La justice japonaise émet un mandat d'arrêt contre Carole Ghosn

  07 Janvier 2020    Lu: 1015
La justice japonaise émet un mandat d

La justice japonaise a annoncé qu'elle émettait un mandat d'arrêt contre Carole Ghosn, l'épouse de l'ex-PDG de Renault déchu qui s'est enfui au Liban la semaine dernière.

Cela signifie qu'elle pourra être arrêtée si elle décide de retourner au Japon. Selon l'agence Kyodo News, l'épouse de Carlos Ghosn est soupçonnée de s'être parjurée en avril dernier lors d'une audition à Tokyo.

Réagissant immédiatement à l'annonce, un porte-parole de l'homme d'affaires a dénoncé une manoeuvre «pathétique» de la justice japonaise, liée à la conférence de presse que doit tenir Carlos Ghosn mercredi à Beyrouth. La femme de Ghosn était revenue de son plein gré au Japon en avril dernier pour répondre aux procureurs, alors qu'elle aurait pu ne jamais y retourner, a-t-il également rappelé comme preuve de sa bonne foi.

Très impliquée dans la défense de son époux, et soutien affiché de celui-ci, Carole Ghosn a interpellé, ces derniers mois, de nombreuses autorités pour qu'elles soutiennent son mari. Elle a par exemple «lancé un appel» à Emmanuel Macron, en octobre, demandé de l'aide à Donald Trump en juin, et sa famille a rédigé une requête à l'Onu, en mai dernier, pour critiquer la «persécution judiciaire» dont était victime, selon elle, l'homme d'affaires. A l'époque, elle disait craindre un «procès stalinien» contre son mari. Elle se montrait également très critique des conditions de détention de Carlos Ghosn, lors des premiers mois de l'affaire, ayant même envoyé une lettre à l'ONG Human Rights Watch à ce sujet, il y a un an.

L'épouse de Carlos Ghosn était, pour la justice japonaise, un protagoniste important du dossier. Elle soupçonnait en effet la quinquagénaire d'avoir aidé son mari dans ses affaires visées par l'enquête. Elle l'avait donc interdit d'entrer en contact avec lui sans «permission spécifique» ou sans une surveillance accrue. L'avocat, François Zimeray, plaidait quant à lui la «bonne foi totale» de sa cliente, qui ne «savait rien» des affaires de son époux. La défense de l'homme d'affaires dénonçait une situation «inhumaine et scandaleuse, même au regard des critères japonais», une «punition» visant à briser Carlos Ghosn.

En avril, Carole Ghosn avait quitté le Japon, expliquant qu'elle s'était «sentie en danger». Elle y était revenue d'elle-même, quelques jours plus tard, et avait alors été entendue comme témoin par le parquet de Tokyo. A l'époque, l'agence Kyodo rapportait que l'institution s'intéressait à une structure dirigée par l'épouse de Carlos Ghosn, et par laquelle des sommes détournées par l'homme d'affaires avaient pu transiter. «Elle est très à l'aise pour dire la vérité», rétorquait maître Zimeray.

Ghosn a pourtant tenté de protéger son épouse, en expliquant, il y a quelques jours, qu'elle n'avait joué aucun rôle dans l'affaire. «Les allégations dans les médias selon lesquelles mon épouse Carole et d'autres membres de ma famille auraient joué un rôle dans mon départ du Japon sont fausses et mensongères», déclarait-il dans un communiqué. «C'est moi seul qui ai organisé mon départ. Ma famille n'a joué aucun rôle», précisait-il ensuite.

Suffoquée par la fuite spectaculaire de Carlos Ghosn, la justice japonaise ne compte donc pas baisser les bras. Ce mardi, les autorités de l'île ont de nouveau demandé l'appui de leurs homologues libanaises dans le cadre de l'affaire Ghosn, déplorant sa fuite «regrettable». Les détails de la demande ne sont pas encore connus.

Quelques jours plus tôt, la justice avait réagi au départ de l'ex-homme fort de l'Alliance automobile Renault-Nissan-Mitsubishi, en menant des perquisitions et en saisissant Interpol, via une «notice rouge», autrement dit un mandat d’arrêt international. Beyrouth n’est cependant aucunement tenu de s’y conformer et de procéder à l’arrestation de Carlos Ghosn, ce que le Liban refuse de faire. L'extradition de Ghosn ne semble donc pas à l'ordre du jour.

Carlos Ghosn devrait s'exprimer demain devant la presse, et profitera de cette occasion pour expliquer sa position dans le dossier. Il a prévenu qu'il détenait des «preuves» montrant une volonté de «l'évincer» de la direction de l'Alliance, parce qu'il souhaitait faire fusionner Renault et Nissan. Dans un entretien accordé à Fox Business, ce weekend, il a martelé qu'il serait en mesure de révéler les noms des personnes à l'origine de son arrestation, en novembre 2018.

Par Le Figaro


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