Cuba: bientôt un premier ministre au côté du président

  18 Décembre 2019    Lu: 1001
  Cuba:   bientôt un premier ministre au côté du président

Le poste n'existait plus à Cuba depuis 1976 : l'île socialiste aura d'ici ce samedi un premier ministre, désigné par le Parlement sur proposition du président Miguel Diaz-Canel, sans qu'il soit bien clair quelle sera l'étendue de son pouvoir.

«Je ne sais pas quelles seront ses fonctions, j'imagine aider le pauvre Diaz-Canel qui n'arrête pas, d'un endroit à l'autre, en voulant arranger le pays», déclare Maria Fernandez, retraitée de 65 ans. L'Assemblée nationale, qui a deux sessions ordinaires par an, se réunit vendredi et samedi. Sa mission? Appliquer certains des changements inclus dans la réforme de la Constitution, approuvée en avril, dont le retour du poste de premier ministre.

Le dernier à occuper cette fonction était Fidel Castro, de la révolution de 1959 à 1976, quand il est devenu président des Conseils d'Etat et des ministres. Mais Fidel, «comme il était une figure si importante», a été «un premier ministre unique en son genre», observe le chercheur cubain Arturo López-Levy, de l'université Holy Names en Californie. «Même si le président et chef d'Etat était Osvaldo Dorticos (1919-1963) et si constitutionnellement, Cuba avait un système présidentielle, le pouvoir ultime du pays se trouvait dans la jeep de Fidel», ajoute-t-il.

Secret bien gardé

En théorie, l'existence d'un premier ministre signifie une séparation de pouvoirs, mais «la figure proposée aujourd'hui (à Cuba) est celle d'une séparation des fonctions, au sein du concept communiste d'unité politique», qui découle directement de l'idée de parti unique, souligne le chercheur. Le Parti communiste cubain (PCC) est en effet la seule formation politique autorisée sur l'île. Son journal officiel, Granma, a d'ailleurs mis les choses au clair: «Ce qui est prévu, c'est que le chef d'Etat ait un pouvoir important et qu'il soit assisté du premier ministre dans l'accomplissement des fonctions du gouvernement».

Jusqu'à présent, le secret est bien gardé: le président Diaz-Canel n'a pas dit publiquement quel(le) candidat(e) il proposerait au Parlement. La Constitution établit un certain nombre de critères à respecter : nommé pour cinq ans, il doit être député, avoir au moins 35 ans, «se trouver en pleine possession de ses droits civils et politiques, être un citoyen cubain de naissance et ne pas avoir d'autre nationalité». Même si une seule option sera proposée aux députés, une «majorité absolue» d'entre eux doit voter pour lui.

On peut s'attendre à un changement de génération: en un an et huit mois, depuis l'arrivée au pouvoir de Miguel Diaz-Canel, une majorité de ministres a changé, avec le départ d'une partie des généraux qui accompagnait Raul Castro quand il était président (2008-2018). Aujourd'hui il n'en reste que trois : le ministre des Forces armées Leopoldo Cintras Frias, celui de l'Intérieur Julio César Gandarilla et le secrétaire du Conseil des ministres José Amado Guerra. Le choix du Premier ministre devra recevoir l'aval du PCC, dirigé par Raul Castro, qui a montré lors de son mandat présidentiel qu'il n'aimait pas l'improvisation et souhaitera donc quelqu'un d'expérience. (AFP)


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