Les Balkans étouffent dans une purée de pois toxique

  17 Janvier 2020    Lu: 833
Les Balkans étouffent dans une purée de pois toxique

(Photo by ELVIS BARUKCIC / AFP)

Sarajevo, Pristina, Belgrade et Skopje étouffent. L'hiver s'est installé sur les Balkans et avec lui une épaisse brume toxique alimentée pour partie par le charbon et le bois dont se chauffent des habitants privés d'énergie plus propre par la pauvreté.

Ces derniers temps, les capitales de la région font le yoyo dans le top 10 des villes les plus polluées du monde de l'application spécialisée AirVisual. Sarajevo (Bosnie-Herzégovine) s'est retrouvée cette semaine sur la première marche du podium devant Oulan-Bator (Mongolie) et Dacca (Bangladesh), Belgrade arrivant à la huitième place.

La «Serbie suffoque, quelqu'un a-t-il vu le ministre» de l'Environnement?, s'insurgeait récemment en une le journal Blic alors que la capitale serbe peine à respirer dans un brouillard blanchâtre. Dans les Balkans, l'opinion commence à dénoncer l'inaction politique et réclamer un air sain.

D'après une étude récente du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), la pollution de l'air est directement responsable de jusqu'à 20% des décès prématurés dans 19 villes des Balkans occidentaux. Les causes sont multiples, centrales au lignite, un charbon brun particulièrement polluant, industries, parcs automobiles vétustes, manque de transports en commun...

Mais l'hiver, le chauffage domestique au bois ou au charbon, voire aux pneus de voiture ou aux déchets plastiques, crache dans l'atmosphère sa part de particules fines. L'électricité est chère dans des pays où le salaire moyen ne dépasse pas les 500 euros, et où peu ont accès au chauffage central: selon le PNUE, plus de 60% des habitants des Balkans occidentaux utilisent du combustible solide.

Sarajevo, comme Skopje, est cernée par les montagnes empêchant la pollution de se disperser. La capitale bosnienne est une cuvette où les cheminées fument par dizaines de milliers, prenant au piège ses 340.000 habitants, pour qui la seule solution reste souvent la fuite.

Anes Podic, président de l'association Eko-Akcija, réclame des subventions publiques pour remplacer des dizaines de milliers de poêles à bois aussi inefficaces que «dangereux pour la vie». «Ceux qui payent le prix le plus fort sont les plus pauvres, qui ont un poêle dans une seule pièce de la maison. Les émissions restent partiellement à l'intérieur et les empoisonnent».

En Macédoine du Nord, l'application «My Air» mise au point par un jeune développeur, Gorjan Jovanovski, est la plus populaire du pays et des collégiens et lycéens manifestent régulièrement depuis quelques semaines. «Greta nous inspire tous», dit Iskra Ilieska, 17 ans, en référence à l'adolescente suédoise Greta Thunberg partie en guerre contre le changement climatique. «En hiver, la moitié de la classe est absente à cause de problèmes de poumons. Ce n'est pas normal». En Serbie, le mouvement d'opposition «Ne davimo Beograd» (N'étranglons pas Belgrade) appelle lui à manifester contre des autorités qui «font semblant de ne pas voir» un «problème littéralement visible».

Avec AFP


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