Les Libanais manifestent en masse leur colère contre leurs dirigeants

  20 Octobre 2019    Lu: 927
Les Libanais manifestent en masse leur colère contre leurs dirigeants

Des tirs de gaz lacrymogène ont fondu sur les manifestants vendredi soir à Beyrouth. REUTERS/Mohamed Azakir

Des milliers de Libanais se sont rassemblés samedi pour une troisième journée de manifestations contre l'incapacité d'une classe politique accusée de corruption à résoudre une crise économique endémique, un mouvement inédit depuis des années qui a paralysé le pays.

En dépit d'une intervention des forces de l'ordre pour disperser dans la nuit la foule devant le siège du gouvernement à Beyrouth et des dizaines d'arrestations, les manifestants se sont mobilisés à nouveau dans plusieurs villes du pays.

Le matin, l'armée a rouvert des autoroutes bloquées par des barricades dressées par des manifestants, qui n'ont pas tardé à en installer d'autres. Des volontaires nettoyaient le centre-ville de Beyrouth transformé en un champ de bataille.

Dans un communiqué, l'armée a appelé les manifestants à "s'exprimer de manière pacifique sans porter atteinte aux biens publics et privés". Les services de sécurité ont eux fait état de "l'arrestation de 70 personnes pour actes de sabotage, incendies et cambriolage dans le centre-ville". Mais en début d'après-midi, "tous les détenus" d'une des principales casernes de la police dans la capitale ont été relâchés, selon l'Agence nationale d'information (ANI).

Les manifestants conspuent l'ensemble des dirigeants dans leurs fiefs, les qualifiant de "voleurs" et déchirant leurs portraits. Le mouvement de contestation a gagné certains fiefs du puissant mouvement chiite du Hezbollah et de son allié Amal.

Dans une allocution télévisée samedi, le chef du parti, Hassan Nasrallah, a appelé les manifestants à la retenue.

«Message retentissant»
Vendredi, écoles, universités, banques et institutions publiques avaient fermé. Les banques sont restées fermées samedi. La veille, le premier ministre Saad Hariri a défendu les réformes qu'il veut faire adopter, en accusant des membres de sa coalition gouvernementale d'entraver ses efforts. Il leur a donné jusqu'à lundi pour se prononcer clairement en faveur des réformes, insinuant qu'il pourrait démissionner. Avant lui, le chef de la diplomatie Gebran Bassil, gendre du président Michel Aoun, a dit être opposé à une démission du gouvernement, qui pourrait "aggraver" la situation.

Tout a commencé jeudi, quand des milliers de manifestants de tous bords ont envahi de manière spontanée les rues après l'annonce de la décision du gouvernement de taxer les appels effectués via les applications de messagerie Internet comme WhatsApp. Une décision aussitôt annulée.

Le Liban s'est engagé en 2018 à engager des réformes en contrepartie de promesses de prêts et de dons d'un montant total de 11,6 milliards de dollars. Sa dette publique culmine à plus de 86 milliards de dollars, soit plus de 150% du PIB, troisième taux le plus élevé au monde. (Le Figaro, Reuters et AFP)


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