«La philosophie de la Fondation pour le Web est que vous devez avoir un contrôle complet de vos données. Ce n’est pas du pétrole, ce n’est pas une matière première, ce n’est pas une substance», a déclaré M. Berners-Lee dans un entretien avec un petit groupe de journalistes rencontrés au Cern (organisation européenne de recherche nucléaire), le lieu de naissance du Web.
«Vous ne devriez pas pouvoir les vendre pour de l’argent. Le contrôle et l’accès aux données sont un droit», a-t-il ajouté.
Il a toutefois reconnu qu’il était difficile d’imposer une réglementation stricte dans tous les cas de figure. «Parfois, il faut une législation qui prévoie que les données personnelles, comme les données génétiques, ne soient jamais utilisées», a-t-il dit.
Il a notamment mis en garde contre un «avenir possible», un avenir dans lequel «votre navigateur garderait des traces de tout ce que vous achetez, votre navigateur conserverait aussi vos relevés bancaires», et, «alors, votre navigateur en saurait plus sur vous qu’Amazon».
«Nous ne devrions pas supposer que le monde va rester tel qu’il est», a-t-il averti, appelant les usagers du Web à défendre leurs droits et à ne pas attendre que les gouvernements le fassent.
En 1989, M. Berners-Lee avait imaginé un «système de gestion décentralisée de l’information», devenu l’acte de naissance du Web, à l’époque où il travaillait au Centre de calculs du Cern, près de Genève.
Il était chargé de l’annuaire interne du Cern, mais, en marge de son activité, il cherchait à permettre aux milliers de scientifiques dans le monde de partager à distance leurs recherches sur les travaux de l’organisation.
À l’occasion de la célébration des 30 ans du Web, M. Berners-Lee entamera «mardi une tournée de trente heures – pour les trente ans du Web», qui le conduira du Cern à Londres, puis en Afrique, a expliqué à l’AFP un porte-parole de l’organisation.
L’an dernier, trente ans après son invention, M. Berners-Lee a mis en place un «contrat pour le Web» destiné à assurer la véracité de l’information sur internet. Il a aussi créé une plateforme de développement baptisée «Solid» visant à permettre aux utilisateurs de contrôler leurs données.
Le lancement du projet doit répondre aux inquiétudes sur les ventes des données personnelles sans le consentement des usagers.
La semaine dernière, à Washington, il a déclaré que l’objectif était de «séparer les applications du stockage des données» de manière à ce que les usagers puissent décider où et comment ils pourraient partager leurs informations personnelles.
AFP
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