sohel Rana.

Peuple apatride parmi les plus persécutés de la planète, les Rohingyas sont pris en étau entre une Birmanie qui le rejette, car les considérant comme des étrangers, et un Bangladesh qui refuse qu'ils s'intègrent sur son sol et les parque dans des camps sommaires. Dans ces conditions, les réfugiés constituent des proies faciles pour les trafiquants qui leur proposent de gagner les pays à majorité musulmane d'Asie du Sud-Est contre des sommes exorbitantes.

Ce naufrage «était une tragédie annoncée. Les réfugiés rohingyas vivent dans des conditions de confinement dans les camps. Ils tentent de plus en plus de quitter les camps et deviennent victimes de réseaux de traite d'êtres humains», a estimé Shakirul Islam, un expert des migrations.

Le trafic augmente durant la période novembre-mars, après la mousson, lorsque la mer est plus sûre pour permettre à des petits bateaux de pêche d'entreprendre le périple risqué pour la Malaisie. On estime à 25.000 le nombre de Rohingyas ayant fui le Bangladesh et la Birmanie en 2015 en essayant de gagner par bateau la Thaïlande, la Malaisie ou l'Indonésie. Des centaines d'entre eux sont morts noyés.

«Le passage d'êtres humains et le trafic dans le golfe du Bengale sont particulièrement difficiles à régler car cela nécessite des efforts concertés dxce multiples États», explique Giorgi Gigauri, directeur de l'Organisation internationale pour les migrations au Bangladesh. «Les trous dans la coordination sont facilement exploités par les réseaux criminels», souligne-t-il.

AFP


Tags: Bangladesh   naufrage  


Fil d'info