"Les banques centrales ne vont pas accepter le panier de devises" sur lequel Libra est censée s'appuyer, a expliqué celui qui est également le président sortant de la Confédération suisse, une fonction largement symbolique.
Cette déclaration constitue un nouveau coup dur pour le projet du géant des réseaux sociaux, censé voir le jour en 2020 mais lourdement contesté par les autorités depuis des mois.
La Libra sera en théorie gérée par une association indépendante composée d'entreprises et organisations à but non lucratif, basée à Genève.
Mais début octobre, les services de paiement PayPal, puis Stripe (ainsi que Visa, Mastercard et d'autres) se sont retirés du projet, sous la pression croissante des régulateurs américains et étrangers.
Ils s'inquiètent en effet de potentielles utilisations malveillantes de la monnaie, et pointent la mauvaise réputation du géant californien d'internet en matière de confidentialité et de protection des données personnelles.
Les Etats et Banques centrales redoutent aussi de perdre leur souveraineté: ils sont pour le moment les seuls à avoir le droit de battre monnaie.
En octobre, le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire avait annoncé avec ses homologues allemand et italien "un certain nombre d'initiatives pour marquer clairement que la Libra n'est pas la bienvenue en Europe, parce que c'est notre souveraineté qui est en jeu".
Il y a 10 jours, une responsable de la Réserve fédérale américaine (Fed) a une nouvelle fois exprimé ses craintes.
"Sans les garanties requises, les réseaux de monnaies numériques stables (adossées à une devise ou un panier de devises) à l'échelle mondiale peuvent mettre les consommateurs en danger", avait déclaré Lael Brainard dans un discours à Francfort (Allemagne).
La taille de Facebook - avec chaque jour environ 2,2 milliards de personnes qui se connectent à au moins l'une de ses plateformes (Instagram, WhatsApp, Messenger, Facebook) - implique que la nouvelle monnaie pourrait perturber le système financier mondial et rendre la tâche plus difficile aux banques centrales, avait déjà observé le président de la Fed il y a quelques mois.
L'association Libra n'a pas réagi dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP.
Interrogé en octobre par la Commission parlementaire des services financiers au Congrès américain, Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, avait répété que la Libra ne serait pas lancée avant d'avoir obtenu tous les feux verts nécessaires des régulateurs.
AFP