Yémen: le chef de la diplomatie belge pour une suspension des ventes d'armes à Ryad

  11 Mai 2019    Lu: 395
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Le chef de la diplomatie belge Didier Reynders a plaidé vendredi soir pour une suspension des ventes d'armes à l'Arabie saoudite, en raison des soupçons sur leur possible utilisation dans le conflit au Yémen.

«Je crois qu'il serait bon que l'on suspende les contrats de livraison d'armes à l'Arabie saoudite», a déclaré M. Reynders à la radio La Première (RTBF), invitant les trois régions du pays, particulièrement la Wallonie, à prendre une telle décision. En Belgique, l'attribution de licences d'exportation aux fabricants d'armes ou d'équipements militaires est une compétence de l'exécutif des régions (Flandre, Wallonie et Bruxelles).

La seule Wallonie représente en terme d'emplois environ les trois quarts du secteur belge de l'armement, et c'est dans cette région que les exportations vers Ryad, un des principaux clients, sont particulièrement sensibles. La région abrite notamment le fabricant de mitrailleuses et de fusils d'assaut FN Herstal.

Pour Didier Reynders, qui est à la fois ministre des Affaires étrangères et de la Défense dans le gouvernement fédéral, le chef de l'exécutif wallon Willy Borsus (issu du même parti libéral francophone que lui) doit suspendre les exportations vers l'Arabie saoudite en raison du conflit yéménite. «C'est prévu par les contrats», a-t-il dit. 
Et d'insister : «ça a été annoncé d'ailleurs par Willy Borsus, s'il y a des éléments démontrant effectivement l'utilisation d'armes dans un conflit en cours aujourd'hui comme au Yémen, on doit aller vers ces suspensions et je pense que le gouvernement wallon doit le faire».

Cette prise de position intervient au moment où des ONG belges s'émeuvent de la poursuite des chargements d'armes ou de munitions à Anvers (nord) par la compagnie nationale saoudienne Bahri. Le week-end dernier, avant de poursuivre sa route vers le port du Havre en France où il s'est retrouvé au coeur d'un imbroglio politico-judiciaire, le cargo Bahri Yanbu avait effectué un chargement dans le grand port belge, ont reconnu les douanes, sans en préciser la nature. 

Interrogé jeudi par l'AFP, le cabinet de Willy Borsus a assuré que la Wallonie n'avait «plus délivré aucune licence à l'Arabie Saoudite» depuis l'affaire Khashoggi, «soit le 2 octobre 2018» lors de la disparition du journaliste saoudien assassiné. Ce drame a marqué un tournant dans l'attitude de plusieurs pays exportateurs d'armes vers Ryad.

L'Arabie saoudite a pris la tête en 2015 d'une coalition militaire comprenant les Emirats arabes unis (EAU) pour soutenir le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi contre les rebelles Houthis. Ce conflit, l'une des pires crises humanitaires en cours, a entraîné la mort de dizaines de milliers de personnes. Vendredi, le cargo géant Bahri Yanbu s'est finalement mis en mouvement à destination de l'Espagne, sans s'approcher du port du Havre.


Tags: Yémen   Belgique  


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