Algérie: le frère de Bouteflika refuse de répondre aux questions du juge

  09 Décembre 2019    Lu: 1031
Algérie: le frère de Bouteflika refuse de répondre aux questions du juge

La justice algérienne a convoqué samedi Saïd Bouteflika, frère et conseiller de l'ex-président algérien, mais il a refusé de répondre au juge alors qu'il était entendu comme témoin dans le cadre du procès pour corruption d'anciens hauts responsables politiques et hommes d'affaires algériens.

Appelé à la barre, Saïd Bouteflika a décliné son identité mais n'a ensuite pas voulu répondre aux questions du juge puis du procureur sur les accusations de financement illégal de la dernière campagne électorale de son frère Abdelaziz, qui a démissionné le 2 avril sous la pression populaire. Après son refus, le juge a demandé à ce qu'il soit ramené à la prison militaire de Blida, où il purge une peine de 15 ans pour «complot contre l'autorité de l'Etat». Il avait déjà refusé de comparaître lors de son procès fin septembre.

Le procureur a demandé à l'entendre à l'issue de la comparution compromettante d'Ali Haddad, ancien président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), principale organisation patronale algérienne. Ali Haddad avait été directement mis en cause jeudi par l'un des coaccusés dans le financement de la dernière campagne de d'Abdelaziz Bouteflika pour la présidentielle prévue le 18 avril 2019. Cette élection a finalement été annulée face au mouvement («Hirak») populaire de contestation du régime, déclenché le 22 février par sa candidature.

Ali Haddad a précisé devant le juge qu'il était intervenu dans cette campagne à la demande de Saïd Bouteflika, qui lui avait téléphoné pour lui «demander de l'aide». «Le 6 février (2019), Saïd Bouteflika m'a demandé de récupérer entre 700 et 800 millions de dinars (environ 5,7 millions d'euros) qui étaient au siège de la campagne électorale à Hydra», à Alger, a répondu Ali Haddad, interrogé sur la provenance de cet argent. Il a expliqué que Saïd Bouteflika craignait que le siège électoral ne soit attaqué car la nouvelle de la présence d'une importante somme d'argent avait, selon lui, circulé partout. Mais il n'a pas dit où était allé l'argent ensuite. Ces 5,7 millions «ont été utilisés» d'après le chef de cabinet d'Ali Haddad, El Hadj Said, qui a témoigné samedi.

Dans le box des accusés de ce procès inédit en Algérie, qui s'est ouvert mercredi, figurent aussi deux anciens premiers ministres -Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal-, plusieurs ex-ministres, des cadres du ministère de l'Industrie ainsi que des grands patrons du secteur automobile. Les accusés sont poursuivis pour diverses malversations, dont le financement «occulte» de la campagne de Bouteflika et le favoritisme dans la jeune industrie automobile algérienne, mise sur pied à partir de 2014, via des partenariats entre marques étrangères et grands groupes algériens, souvent propriétés d'hommes d'affaires liés à l'entourage du président déchu.

Ce procès se tient pendant les derniers jours d'une campagne pour une élection présidentielle massivement rejetée par le «Hirak». Le réquisitoire du procureur sera prononcé dimanche et le verdict devrait être connu d'ici lundi soir, selon des avocats. Les 18 accusés dans le box, dont deux femmes, risquent entre 5 et 20 ans de prison. Une autre prévenue, ancienne wali (préfète), Mounia Zerhouni, qui elle comparaît libre, est également passible d'une longue peine d'emprisonnement.

AFP


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