Commerce: Pékin agite l'arme du tourisme chinois face à Trump

  05 Juin 2019    Lu: 488
Commerce: Pékin agite l

« Harcèlement », « fusillades », « vols » : la Chine a publié mardi une série de mises en garde alarmistes à destination de ses ressortissants qui se rendraient aux États-Unis, laissant entendre qu'elle pourrait jouer la carte du tourisme dans son conflit commercial avec Washington.

Les deux pays sont à couteaux tirés depuis les récentes attaques de l'administration Trump contre le géant des télécoms Huawei et le relèvement de droits de douane visant les produits chinois.

« Récemment, des fusillades, des vols et des cambriolages se sont fréquemment produits aux États-Unis », a indiqué le ministère de la Culture et du Tourisme dans un communiqué sur son site internet.

Il appelle ainsi les touristes chinois à « pleinement évaluer les risques liés à un voyage » outre-Pacifique et « à sérieusement renforcer leur sensibilisation aux questions de sécurité ».

La publication en Chine de ce genre d'avertissement visant un pays développé est peu fréquent. Elle intervient en général soit après des attentats terroristes, soit après un différend diplomatique.

Pékin avait par exemple averti ses touristes de « risques » de « détention arbitraire » au Canada, suite à l'arrestation début décembre dans ce pays d'une dirigeante du géant chinois des télécoms Huawei.

En 2017, la Chine était allée jusqu'à interdire aux agences de voyages d'envoyer des groupes de voyageurs en Corée du Sud, après des tensions avec Séoul autour d'un bouclier antimissile américain. La mesure avait durement touché l'économie sud-coréenne.

Mesure de rétorsion ?

Il reste à voir si les États-Unis pourraient faire l'objet d'une décision similaire, mais l'avertissement lancé mardi, abondamment relayé par la presse chinoise, a clairement pour objectif de faire baisser le nombre de touristes.

Au total, quelque 3 millions de Chinois ont visité l'an passé les États-Unis, où ils ont dépensé 32 milliards d'euros, selon les autorités américaines.

« Cela peut être perçu comme le résultat des frictions économiques sino-américaines » ou comme son « extension », estime Zhu Feng, doyen de l'Institut de relations internationales de l'Université de Nankin (est), interrogé par l'AFP.

Il souligne cependant qu'il serait difficile pour le gouvernement de réduire drastiquement le nombre de voyageurs aux États-Unis, car « les flux de personnes sont au final surtout dictés par le marché ».

La guerre commerciale bilatérale a repris de plus belle mi-mai, après le relèvement par le président américain Donald Trump de droits de douane sur des produits chinois représentant 200 milliards de dollars d'importations annuelles.

Elle s'est encore aggravée après la décision de Washington d'interdire aux entreprises américaines de fournir des technologies à Huawei. Une initiative qui pourrait menacer la survie même du géant mondial des téléphones, qui a un besoin crucial de composants fabriqués aux États-Unis.  

En réponse, Pékin a laissé entendre qu'il pourrait bloquer ses exportations de « terres rares », ces métaux vitaux pour l'industrie de pointe aux États-Unis.  

«Risques»

Le ministère chinois de l'Éducation avait déjà appelé lundi ses citoyens à « renforcer leur évaluation des risques » avant d'aller étudier aux États-Unis, s'émouvant de récentes restrictions et refus de visas visant des ressortissants chinois se rendant en Amérique.

Un appel intervenant dans un climat de défiance croissante aux États-Unis, les républicains ayant présenté un projet de loi au Congrès qui interdirait à toute personne liée à l'armée chinoise d'obtenir un visa d'étudiant ou de chercheur.  

Quelque 360 000 Chinois étudient actuellement aux États-Unis, d'après l'agence de presse officielle Chine nouvelle. Une manne pour les universités américaines, où les frais de scolarité sont généralement très élevés.

Dans ce cadre, le ministère des Affaires étrangères a publié mardi un autre avertissement, accusant les États-Unis d'avoir « harcelé » des citoyens chinois « à plusieurs reprises » avec des visites à domicile ou des interrogatoires aux frontières. Il a ainsi appelé ses citoyens à « renforcer leur vigilance ».

« C'est une réponse à un contexte. La Chine n'aurait pas réagi ainsi si ce n'était pas nécessaire », a souligné lors d'un point presse régulier un porte-parole du ministère, Geng Shuang, notant que les échanges touristiques et universitaires « devaient être fondés sur le respect mutuel ».

AFP


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