Notre-Dame : des professionnels de la restauration s'inquiètent

  26 Avril 2019    Lu: 623
Notre-Dame : des professionnels de la restauration s

Les professionnels réunis au sein du Groupement des entreprises de restauration des monuments historiques (GMH) s'inquiètent des conséquences que pourraient avoir certaines dispositions du projet de loi présenté mercredi en conseil des ministres pour le projet de reconstruction de Notre-Dame de Paris.

Les co-présidents du GMH, Gilles de Laâge et Frédéric Létoffé, jugent "tout à fait possible" de rouvrir l'intérieur de Notre-Dame dans un délai de cinq ans, voire d'ici trois ans et demi à cinq ans, dès que les voûtes seront restaurées.

Mais la volonté affichée par le chef de l'Etat, Emmanuel Macron, de restaurer totalement ce monument emblématique ravagé par un incendie le 15 avril, notamment sa charpente et sa toiture, dans le même délai de cinq ans, "reste un pari", estiment-ils - pour Frédéric Létoffé, il faut normalement compter 10 à 15 ans pour ce type d'édifice.

"L'optimisation et la simplification administrative permettra de gagner beaucoup de temps", a cependant admis vendredi Gilles de Laâge, lors d'une conférence de presse.

C'est l'objet du projet de loi et de son article 9, qui permettent de déroger à un certain nombre de procédures et ont "le mérite de réfléchir à tout ce qui peut coincer ou ralentir", a-t-il souligné. Mais "le gros risque est d'arriver à dire qu'on peut faire n'importe quoi, là où on veut, à cet endroit-là".

"Ce qu'il faut espérer, c'est que le projet de loi soit mieux défini et mieux encadré", a-t-il ajouté. "Il faut trouver une optimisation pour Notre-Dame de Paris mais elle doit rester encadrée et raisonnable, dans le respect du monument."

Les dirigeants du GMH, qui représente 232 entreprises spécialisées, dont 94 entreprises de maçonnerie et de taille de pierre, ne cachent pas leur rejet de solutions qui feraient appel à des matériaux modernes comme un toit en titane ou une charpente en béton.

"Nous sommes des restaurateurs. Nous sommes pour une restauration de Notre-Dame à peu près à l'identique", a insisté Gilles de Laâge.

Pour l'heure, quelque 80 personnes travaillent jour et nuit pour sécuriser la cathédrale durement éprouvée par l'incendie et privée de toit, en étayant les pignons fragilisés et en mettant "hors d'eau" la voûte désormais à ciel ouvert.

Des échafaudages sont notamment mis en place pour permettre à sept ateliers de maîtres verriers de déposer les vitraux afin de faire passer des étais par les ouvertures.

Des capteurs sont également en cours d'installation un peu partout dans Notre-Dame pour voir si l'édifice bouge.

Quatre mois seront nécessaires pour achever la sécurisation du bâtiment, estiment les dirigeants de GMH. Suivront plusieurs mois d'enlèvement des gravats et de nettoyage, ajoutent ces spécialistes, selon qui la phase de diagnostic sera beaucoup plus longue - sans doute "de nombreux mois".

"C'est la phase la plus importante pour connaître l'état complet de la structure, établir un cahier des charges et un calendrier de restauration", a souligné Frédéric Létoffé. "On ne va pas brûler les étapes à ce niveau-là."

Reuters


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