La précarité des français au cœur de leurs préoccupations

  05 Décembre 2019    Lu: 1305
La précarité des français au cœur de leurs préoccupations

Ce jeudi marque une journée historique de mobilisation contre la réforme des retraites voulue par le pouvoir macroniste. Parmi les principales préoccupations des français figure évidemment la crainte de la précarité.

Cette même inquiétude était déjà à l’origine du mouvement des gilets jaunes qui dénonçaient initialement la hausse du prix des hydrocarbures dans le pays avant d’élargir leurs demandes à d’autres mesures en faveur du pouvoir d’achat.

S’en est suivi, plus d’un an de manifestations, de scènes d’émeutes, de saccages, et d’incompréhension face à un pouvoir resté quasiment sourd à certaines revendications.

En retour, c’est trop souvent la réponse répressive qui avait été donné, accentuant la déconnexion entre l’Etat et le peuple français.

Les chiffres vertigineux de 4439 blessés, 10718 gardes à vue, et 11 morts avaient déjà été dénombrés en octobre par les médias français, avant même le premier anniversaire de la révolte.

Les gilets jaunes demeurent la principale épreuve du quinquennat du président Emmanuel Macron, qui s’apprête, ce jeudi à vivre le début d’une deuxième révolte qui pourrait durer plus longtemps qu’il ne paraît.

La réforme des retraites, qui prévoit la suppression de l’ensemble des régimes spéciaux au profit d’un système universel, fait l’objet d’un rejet massif des français qui craignent de devoir cotiser plus longtemps et de se voir attribuer une pension moins élevée qu’avec leurs régimes actuels.

Anadolu est allé à la rencontre de citoyens qui manifestent ce jeudi.

Parmi eux, Samir, qui travaille pour une société de transports en commun.

« On travaille toute notre vie pour espérer bénéficier d’une retraite digne, mais avec cette réforme, on va tout perdre » explique-t-il.

Employé de la même boîte depuis 14 ans, il craint « une décote et de devoir travailler beaucoup plus longtemps pour toucher une misère ».

Il sera dans la rue à Nice pour protester contre « la volonté du gouvernement de précariser ceux qui sont déjà les moins bien payés au lieu de cibler les plus riches, adeptes de l’évasion fiscale ».

Même son de cloche du côté de Michelle, qui pourrait déjà, a 62 ans, partir à la retraite mais continue de travailler en espérant augmenter le montant de sa future pension.

« Si je pars maintenant en retraite, je percevrai moins de 1000 euros» note-t-elle, en précisant qu’avec « un loyer à 600 euros, c’est inimaginable ».

La sexagénaire sera elle aussi auprès des dizaines de milliers de manifestants ce jeudi avec comme « la précarité comme seule angoisse ».

« Je ne veux pas me retrouver à compter les centimes pendant les 15 derniers jours du mois, comme certains de mes proches » surenchérit Michelle.

Et ils seront nombreux à faire part de leur inquiétude pour ce 5 décembre qui s’annonce déjà historique en terme de participation et de blocage.

Le mouvement de grève paralyse littéralement le pays depuis mercredi soir.

Les professeurs, les salariés de la SNCF, les fonctionnaires, les sociétés de transports, les salariés du service public hospitalier, les pompiers, les gilets jaunes ou encore les policiers font partie, avec des dizaines d’autres corps de métiers, des protestataires.

La SNCF annonce que seuls 10% des trains circulent et invite les voyageurs à reporter ou annuler leurs déplacements.

Selon le ministère de l’éducation nationale, 70% des écoles publiques du territoire national sont fermées. Les services de crèches et autres garderies municipales sont également très impactés.

La compagnie aérienne Easyjet a annoncé l’annulation de 233 vols tandis qu’Air France indique que 30% des vols nationaux sont annulés.

« 245 rassemblements ont été déclarés, à cette heure » a indiqué le ministre de l’intérieur Christophe Castaner sur son compte Twitter avant de préciser que « des éléments radicaux seront présents ».

Il précise à cet effet qu’un « dispositif adapté sera déployé dans chacune de villes, en lien avec les partenaires sociaux ».

Selon un sondage de l’institut Elabe, la mobilisation est approuvée par 58% des français, en nette augmentation par rapport à la semaine précédente ou à peine plus de 50% étaient favorables à cette grève.

A noter par ailleurs que le taux de français vivant sous le seuil de pauvreté s’élève à près de 15% d’après les chiffres de l’INSEE.

Selon les observateurs, le gouvernement, qui affirme être déterminé à mener sa réforme jusqu’au bout, redoute une révolte d’ampleur qui s’étalerait dans la durée. (AA)


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