Algérie: foule immense dans les rues du centre d'Alger

  20 Avril 2019    Lu: 759
  Algérie:   foule immense dans les rues du centre d

Pour la neuvième semaine consécutive, les Algériens manifestent leur mécontentement face aux institutions et aux personnalités politiques en place depuis la démission d’Abdelaziz Bouteflika, tous issus de la gouvernance de l’ancien président.

Des centaines de milliers d’Algériens sont rassemblés à Alger pour un 9e vendredi consécutif de manifestations contre la transition engagée depuis la démission du président Abdelaziz Bouteflika le 2 avril dernier. Une foule immense remplit à nouveau sur plusieurs kilomètres les rues du centre de la capitale. Des cortèges massifs sont également signalés dans le reste du pays, notamment à Oran (ouest), Constantine et Annaba (est), des villes importantes du pays, mais également dans des villes de moindre importance comme Bordj Bou Arreridj, à 150 km au sud-est d’Alger. Aucun chiffre officiel n’est communiqué ni par les autorités ni par la contestation, mais la mobilisation à Alger est comparable à celle des précédents vendredi, jugée historique par les observateurs.

«Le peuple veut qu’ils partent tous», «Barakat, ça suffit ce système», scande la foule algéroise réunie devant la Grande Poste, devenu point de ralliement depuis le début des manifestations. Les manifestants chantent également «l’Algérie Shuhada» qui signifie «l’Algérie martyr».

La police continue après neuf vendredis consécutifs d’assurer la sécurité des manifestants et du pays et aucun incident n’était relevé vendredi 19 avril après-midi.

Un scénario qui n’aurait pas pu être imaginé il y a deux mois. En effet, les manifestations étaient interdites à Alger et le scénario semblait écrit d’avance: les Algériens iraient voter le 18 avril pour réélire une cinquième fois Abdelaziz Bouteflika à la tête du pays. Mais cette perspective a poussé les Algériens dans la rue le 22 février. Depuis, ils sont des centaines de milliers à manifester à travers le pays chaque vendredi.

«Feniche, Belaiz: kif-kif»

Après Bouteflika, c’est le président du Conseil constitutionnel Tayeb Belaiz, une autre figure du régime, qui a remis sa démission au chef de l’État par intérim face à la pression de la rue. Il fait partie des personnes très proche du président démissionnaire, tout comme le premier ministre Noureddine Bedoui et le chef de l’État par intérim Abdelkader Bensalah. Son remplaçant, le magistrat Kamel Feniche apparaît aux yeux de la population comme un fidèle serviteur du «système». Pour eux «Feniche, Belaiz: kif-kif», comme l’indique un manifestant sur une pancarte ce vendredi à Alger. Lyes Adimi, un étudiant de 24 ans ajoute, «ce n’est pas par ce que Belaiz a démissionné que c’est fini. Feniche ce n’est pas mieux. À quoi le Conseil Constitutionnel a servi, à part valider la fraude du système dont il fait partie?»

Le nouveau scrutin également contesté

Après avoir refusé un scrutin pouvant réélire Abdelaziz Bouteflika, c’est le nouveau scrutin prévu pour le 4 juillet qui est contesté. Jusqu’à quand l’armée pourra-t-elle maintenir sa défense du «processus constitutionnel», s’interrogent les observateurs? «On entre désormais dans le dur» tant les positions semblent irréconciliables, a expliqué à l’AFP l’un d’eux, qui souhaite rester anonyme. Selon Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen de Genève «L’armée est convaincue que la gestion de la crise passe par des mesures d’apaisement. Elle procède de façon graduelle pour minimiser l’étendue des concessions et s’assurer de leur pertinence auprès de la contestation».

Le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée, également contesté par les Algériens en tant qu’ex-pilier du régime a souligné cette semaine que «toutes les options restent ouvertes pour trouver une solution à la crise dans les meilleurs délais». «L’armée ne tournera pas ses armes contre le peuple», affirme-t-il.

Abdelkader Bensalah a, selon la présidence entamé des rencontres «dans le cadre de la volonté de concertation», mais les «personnalités nationales» reçues semblent loin de correspondre au changement réclamé par la contestation. L’opposition a été invitée lundi prochain à une «réunion de concertation». Le quotidien arabophone El Khabar écrit, «les restes du pouvoir invitent les restes de l’opposition (...) afin de décider à la place du peuple».

AFP


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