Yémen: sept enfants malades évacués de Sanaa, une première depuis 2016

  04 Février 2020    Lu: 328
Yémen: sept enfants malades évacués de Sanaa, une première depuis 2016

Les Nations unies ont procédé lundi à la première évacuation par avion, depuis 2016, de sept enfants malades de la capitale yéménite Sanaa contrôlée par les rebelles Houthis, en disant espérer un véritable pont aérien médical.

Ces enfants ont embarqué avec des membres de leurs familles à bord d'un avion qui a décollé de Sanaa à destination de la capitale jordanienne Amman, selon un correspondant de l'AFP.

Le Yémen est ravagé par un conflit depuis plus de cinq ans qui a provoqué la pire crise humanitaire au monde, selon l'ONU. Il oppose les Houthis, soutenus par l'Iran et qui se sont emparés de Sanaa en 2014, aux forces du gouvernement appuyées depuis 2015 par une coalition militaire menée par l'Arabie saoudite.

L'aéroport de Sanaa est fermé aux vols commerciaux depuis qu'en 2016, la coalition a interdit l'espace aérien du nord du Yémen.

"C'est le premier de ce que nous espérons être un certain nombre de vols du pont aérien médical", a déclaré à l'AFP par téléphone Lise Grande, coordinatrice humanitaire de l'ONU au Yémen, précisant que les patients évacués lundi "souffrent de maladies qui ne peuvent pas être traitées au Yémen".

Mme Grande a dit travailler à l'instauration "d'un pont aérien avec les parties depuis deux ans" et considérer l'évacuation des sept enfants comme "une avancée majeure" et "un signe d'espoir pour le Yémen".

Une porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a précisé à l'AFP que d'autres vols avaient été programmés pour les 4, 5 et 7 février, à destination de la Jordanie et de l'Egypte, sans préciser le nombre de patients concernés.

- "Heureux du voyage" -

L'un des enfants évacués, Abdallah Abed, souffre d'une insuffisance rénale et a besoin d'une greffe d'organe, a indiqué son père à l'AFP, avant l'embarquement.

"Nous sommes très heureux de notre voyage en Jordanie", a déclaré Abed Ali Murchid, ajoutant que "c'est le début du pont aérien que nous attendions depuis deux ans".

Selon lui, "les maladies graves sont nombreuses et les gens doivent pouvoir voyager" pour être soignés hors du Yémen.

A ses côtés, Ayman Abdallah, père d'un enfant "blessé à la colonne vertébrale", évoque "un pas positif et un bon signe", avant d'embarquer avec lui pour Amman.

"Nous attendions depuis un an et six mois", a indiqué pour sa part Ali Saleh, dont le fils "a une grave blessure à l'épaule".

Mais "notre bonheur aujourd'hui ne sera complet que lorsque tous ceux qui ont besoin de soins médicaux auront voyagé et nous espérons que ce sera un pas vers la paix", a-t-il ajouté.

Le père d'Abdallah a lui plaidé pour que l'ONU fasse "fonctionner le pont aérien régulièrement", tout en demandant l'ouverture de l'aéroport de Sanaa et la "fin du blocus du Yémen".

En novembre, la coalition avait annoncé que les patients ayant besoin de soins médicaux à l'étranger seraient autorisés à quitter la capitale via l'aéroport de Sanaa.

- "Trop tard" -

Mais dimanche, les Houthis ont critiqué le plan d'évacuation médicale de l'ONU, le jugeant loin d'être à la hauteur des promesses faites selon eux par la coalition.

"L'OMS a indiqué qu'elle n'évacuerait que sept patients avec leurs accompagnants sur un petit avion de l'ONU en une seule fois", a regretté le "ministère de la Santé" des Houthis.

Environ 32.000 patients souffrant de maladies graves sont inscrites pour les évacuations médicales, selon lui.

Les rebelles n'ont cessé de demander la réouverture de l'aéroport de Sanaa, mais la coalition le refuse, disant craindre un acheminement d'armes aux insurgés.

En 2018, les Houthis ont réussi à faire évacuer vers Mascate une poignée de leur blessés à bord d'un avion autorisé à atterrir à Sanaa pour emmener des négociateurs qui devaient participer en Suède à des discussions avec le gouvernement sous l'égide de l'ONU.

Le Norwegian Refugee Council a regretté que l'évacuation médicale de lundi survienne "trop tard pour des milliers de Yéménites qui sont morts alors qu'ils attendaient de quitter le pays pour recevoir des soins vitaux". L'ONG "espère que ces vols médicaux permettront de sauver la vie d'autres Yéménites".

Selon diverses organisations humanitaires, la guerre au Yémen a fait des dizaines de milliers de morts, essentiellement des civils.

Environ 3,3 millions de personnes sont toujours déplacées et 24,1 millions, soit plus des deux tiers de la population, ont besoin d'assistance, selon l'ONU.

Par AFP


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