L'ONU dénonce les conditions de transfert de 1600 déplacés par l'Irak

  03 Septembre 2019    Lu: 726
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L'ONU a dénoncé lundi les conditions dans lesquelles Bagdad a transféré 1600 déplacés en Irak, où les autorités cherchent à fermer au plus vite les camps au grand dam des défenseurs des droits humains, pour qui leur renvoi les met en danger.

«Le manque d'organisation et de communication avec les communautés concernées et les partenaires humanitaires sont inquiétants», estime dans un communiqué la coordinatrice des actions humanitaires de l'ONU en Irak, Marta Ruedas. Depuis une dizaine de jours, les autorités irakiennes ont entamé les transferts d'«environ 300 familles, soit 1600 personnes selon les estimations» de l'ONU, depuis différentes provinces d'Irak vers leur région d'origine, Ninive, dans le nord-ouest, où se trouve Mossoul, ancienne «capitale» autoproclamée du groupe Etat islamique (EI) en Irak.

Pour les défenseurs des droits humains, ces familles - accusées pour beaucoup d'entre elles par leur communauté d'origine d'avoir soutenu ou rejoint l'EI - risquent d'être victimes de vengeances. En outre, leurs enfants n'ont pour la plupart pas pu être enregistrés auprès de l'état-civil et ne peuvent être scolarisés ou avoir accès aux soins. Leurs transferts «se sont souvent fait à la dernière minute et visiblement sans organisation», alors que certains «auraient reçu des appels téléphoniques menaçants d'habitants de leur région d'origine les mettant en garde contre leur retour», affirme l'ONU.

«Malgré ces faits inquiétants», des agents des forces de l'ordre leur «ont confisqué leurs papiers d'identité et leur ont dit qu'ils ne leur seraient rendus qu'une fois à bord des convois», poursuit l'ONU. Ces familles, soupçonnées pour beaucoup d'être des proches de djihadistes, vivent déjà sous la menace de représailles dans les camps, rappelle l'ONU. Dimanche, «trois grenades ont été lancées depuis l'extérieur sur le camp de Bassatine» au nord de Bagdad.

Mercredi, des journalistes de l'AFP avaient vu les forces de sécurité irakiennes escorter des femmes et des enfants déplacés vers une dizaine de bus pour quitter le camp de Hammam al-Alil. Certaines avaient affirmé à l'AFP ne pas avoir d'endroit où aller car leur maison avait été détruite dans les combats entre troupes irakiennes et djihadistes.

Deux ans après que Bagdad a proclamé la victoire sur l'EI, l'Irak compte toujours plus de 1,6 million de déplacés - certains dans des camps, d'autres dans des structures temporaires ou des appartements loués dans d'autres régions d'Irak. Le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), qui gère le camp de Hammam al-Alil, avait exhorté le gouvernement irakien à redoubler les efforts pour favoriser la réconciliation dans les anciennes zones de combat. L'ONG Amnesty International avait dénoncé des retours «prématurés» et demandé aux autorités d'interrompre ces transferts. (AFP)


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