Selon HRW, la piètre qualité de l'eau est liée à la prolifération d'une algue dans le fleuve Chatt al-Arab qui traverse Bassora. Combiné à la pollution et un fort taux de salinité de l'eau, ce facteur a provoqué la crise sanitaire de l'été 2018. Pour l'ONG, «les autorités locales et fédérales ont peu fait pour remédier aux causes profondes de la situation», et la crise de l'eau pourrait se reproduire cette année.
Avec des ressources hydriques de plus en plus rares, l'impact du changement climatique, la hausse de la pollution et une mauvaise gestion de l'eau, «Bassora continuera de faire face à d'importantes pénuries d'eau et à la pollution, avec de graves conséquences si le gouvernement ne commence pas dès à présent à investir de manière ciblée dans les solutions durables qui sont urgemment requises», estime HRW.
«Si la résolution de la crise de l'eau à Bassora nécessitera une planification véritable, du temps et de l'argent, il est possible de la résoudre à condition que les autorités prennent leurs responsabilités au sérieux», estime Lama Fakih, directrice adjointe de HRW pour le Moyen-Orient. «Toute alternative serait fatale», avertit-elle.
Le rapport de HRW comporte des entretiens avec des habitants de Bassora, des experts et des responsables gouvernementaux, mais aussi l'analyse de photos satellite de Bassora. Ces images révèlent la présence de pétrole dans l'eau, mais aussi la multiplication d'algues qui, lorsqu'elles sont ingérées, peuvent provoquer des douleurs abdominales, de la fièvre, des vomissements et des diarrhées sanglantes.
Si elles n'ont pas d'eau potable, certaines familles sont parfois forcées de quitter Bassora, l'eau minérale coûtant trop cher. D'autres gardent leurs enfants à la maison, pour ne pas prendre le risque qu'ils boivent de l'eau contaminée à l'école. Les autorités doivent verser des compensations aux personnes touchées par la pollution de l'eau, lutter contre les branchements illégaux sur les canalisations d'eau, et créer un observatoire informant les habitants de la qualité de l'eau, a appelé HRW.
Si l'Irak manque généralement d'eau en raison de la sécheresse, Bassora concentre tous les maux. Les égouts s'y déversent dans des canaux à ciel ouvert qui finissent dans le Chatt al-Arab. A cela s'ajoute la pollution de l'industrie pétrolière, première pourvoyeuse de revenus et unique source de devises de l'Irak, et pétrochimique iranienne voisine.
AFP