Le prix Goncourt 2019 attribué à Jean-Paul Dubois

  05 Novembre 2019    Lu: 1157
  Le prix Goncourt 2019 attribué à Jean-Paul Dubois

Le prix Goncourt a été décerné à Jean-Paul Dubois, pour son livre "Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon", paru aux éditions de l'Olivier.

Jean-Paul Dubois remporte le 117ème prix Goncourt au 2ème tour de scrutin par 6 voix contre 4 à Amélie Nothomb.

"Tout arrive! C'est adorable...", a déclaré Jean-Paul Dubois devant la presse après l'annonce faite par Didier Decoin, secrétaire de l'académie Goncourt. "Je ne suis pas fait pour ce genre de choses, ce n'est pas mon univers. C'est assez irréel", a-t-il ajouté.  "Si les romans de Jean-Paul Dubois étaient traduits de l'anglais, il aurait en France un statut comparable à ceux de John Irving ou de William Boyd", dit de lui Bernard Pivot, président de l'académie.

Jean-Paul Dubois "déchire le cœur et console en même temps"

Comme toujours Jean-Paul Dubois décrit des vies qui se déploient sous plusieurs latitudes, du Danemark à Toulouse en passant par le Canada. Une fois encore son héros s’appelle Paul, Paul Hansen. C’est la voix, le double de Dubois, une voix qui traverse tous ses romans, comme un archétype. 

Né à Toulouse, d’un père pasteur danois et d’une mère gauchiste, Paul Hansen a fait sa vie au Canada où il est gardien et homme à tout faire d'une résidence pour retraités. Désormais Hansen est en prison et c'est dans l'étroitesse de sa cellule qu'il se remémore sa vie au nord du Danemark, où il a côtoyé les pêcheurs de plies. Une autre vie que celle qu'il a connue ensuite au Canada. Là, Dubois nous mène aux portes d'un enfer méconnu, les mines d'amiante, poison mortel pour les humains et la nature. 

Un écrivain à l'accent toulousain, passionné par l'Amérique

Jean-Paul Dubois vit à Toulouse. Ancien journaliste, pour Sud-Ouest et le Nouvel Observateur, il est l'auteur d'une quinzaine de romans, dont bon nombre se situent aux  États-Unis.  Il a publié notamment, aux Éditions de l'Olivier,  L'Amérique m'inquiète (1996) et Jusque-là tout allait bien en Amérique (2002). Il avait le reçu le prix Femina et prix du roman FNAC en 2004 pour Une vie française, le prix Vialatte en 2012 pour le Cas Sneijder

En 2017, il était en lice pour le prix du Live Inter, avec La Succession.  Il préfère de loin écrire des livres plutôt que d'être dans la lumière du landernau littéraire. Cet homme discret a composé au fil du temps une oeuvre où se mêlent humour noir et mélancolie, avec des personnages plutôt doux et bienveillants. Son dernier roman est le reflet d'un monde finissant, implosant sous l'effet de sa complexité.  

"Les démocraties aujourd'hui ont élu leur propre tyran, des flibustiers, des Tony Montana", expliquait-il à Augustin Trapenard, le 30 août dernier (Boomerang sur France Inter). 

Sur le plan plus personnel, le monde crépusculaire que nous vivons, oblige à la lucidité, selon lui. Mais il cultive une philosophie de vie, où il est important d'être "propriétaire de son temps".  "Je n'ai aucune utilité, je ne crois pas à l'exemple. Le livre est une chose fragile, mais ça n'est pas un tatouage mental.  Je crois que seule la douleur est capable de nous apprendre quelque chose".  (Boomerang, 30 août 2019)

Plusieurs de ses livres ont été adaptés au cinéma : Kennedy et moi, Vous plaisantez monsieur Tanner, le Cas Sneijder, et Si ce livre pouvait me rapprocher de toi. 

Inter France


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