Oïoub Titiev, à qui le Conseil de l'Europe a décerné en octobre dernier le prix des droits de l'homme Vaclav Havel, avait été arrêté en janvier 2018, après la découverte de drogue dans sa voiture, placée selon lui à son insu. "Nous demandons de reconnaître Titiev coupable et de le condamner à 4 ans de camp et une amende de 100.000 roubles" (1.347 euros au taux de lundi)", a déclaré le procureur, cité par l'agence officielle TASS, lors de l'audience dans un tribunal de Tchétchénie, république du Caucase russe.
La semaine dernière, l'organisation Memorial a dénoncé le procès de Oïoub Titiev comme un "maillon tragique" des pressions visant à entraver son travail, jugeant l'issue jouée d'avance. En cours depuis l'été dernier, le procès arrive à son terme avec les plaidoiries lundi. Selon la défense, les poursuites contre Oïoub Titiev sont liées au fait qu'il enquêtait sur les prisons secrètes en Tchétchénie, ce qui a permis de libérer plusieurs personnes. Memorial est dans le collimateur des autorités russes depuis des années en raison notamment de son travail de mémoire sur les épisodes sanglants du passé soviétique.
L'ONG Amnesty International a affirmé aujourd'hui dans un communiqué que l'"objectif du procès d'Oïoub n'est pas la justice, mais la vengeance". "Amnesty International considère Oïoub Titiev comme un prisonnier de conscience, emprisonné uniquement en raison de son travail pour les victimes des abus des droits de l'homme en Tchétchénie", a souligné l'ONG, en appelant à sa libération "immédiate et sans condition". Les députés européens avaient également réclamé à la mi-février la libération immédiate d'Oïoub Titiev.
Le Figaro
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