Tunisie : faible participation à la présidentielle

  16 Septembre 2019    Lu: 795
Tunisie : faible participation à la présidentielle

Seuls 45% des inscrits se sont déplacés dimanche pour la deuxième élection présidentielle depuis le renversement du régime Ben Ali en 2011. Deux candidats «anti-système», dont un en prison, ont revendiqué dans la soirée leur qualification.

Deux candidats «anti-système», dont un en prison, ont revendiqué dimanche soir leur qualification au 2e tour de la présidentielle en Tunisie, à l'issue d'un scrutin riche en suspense et marqué par une faible participation. Selon les instituts de sondage privés tunisiens Sigma Conseil et Emrhod, l'universitaire indépendant Kais Saied est arrivé en tête avec environ 19% des voix devant le publicitaire en prison Nabil Karoui, crédité de quelque 15% des suffrages. S'ils se confirment, ces résultats sont un véritable coup de tonnerre qui balaye la classe politique tunisienne au pouvoir depuis la révolution de 2011, et ouvrent une période de grande incertitude dans le pays pionnier du printemps arabe.

Les résultats officiels préliminaires ne seront annoncés que mardi par l'Isie,l'instance chargée de l'organisation du scrutin.

«C'est un jour exceptionnel pour la démocratie et pour l'histoire du pays (...) Aujourd'hui le peuple tunisien a choisi deux candidats pour le 2e tour», a déclaré M. Karoui dans une lettre lue par sa femme Salwa Smaoui, au QG de son parti Qalb Tounes.

«Nous espérons qu'il sera libéré demain et qu'il pourra mener campagne de façon équitable», a ajouté l'épouse de M. Karoui, devant une foule de partisans en liesse. M. Karoui, 56 ans, est derrière les barreaux depuis le 23 août, sous le coup d'une enquête pour blanchiment et fraude fiscale. Si sa qualification au 2e tour se confirme, il s'agira d'une situation sans précédent dans le monde.

Fondateur de la chaîne privée Nessma, il s'est construit une forte popularité en organisant des opérations caritatives dans les régions défavorisées du pays.

De son côté, l'universitaire indépendant Kais Saied, 61 ans, surnommé «Robocop» en raison de sa diction rigide et de son visage impassible, a assuré être «le premier du premier tour». «Si je suis élu président j'appliquerai mon programme», a-t-il déclaré à l'AFP, dans un petit appartement délabré du centre de Tunis, entouré d'une quinzaine de personnes ayant participé à sa campagne.

M. Saied, connu des Tunisiens pour avoir commenté la scène politique sur les plateaux de télévision depuis la révolution de 2011, n'a aucun parti pour le soutenir et n'avait jamais disputé de campagne électorale.

Selon les sondages, à prendre avec précaution, le candidat du parti d'inspiration islamiste Abdelfattah Mourou, arrive troisième avec 11 à 12%, loin devant le Premier ministre Youssef Chahed, situé entre 7 et 8%.

Sept millions de Tunisiens étaient appelés aux urnes pour le premier tour de ce scrutin, la deuxième élection présidentielle libre depuis la révolution de 2011. La participation a été de 45,02%, a indiqué l'Isie, qui a qualifié ce taux d'«acceptable». En 2014, pour la première élection présidentielle libre en Tunisie, le taux de participation avait atteint 64% au premier tour.

Le scrutin semble avoir été marqué par une désaffection des jeunes, un électorat crucial que le président de l'Isie, Nabil Baffoun, avait exhorté à se rendre aux urnes, dans une déclaration véhémente une heure avant la fin des opérations. «C'est le signe d'une désaffection très profonde, le ras-le-bol d'une classe politique qui n'a pas répondu aux attentes économiques et sociales», a déclaré à l'AFP le politologue Hamza Meddeb. «Le dégoût de la classe politique semble se traduire par un vote pour des outsiders», a-t-il ajouté, qualifiant M. Karoui comme M. Saied d'«anti-système».

Après une campagne marquée par un regain apparent d'intérêt dans l'unique pays rescapé des printemps arabes de 2011, les électeurs devaient trancher entre 26 candidats. Le nombre de concurrents, la fragmentation de la scène politique, et un sentiment croissant de rejet des «élites» ont accru l'incertitude entourant le scrutin.

AFP


Tags: Tunisie   présidentielle  


Fil d'info